Un seul et même vélo pour faire de la rando, du tout terrain et de la route? Oui, cela existe. C'est le gravel bike, un concept qui a fait mouche en un rien de temps.
S’il est un secteur qui semble tirer son épingle du jeu en cette période de crise sanitaire, c’est celui du vélo. Le confinement a rendu l’exercice en plein air plus attrayant que jamais. Et quand faire du sport est le seul déplacement non essentiel autorisé, mieux vaut que le vélo que l’on enfourche soit à la hauteur. Avec ou sans masque.
Le gravel bike est idéal pour explorer les petits chemins, et pas seulement pour la vue: on est au cœur de la nature.
Tant en Belgique qu'ailleurs dans le monde, la demande de vélos a explosé ces derniers mois engendrant des pénuries. Les délais d’attente sont passés à plusieurs semaines, alors que la saison estivale a été particulièrement propice au cyclisme. Ils étaient nombreux à piaffer d'impatience pour partir à la découverte des plus beaux coins du pays le nez au vent.
Le gravel bike
Le gravel bike ressemble à un vélo de course, notamment à cause de son guidon courbe. Par contre, ses pneus sont plus épais et sa conception un peu moins aérodynamique et plus confortable. D'après les amateurs, ce type de vélo réunit le meilleur des deux mondes.
D’une part, le monde du vélo de course, alors que le gravel bike est conçu pour la grande vitesse sur asphalte. Et, l’autre monde, celui du VTT, avec un vélo équipé également pour les chemins caillouteux, les descentes abruptes, les racines d’arbres et les rochers anguleux.
Bref, le gravel bike a tout d'un compromis séduisant: il convient au gravier, à l’herbe, au sable et au sol forestier, tout en étant confortable et suffisamment rapide sur les routes asphaltées. Le deux-roues rêvé pour les cyclistes en quête de calme et de tranquillité. En cette période étrange, c’est tout vu: mon gravel bike, c’est ma liberté!
Origines
Même si le gravel bike n’est pas tombé du ciel avec la pandémie, ses origines ne sont pas très anciennes. La toute première "gravel ride" officielle de Belgique (le Dirty Boar, parce qu’on se salit "parmi les sangliers") s’est déroulée dans les Hautes Fagnes en 2017, à l’initiative de trois amis de Louvain qui avaient participé au Dirty Reiver en Angleterre.
Le gravel biking est arrivé d’Amérique. Les "gravel trails" sont très populaires dans le Midwest depuis plus de dix ans. Le premier "vrai" gravel bike à être commercialisé, en 2013, était directement lié à la nécessité de disposer d’un meilleur équipement pour ce type de balades. Il a été testé et perfectionné sur les routes poussiéreuses de la "Dirty Kanza" dans les Flint Hills des environs d’Emporia, dans le Kansas.
Ensuite, tout est allé très vite: les grandes marques ont embrayé avec leurs propres séries de gravel bikes et les cyclistes se sont facilement laissés convaincre. Au Wheelpalace, à Audenarde, au cœur des Ardennes flamandes, Lieven a vendu son premier gravel bike en 2018. Aujourd’hui, les gravel bikes représentent environ un quart de l’assortiment et du chiffre d’affaires de son magasin.
Hors des sentiers battus
Le gravel biking est plus ancien que le vélo qui porte son nom. La pratique du tout-terrain répond à une volonté de s’écarter des sentiers battus. Les uns le faisaient sur un vélo de course (avec un pneu crevé de temps en temps), les autres sur un VTT (plus lent). Puis, il y avait ceux qui roulaient sur un vélo de cross, qui ressemble plus au gravel bike, mais est davantage conçu pour la vitesse et les courtes distances. C’est pourquoi, il était inévitable que le gravel biking devienne tendance en un rien de temps. Une bonne affaire aussi.
Dans leur volonté de séduire de nouveaux marchés, les fabricants de gravel bikes boostent les dernières évolutions technologiques dans l’industrie du vélo. Les prix varient entre 1.000 et 10.000 euros, mais, à terme, ils pourraient baisser un peu. Car, bien plus qu’une simple mode, les gravel bikes semblent être là pour rester.
Et il n’est pas nécessaire d’avoir un équipement spectaculaire ni d’aligner des performances de champion sur l’appli Strava, car le gravel biking est lié à une culture un peu différente de celle du cyclotourisme "classique". Le plaisir est plus important que la performance et la beauté prime sur l’efficacité.
Bikepacking
La plupart des "gravel events" ne sont pas des courses, mais des sorties en groupe. Certains pionniers vantent sur leurs blogs les paysages tranquilles traversés lors de leurs randos et les repas rustiques qu'ils ont partagés après l'effort. Rien à voir avec le monde des sportifs qui se déchaînent sur leur vélo de course.
Enfin, ce qui donne au gravel bike une longueur d’avance pour explorer le vaste monde, c’est qu’il se prête à une autre tendance: le bikepacking, soit voyager plusieurs jours à vélo avec un équipement léger.
L’année dernière, les cyclistes professionnels Thomas De Gendt et Tim Wellens sont rentrés d’Italie après leur dernière course en faisant du bikepacking. De plus en plus d’amateurs les imitent et font ce genre de voyages, en empruntant des petits chemins peu explorés. L’important c’est la découverte, pas la vitesse.