Dans certaines familles, on fêtera deux papas ce dimanche. Avec "Dads", le photographe belge Bart Heynen a réalisé un livre de photos captivant sur les pères homosexuels et leurs enfants.
Bart Heynen se souvient: "Tous les shootings commençaient avec des pères qui prenaient leurs enfants dans leurs bras en souriant. Ensuite, ils se mettaient à jouer, mais au bout de deux heures, ils en avaient assez. C’est alors seulement qu’il devenait amusant -et intéressant- de les photographier." Les photos du photographe belge sont émouvantes. Elles peuvent laisser fleurir un sourire sur votre visage, elles font réfléchir, mais elles ne laissent pas indifférent.
Il y a dix ans, il est parti à New York, car son époux devait s’y installer pour son travail et ils avaient dû décider si leurs enfants seraient scolarisés en Belgique ou aux États-Unis. Six ans plus tard, pile le jour où Hillary Clinton a prononcé son "concession speech", il commençait à travailler sur "Dads".
Les photos ont été prises pendant l’administration Trump et constituent, selon Heynen, un triomphe pour les familles gay. Depuis que le mariage entre personnes de même sexe est devenu légal aux États-Unis, en 2015, un véritable baby-boom s’est produit dans la communauté homosexuelle, explique-t-il.
Bart Heynen, gay dad de deux enfants, avait remarqué que ses enfants revenaient souvent de l’école avec des questions comme "Mes copains m’ont demandé où était ma maman?", alors qu’ils connaissaient très bien l’histoire de leur naissance. "Une question logique, car ils sont les seuls de l’école à avoir deux papas. J’ai alors pensé qu’il était temps qu’ils rencontrent d’autres 'gay fathers'. C’est pourquoi je les ai emmenés aux prises de vues. 'Who’s the daddy and who’s the papa?' me demandait mon fils: c’est ainsi qu’il nous voit." (rires)
Le photographe considère ces pères comme des pionniers. "Je me sens très bien accepté en tant que père, les écoles sont très ouvertes à ce sujet à New York, mais, dans le Midwest, c’est une autre histoire. C’est pourquoi j’ai fait un shooting dans l’Utah."
Trouver des pères gays n’a pas été si difficile: "Le fait d’être un père gay a aidé, bien sûr. La confiance a été établie directement et mes enfants ont contribué à briser la glace. J’ai voulu un panel très diversifié, tant en termes de race que d’âge et de revenus. Et je voulais mettre en scène des enfants de tous âges, de bébé à adulte."
Répartition équitable des tâches
Les pères gays sont-ils différents des pères hétéros? Maintenant qu’il en a rencontré autant, il doit bien le savoir... "Eh bien, il y a souvent une répartition équitable des tâches, parce que, généralement, aucun des deux papas n’est meilleur que l’autre en quoi que ce soit, contrairement aux couples homme-femme. Prenez la photo du couple qui nourrit ses jumeaux: tout était synchronisé! Il y a certainement des différences entre les pères gays et hétéros, mais ce n’est certainement ni mieux ni pire."
Veut-il faire une déclaration avec ce livre? "Absolument: je veux montrer que chacun, quelle que soit son orientation sexuelle, a le droit de fonder une famille. Je voulais aussi faire des portraits intimes, pour montrer ce qui n’est pas visible autrement. Pas les moments exceptionnels, mais les petits moments de tous les jours. Autrement dit, pas de père en tutu qui danse avec ses enfants. Il devait s’agir de montrer l’amour qu’ils éprouvent pour leurs enfants."
Le titre provisoire de son livre était "Gay Dads", mais l’éditeur a préféré "Dads". "Rétrospectivement, j’en suis très heureux, car au bout du compte, nous sommes tous des pères. La paternité est indépendante de la sexualité et c’est ce qui la rend si belle: il n’y a aucune différence entre les parents gays et les parents hétéros: tous, nous aimons nos enfants."