Le photographe Max Pinckers devait partir au Kenya, mais il a dû rester en Belgique à cause de la pandémie. Il s'est alors mis à travailler sur de nouveaux thèmes "comme les algorithmes et l’intelligence artificielle dans la production d’images".
Le photographe Max Pinckers devait partir au Kenya, mais il a dû rester en Belgique à cause de la pandémie. Il s'est alors mis à travailler sur de nouveaux thèmes "comme les algorithmes et l’intelligence artificielle dans la production d’images".
© Alexander D'Hiet

Max Pinckers: "Sur ce cadeau j'ai rédigé mon doctorat"

Le photographe Max Pinckers nous parle de ce qui le fait se lever de sa chaise: le canular Vivian Maier, ses années de doctorat et l’impossibilité d’aller au Kenya. 

Quelle est votre chaise préférée?

Comme je n’ai pas vraiment de chaise préférée, j’en choisis une qui compte pour moi: cette chaise design, cadeau d’un ami parti s’installer à Berlin, sur laquelle j’ai rédigé mon doctorat, entre 2015 et 2021. Ce doctorat m’a donné la liberté et le soutien nécessaires pour me consacrer à un seul sujet et m’a permis d’établir des contacts avec des universitaires et des chercheurs. Et j’ai appris ce que c’est qu’enseigner.

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Qui aurait sa place au dîner de vos rêves?

Le documentariste britannique Adam Curtis. En tant que journaliste de la BBC, il avait accès à toutes sortes d’archives d’images. Il a monté ce matériel de manière très poétique pour en faire des docus sur la politique et les rapports de pouvoir. "The Century of the Self" traite de la montée du capitalisme et des pratiques de relations publiques, en lien avec la psychanalyse. Hautement recommandé.

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© Alexander D'Hiet

Êtes-vous capable de rester assis?

Je préfère le travail non sédentaire, mais c’est, hélas, mon quotidien depuis deux ans. J’avais prévu d’aller au Kenya pour mon projet "Unhistories", mais à cause de la pandémie, je n’ai pratiquement pas pu voyager. Quand je veux me plonger dans un sujet, je préfère rester au même endroit pendant quelques mois. En restant en Belgique, je me suis mis à travailler sur de nouveaux thèmes, comme les algorithmes et l’intelligence artificielle dans la production d’images.

Quand êtes-vous tombé de votre chaise pour la dernière fois?

Quand j’ai découvert que le mythe entourant la photographe Vivian Maier avait été créé par l’artiste conceptuel espagnol Joan Fontcuberta. Le conte de fées est connu: un an après sa mort, une boîte de négatifs est découverte dans une salle de vente de Chicago. La photographie de rue de cette inconnue (qui exerçait le métier de nanny) s’est avérée d’une qualité telle que cette découverte et l’histoire qui l’accompagne ont fait le tour du monde.

C’est alors que Fontcuberta fait une révélation: c’est lui qui a créé le mythe Maier, basé sur l’histoire de Mary Poppins. Un coup de maître qui s’inscrit dans son œuvre, consacrée au caractère mensonger des images. Dans le monde de l’art, il existe peu d’écrits sur cette affaire. Ce projet illustre également à quel point nous aimons les histoires bien construites et combien nous sommes parfois peu critiques à leur égard.

Sur quelle chaise aimeriez-vous vous asseoir?

Je réalise que j’aime porter différentes casquettes, ce qu’illustre mon exposition au FOMU: photojournaliste, chercheur, détective, photographe documentaire, scénariste ou réalisateur. Je mêle réalité et fiction pour soulever des questions sur la production et la consommation d’informations visuelles.

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