D’Anvers à Istanbul, il remplit les stades avec son groupe Oscar and the Wolf. Mais Max Colombie est aussi une icône de style. Après plusieurs collabs, dont une avec Dries Van Noten, il fait ses débuts de directeur artistique pour Zalando.
Sur le plan privé, Max Colombie vit ses rêves de décoration d’intérieur les plus fous dans son château. "Au début, en raison de toute l’attention médiatique suscitée par ce château, il ne se passait pas une semaine sans que nous ne devions appeler la police."
Arborant de délicats bijoux en argent, une chemise en dentelle crème, un pantalon noir et des sneakers noirs, Max Colombie (31 ans) semble remarquablement détendu dans le bureau bruxellois de son management, qui défend également les intérêts d’une de ses amies, la DJ techno Charlotte de Witte. La pièce est tapissée de pochettes de disques de cette dernière et, dans un coin, je repère le disque d’or récompensant "Entity", premier album d’Oscar and the Wolf (2014). Mais cela ne signifie pas pour autant qu’avec son mix de dream pop et d’indie rock, le groupe ait quoi que ce soit à envier à la DJ en termes de popularité. Quand Oscar and the Wolf se produit à Istanbul, Max Colombie a besoin de gardes du corps pour tenir ses fans à distance. Il est sur le point de partir aux studios ICP de Bruxelles, où il travaille sur un nouvel album. Ses doigts bagués jouent avec une vapoteuse noire au design épuré.
Max Colombie: "C’est beau, non? Je me suis toujours dit que j’arrêterais de fumer pour me mettre à vapoter si on faisait de très belles cigarettes électroniques. Maintenant, c’est le cas!" (rires)
Enfant, étiez-vous attiré par le style?
"Quand je voyageais avec mes parents, je voulais toujours qu’ils m’achètent un collier dans les boutiques de souvenirs, de préférence avec des coquillages et des dauphins. Adolescent, j’étais l’excentrique de l’athénée: là-bas, tout le monde se promenait en polo Ralph Lauren et mes camarades de classe trouvaient bizarre que je porte des lacets de deux couleurs différentes sur mes All Stars. Heureusement, ça a changé à l’école d’art: là-bas, tout le monde portait des vêtements originaux.
Jusqu’à l’âge de 18 ans, je ne connaissais rien aux créateurs: cela n’a commencé que quand je me suis mis à faire de la musique. Quelques designers nous ont vus à l’œuvre et nous ont contactés. Le premier, c’était Dries Van Noten. En 2015, il m’a demandé de réaliser la bande-son de son défilé à Paris. Les jeunes d’aujourd’hui savent très bien ce que représente le style Balenciaga et, grâce au numérique, ils ont accès à tous les défilés de tous les créateurs possibles. J’admire l’excentricité de la jeunesse d’aujourd’hui.
"Je regarde des épisodes de la série ‘Euphoria’ pour m’en inspirer."Max Colombie
La jeunesse est aussi influencée par la série HBO "Euphoria", dont les vêtements et le maquillage sont aussi excentriques qu’esthétiques...
Moi aussi je suis obsédé par "Euphoria". Sur notre nouvel album, je retrouve le garçon que j’étais à 17 ans, l’adolescent qui connaît ses premiers émois amoureux. Au niveau de la composition, tout a commencé par un beat que nous avons entendu par hasard dans le studio d’enregistrement et dans lequel j’ai reconnu les drum loops samplés sur lesquels j’écrivais mes premières chansons quand j’étais ado. J’ai commencé à écrire sur ce beat et le "moi" de mes 17 ans a automatiquement resurgi dans mes textes. Avant de me mettre à écrire, je regarde toujours quelques compilations de scènes de la série "Euphoria" pour m’en inspirer.
"J'aime la vie"
Max Colombie est également fan de Rihanna qui, parallèlement à sa carrière musicale, dirige avec brio le label de mode et de beauté Fenty. Désormais, le Belge peut aussi se qualifier de directeur artistique, car il a conçu la nouvelle campagne publicitaire de Zalando, pour le dixième anniversaire de la boutique en ligne en Belgique. Dans le clip, on voit Max Colombie quitter une plaine de festival en compagnie de jeunes compatriotes, dont la star du rap Miss Angel. En fond sonore, on entend une cover électro du tube qui a remporté l’Eurovision en 1986, "J’aime la Vie", chanté par Sandra Kim. Sur l’image, on le voit seul sur une piste de danse, sous une tente de festival pendant la nuit.
