Que choisir pour une bague de fiançailles: l’or ou le platine? Un diamant ou une autre pierre précieuse? Entretien avec quatre bijoutiers spécialisés.
Diamonds are forever. Avec ce slogan publicitaire emblématique des années 40, le diamantaire De Beers a convaincu le monde entier que les diamants sont le must absolu pour une bague de fiançailles. Après tout, l’amour rime avec toujours, non? Plus de quatre-vingt ans plus tard, dans le secteur de la bijouterie, comme ailleurs, le temps n’a pas suspendu son vol, ce qui complique peut-être encore davantage le choix d’une bague de fiançailles – un bijou qu’une femme portera le reste de sa vie, du moins il faut l’espérer.
Or ou platine, diamant (de laboratoire ou non) ou autre pierre précieuse: aujourd’hui, tout est possible! La règle, c’est qu’il n’y a plus de règles en matière de bagues de fiançailles. Il n’y a donc aucun mal à ce que les futures fiancées conseillent leur partenaire en s’attardant plus longtemps devant la vitrine d’un bijoutier, en scrollant ensemble leur page Explorer d’Instagram – y a-t-il des photos des bijoux de leurs créateurs préférés?
Porter une bague de fiançailles n’est pas si évident. Main gauche ou main droite? En général, c’est l’annulaire gauche qui l’emporte, car c’est là que, selon la tradition, se trouve la vena amoris, une veine qui relie l’annulaire gauche au cœur. Une croyance qui date de la Rome antique quand les patriciennes recevaient non pas une, mais deux bagues de fiançailles: une en or, à porter en public, et une en fer, à porter en privé.
“Beaucoup de mes clientes portent leur bague de fiançailles à la main gauche jusqu’au mariage: l’alliance remplace alors la bague de fiançailles, qui se retrouve sur la main droite”, explique le créateur de bijoux bruxellois Sergiu Lom. “Ou bien elles optent pour une alliance parfaitement assortie à leur bague de fiançailles. En fait, tout est possible.”
1 | Sergiu Lom, Esquisse Jewels
“Je suis régulièrement invité à des fêtes de mariage. Une fois, j’ai même apporté les alliances”, raconte Sergiu Lom, propriétaire et designer chez Esquisse Jewels, à Bruxelles. “Un bijou, et surtout une bague de fiançailles, est porteur d’un beau souvenir. Contribuer à la création de ces moments, c’est extraordinaire!”
Esquisse Jewels organise également des ateliers et dispose d’un service dédié aux bagues de fiançailles sur mesure. “Le processus commence par un entretien. Nous parlons de l’histoire du couple et du style de la fiancée”, détaille Lom. “Je déconseille les modèles trop originaux, car cette bague sera portée tous les jours.”
Ses créations sont délicates avec toujours une touche d’asymétrie. «Je garde toujours à l'esprit le style de la fiancée, mais j’essaie aussi d’ajouter la touche subtile d’originalité pour que chaque future fiancée s’y identifier. Nous conseillons toujours des bijoux adaptés à la vie quotidienne pour des bague de fiançailles. Je reçois le plus souvent des hommes, parfois accompagnés et conseillés par la famille proche », poursuit Sergiu Lom.
Tatoueur et designer de mobilier dans une autre vie, Lom est autodidacte. Il travaille exclusivement avec de l’or recyclé, parfois apporté par ses clients. Les pierres précieuses de sa collection sont sélectionnées par sa fiancé, Aude Solyga, Directrice de l’Ecole Royale Belge de Gemmologie et fondatrice de Solya à Bruxelles
«Trouver la pierre parfaite pour elle n'a pas été une mince affaire!», s'exclame Sergiu Lom en riant. «J’ai pu dénicher un superbe diamant hexagonal, sous lequel j'en ai placé un autre: les deux se reflètent l'un l'autre, ce qui donne un effet flocon de neige. Cela a demandé énormément de techniques auxquelles j'ai dû me former. Elle a dû attendre sa bague un peu plus longtemps (rires) mais je n'aurais pas pu la confier à quelqu'un d'autre.»
| Prix? À partir de 700 euros
| Où? Rue des Atrébates 20, à Etterbeek
| Site web? www.esquissejewels.com
2 | Jennifer Elliot, Elliot & Ostrich
Il y a trois ans, la designer Jennifer Elliot et sa partenaire commerciale, Sylvie Aerts, ont lancé la marque de bijoux Elliot & Ostrich. Leur atelier, The Nest, doit devenir un hub pour la haute joaillerie. Ce mois-ci, elles emménagent dans un nouvel espace, au cœur d’Anvers. “L’objectif est que la visite soit une expérience pour les clients, à la manière d’un dîner gastronomique, sauf que nous concevons des bijoux sur mesure”, explique Elliot. Des diamants de laboratoire aux diamants naturels, en passant par les pierres de couleur vive, toutes les pierres qu’elles proposent arborent le label éthique Kimberley Process et proviennent uniquement de fournisseurs affiliés au Responsible Jewellery Council.
