Le film 'Barbie' vient de sortir sur grand écran. L'occasion d'un retour aux années 1960, lors de la création de la poupée mythique, avec le photographe américain David Parise.
Vingt-neuf centimètres de haut, une plastique aussi désirée que décriée, des cheveux blonds et une garde-robe à faire pâlir de jalousie toutes les fashionistas: à 64 ans, Barbie n’a pas pris une ride. Star elle était, star elle est restée: aucune "poupée" n’est plus célèbre qu’elle. Et sa popularité va continuer à croître: l’actrice Margot Robbie incarne la mythique Barbie dans le film du même nom, réalisé par Greta Gerwig, en salles le 19 juillet. Il se murmure que le film aurait causé une pénurie de peinture rose. Et, plus particulièrement, celle de la couleur rose fluo de la marque Rosco, spécialisée dans les décors de cinéma.
Bimbo et Intello
Pourtant, Barbie n’a pas toujours été rose fluo. Elle naît en 1959, quand Ruth Handler, épouse du fondateur de la société de jouets Mattel, Elliot Handler, remarque que Barbara, sa fille, joue encore avec des poupons. À l’époque, cela n’avait pourtant rien d’étonnant vu qu’aucune poupée n’avait l’allure d’une mini-adulte. Lors d’un voyage en Allemagne, l’Américaine repère une poupée adulte inspirée d’une bande dessinée, Bild Lilli. Rentrée aux USA, Ruth Handler convainc son époux de concevoir une poupée adulte. Elle sera prénommée Barbie, le surnom de leur fille Barbara.
La première poupée Barbie est présentée cette année-là à New York, dans une version cultissime aujourd’hui, portant un maillot de bain une pièce à imprimé zébré et des lunettes de soleil blanches. Le succès est instantané, fulgurant même. 350.000 exemplaires s’écoulent la première année. And the rest is history.
Barbie rencontre son boyfriend, Ken (pas de jaloux: c’est le prénom du fils Handler), se fait des copines - Midge, Christie, Teresa - et vit sa vie. Elle devient un phénomène culturel, enchaîne les tenues à la pointe de la mode, décline les ethnies et rend hommage aux femmes de son époque en incarnant Twiggy, Frida Kahlo ou J.K. Rowling. Le temps passant, elle devient un symbole féministe en pratiquant toutes les professions (pas moins de 200!): Barbie astronaute, Barbie gymnaste, Barbie pompier, Barbie business woman, Barbie vice-présidente des États-Unis. You name it, she’s done it.
eBay & Miami Beach
C’est la Barbie des années 60 qui a tapé dans l’œil de David Parise (70 ans), basé à New Paltz, New York. Ses photos ont fait le tour du monde: il immortalise Barbie, Ken et les autres à la plage, à la piscine, en vacances en Italie, en manifestants devant le Congrès à Washington… Mais toujours avec une pointe de dérision. "J’utilise une bonne dose d’humour dans mes séries, même si beaucoup de gens pensent que j’essaye de faire passer un message fort, une certaine critique sociale. Il n’en est rien: c’est bien trop sérieux et réfléchi pour moi. Je me suis simplement amusé à créer des histoires qui rappelaient l’époque à laquelle j’avais grandi."
"J’ai une quarantaine de Barbies, mais ce n’est pas une collection: d’ailleurs, elles ne sont pas dans une vitrine."David Parise
Ce qui était un hobby au départ devient un full time job. "Je suis diplômé en marketing et en pédagogie. Je n’ai pas suivi de formation en photographie, mais je photographie depuis l’âge de 11 ans, quand on m’a offert un appareil Brownie. J’ai toujours voulu photographier des personnages miniatures. J’avais déjà croisé, observé et admiré les travaux d’autres photographes et cela m’avait chaque fois fait sourire. En 2009, mon épouse m’a traîné dans une librairie à Miami Beach. Je suis tombé sur un énorme livre rose présentant une rétrospective complète de la poupée Barbie, qui fêtait cette année-là son cinquantième anniversaire. En le feuilletant, je me suis d’abord dit que Barbie ne m’intéressait pas du tout. Et puis, je suis arrivé au chapitre consacré aux poupées du début des années 60. Et là, ça a été le déclic. Une révélation."
Beach Limbo
David Parise observe alors tous les moindres détails, la qualité des tenues, la minutie des mises en scène des premières poupées. Il s’étonne aussi de les découvrir plus grandes que dans son imaginaire. Il s’imagine déjà chiner des anciennes poupées (merci eBay), leurs superbes fringues années 60, et les photographier avec Miami Beach et ses hôtels Art déco en toile de fond. "Sur eBay, tout était là! Je n’ai pas attendu pour commencer à photographier, ma première photo porte d’ailleurs le nom de ‘Beach Limbo’. Je me suis directement inspiré du glamour des années 60, mais aussi des souvenirs que j’avais gardés."
"Mon imagination a ensuite pris le dessus, je ne me suis plus arrêté. J’ai beau posséder 40 poupées, ce n’est pas non plus une ‘collection’. Elles ne sont pas rangées, immaculées, sur des étagères. Les miennes plongent dans l’eau ou se dorent la pilule au soleil. D’ailleurs, certains shoots ne me prennent que 10 minutes, d’autres des heures. Un jour, une galerie à Southampton dans l’État de New York, est venue me chercher alors que l’économie était chancelante. Les propriétaires passaient leur vacances d’hiver à Miami, quand ils m’ont repéré sur un marché du dimanche où je vendais quelques photos. Ils ont pensé que mes photos colleraient parfaitement à la déco de leur maison dans les Hamptons. Ils ont ensuite décidé de vendre mes photos dans leur galerie, et puis quand la conjoncture a été meilleure ils ont repris ce qu’ils vendaient mieux, à savoir Roy Lichtenstein, Alex Katz et Ross Bleckner."
"Aujourd’hui, je vends la majorité de mon travail à travers mon site et à New York. Et puis grâce à Instagram et à quelques influenceurs, je suis devenu photographe entrepreneur à temps plein. Avec plus de 440 clichés aujourd’hui, IRL ou en studio, j’alimente encore cette série par de nouvelles histoires. Barbie m’inspire continuellement et je tiens à garder mes clichés abordables. It’s just fun art to make people smile.
- www.barbieandkenphotos.com | Insta: @vintagebarbieandken
- Pour acheter une œuvre de David Parise depuis la Belgique (30 à 350 dollars pièce): www.barbieandkenphotos.pixels.com
- 'Barbie', de Greta Gerwig, en salles depuis le 19 juillet.