Vous recevez souvent des demandes pour des campagnes. Qu’est-ce qui vous a poussé à accepter celle de Zalando?
Le fait que je pouvais concevoir tout le styling et que le message central de la campagne était "être soi-même". Lorsque j’étais jeune, je devais supporter que l’on me regarde de travers, mais aujourd’hui, les jeunes Belges peuvent être eux-mêmes sans se faire agresser, même visuellement.
Suivez-vous les traces de votre idole Rihanna? La prochaine étape sera-t-elle de créer une collection?
(Déterminé) Pas du tout. La musique reste ma priorité. Je me vois styliste ou directeur artistique, mais pas créateur. Glenn Martens est un créateur dont je suis proche. Nous songeons à une collaboration, mais nous devons encore définir le quoi et le comment. Le moment doit être propice.
Sur scène, vous êtes connu pour vos tenues extravagantes. Quel a été votre costume de scène le plus extrême?
Une fausse fourrure gris-blanc oversize pour le Pukkelpop 2016. Comme toutes mes tenues de scène, cette veste avait été réalisée par Elke Hoste, qui enseigne à l’Académie de la mode d’Anvers. J’ai fait sa connaissance par l’intermédiaire de Walter Van Beirendonck, qui m’a un jour contacté pour me demander s’il pouvait utiliser un de nos titres pour le défilé de fin d’études de l’Académie.
Quel est votre achat le plus coûteux?
Un costume Gucci dont je suis toujours très satisfait. Quand je flashe sur une pièce, il me la faut.
Est-ce que vous commandez des fringues sur Zalando?
Bien sûr! C’est pratique et on y trouve tout. Je n’achèterais pas un costume parfaitement coupé sur Zalando, car c’est du sur mesure. Par contre, un jogging cool, que j’accessoirise avec des bijoux, c’est aussi très classe.
Projets musicaux
Avant l’été, Oscar and the Wolf sortira un EP avec un remix de quelques titres de l’album "The Shimmer", sorti en 2021. Il travaille au nouvel album dont la date de sortie reste à déterminer. La tournée européenne, qui comportera également une date au Sportpaleis d’Anvers, est prévue à l’automne. Et, à la fin du mois, Oscar and the Wolf remplira trois grandes arènes dans autant de villes en Turquie, un pays où Max Colombie est vénéré comme un demi-dieu.
Non seulement vous, mais Charlotte de Witte et Balthazar également, êtes très populaires à Istanbul. La jeunesse turque est-elle séduite par votre belgitude musicale?
Ils pensent tous que je suis turc! (rires) Une fois, un journal a même écrit que ma mère était turque. Ce qui n’est pas vrai. Je n’ai aucune explication à ce succès en Turquie. Et même dans d’autres pays: de la Turquie, il s’est étendu à la Géorgie, puis à Tel Aviv et maintenant, à l’Égypte.
Vous êtes une icône LGBTQI+. Se pourrait-il que là où la liberté est sous conditions, comme dans la Turquie d’Erdogan, vous soyez considéré comme un symbole de liberté?
C’est possible. Le lendemain de la tentative de coup d’État, en été 2016, nous étions programmés en tête d’affiche d’un festival en Turquie. Nous avons dû reporter le concert à minuit, car les gens devaient se calmer: ils avaient renversé les clôtures pour pouvoir nous voir. L’organisateur m’a déclaré "Vous représentez tout ce qu’Erdogan n’est pas". Peu importe que ce soit en tant que LGBTQI+ ou autre, mais quand je suis monté sur scène, j’ai senti cette foule respirer à nouveau. C’était un moment super émouvant.
Vous avez acheté un château, à Kortenberg. Avez-vous été gêné par l’attention que cela a suscité?
Oui, j’ai été "stalké": il ne se passait pas une semaine sans que nous devions appeler la police. Pour finir, nous avons dû clôturer le jardin. Je dis nous, parce que j’y vis avec deux amis.
L’aménagement de ce château représente-t-il pour vous un défi créatif?
Oui, mais il faut aussi qu’il devienne un cocon sympa. Je voudrais y aménager un studio de musique. Dans ma tête, je vois un mélange entre le style de l’architecte italien Vincenzo De Cotiis (brut, marbre, moderne) et le style néoclassique du bâtiment. Je suis également allé jeter un œil chez Axel Vervoordt et Gert Voorjans.
Vous ont-ils déjà rendu visite?
Pas encore. Mais Gert Voorjans m’a déjà envoyé un message "Max, tu vas m’inviter, non?" Je pense qu’il est impatient d’y laisser libre cours à son esprit créatif! (rires)