Jennifer Elliot est née au Botswana, où son père était directeur financier chez De Beers, un des plus importants diamantaires au monde. Sa mère était orfèvre. Elle est arrivée en Belgique à six ans, mais l’amour du continent africain ne l’a jamais quittée. “Je ne rêvais pas de devenir créatrice de bijoux”, explique-t-elle. “Jusqu’au jour où mon ex-compagnon a demandé ma main. Avec ma mère, j’ai créé ma propre bague de fiançailles: elle a suscité tellement de réactions positives que j’ai décidé de créer ma propre ligne de bijoux.”
Elliot tient compte de la personnalité de la fiancée dans ses créations. Bien qu’elle réalise principalement des bagues pour femme, elle a déjà conçu quelques bagues de fiançailles pour homme. Comment procède-t-elle? “C’est un secret”, répond-elle. Seul indice: “J’essaie d’en savoir le plus possible sur la fiancée. Est-elle intrépide? Vit-elle dans un intérieur épuré? A-t-elle beaucoup d’assurance? Si c’est le cas, j’opte pour la coupe émeraude, une forme rectangulaire très Art déco. Un design épuré à assortir avec une pierre de couleur vive par exemple.”
| Prix? À partir de 2.150 euros avec un diamant et à partir de 1.500 euros avec une autre pierre
| Où? Raapstraat 4, à Anvers
3 | Laurence Ardies
Laurence Ardies (27 ans) est un nom relativement nouveau dans l’univers de la joaillerie. Ses créations colorées et parfois flamboyantes font cependant déjà fureur. Elle est depuis peu la plus jeune et la seule Belge reprise dans “100 Women of Jewelry”, un ouvrage de la bijoutière américaine Linda Kozloff-Turner qui présente cent créatrices de bijoux contemporaines. Pourtant, la jeune femme a failli ne jamais devenir joaillère. “À dix-huit ans, j’ai commencé à étudier l’histoire de l’art. Je voulais travailler dans des galeries d’art contemporain pour ne pas suivre les traces de ma famille”, explique-t-elle. Son arrière-grand-père était tailleur de diamants à Anvers, sa grand-mère et sa mère étaient joaillères. “J’ai grandi dans le quartier des diamantaires.”
Ce n’est qu’après ses études qu’elle ressent le besoin de créer. Elle suit une formation d’orfèvre et se lance dans la conception de bijoux. Contrairement à sa famille, elle préfère les pierres précieuses. “Elles sont beaucoup plus intéressantes: chacune a ses caractéristiques. Mon atout, c’est la combinaison des différentes couleurs et pierres.” Ardies a une petite collection permanente, mais réalise surtout des bijoux sur mesure. Reçoit-elle parfois des fiancés mal préparés? “Oui, certains ne connaissent même pas la taille de bague de leur chérie!”, s’exclame-t-elle en riant. “Heureusement, les réseaux sociaux me permettent de profiler le style de la fiancée: ses goûts, sa personnalité, sa carnation.”
“Je ne suis pas encore fiancée, mais j’ai déjà trouvé la pierre de ma bague de fiançailles. C’est un saphir padparadscha extrêmement rare de 2,73 carats: un coup de foudre.”
| Prix? À partir de 500 euros
| Où? Adresse sur rendez-vous
| Site web? www.laurenceardiesjewellery.com
4 | Tiffany & Co.
Le modèle “Toi et Moi”, un classique de la maison Tiffany & Co. avec deux diamants de taille égale, symbolise l’union de deux âmes. La bague “Halo” présente une pierre centrale entourée de brillants plus petits. La bague “Eternity” est entièrement sertie d’une ligne de diamants de même taille. La bague de fiançailles classique est synonyme de solitaire, soit une bague sertie d’un seul diamant flottant sur le dessus, créée par Charles Lewis Tiffany, fondateur de Tiffany & Co. Ce design est toujours un succès phénoménal 130 ans plus tard. C’est aussi Charles Lewis Tiffany qui a conçu le célèbre “Charles Tiffany Setting” en 1886: le diamant est maintenu dans une monture en platine par six griffes, ce qui lui donne un éclat fabuleux. Le succès est tel que cette bague est massivement copiée.
Dans la culture américaine, ce bijou est incontournable: le président Theodore Roosevelt en a offert un à sa fiancée Eleanor. Charlotte York, de la série “Sex and the City”, a également reçu cette bague dans l’iconique boîte bleue ciel. Il y a deux ans, Tiffany & Co. a lancé une bague de fiançailles pour homme: un modèle plus costaud avec un gros diamant (on peut choisir le style de taille) enchâssé dans une bague en platine ou en titane.
| Prix? À partir de 2.100 euros la bague femme et 21.100 euros la bague homme
| Où? Boulevard de Waterloo 66, à Bruxelles
| Site web? www.tiffany.fr