L’actrice Kim Hertogs nous parle de vélo, et ça donne envie d’en faire...
Enfant, l’actrice et metteuse en scène flamande Kim Hertogs adorait l’équitation. Adulte, elle a découvert le surf. Puis, elle a craqué pour le vélo. Elle nous en parle avec passion.
Le dimanche, dans sa petite maison ouvrière de Boom, mon arrière-grand-mère Charline avait l’habitude de s’asseoir devant sa télé pour invectiver les coureurs. Rien ne pouvait la distraire. Les autres membres de la famille se préoccupaient du café ou des conversations qui se déroulaient silencieusement, pendant que mémé encourageait bruyamment le coureur X ou Y. J’ai hérité de cet amour de la course. Enfant, j’adorais l’équitation de compétition. Je m’entraînais quotidiennement, et par tous les temps, pour participer à des compétitions dans tout le pays. Ensuite, j’ai découvert le surf. Un monde merveilleux s’est ouvert à moi et ma vie s’est organisée autour de ce hobby, qui m’a envoyée aux quatre coins du monde.
L’effort physique couplé à la découverte de la nature est addictif, mais aussi thérapeutique. Cela me permet de dépasser mes limites, d’évoluer, d’apprendre, d’explorer de nouveaux horizons. Tant en moi-même qu’à l’extérieur.
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Je suis une esthète. J’aime la beauté et je la recherche partout. J’aime aussi faire de l’exercice, être en forme. Je considère que prendre soin de mon corps est un cadeau que je me fais. Cela fait de moi une personne plus heureuse et je suis convaincue que ma vie est plus qualitative si elle compte suffisamment de mouvement.
La combinaison de ma prédilection pour la beauté et de mon amour du mouvement me pousse à sortir de chez moi. Comme il n’est malheureusement pas possible de pratiquer quotidiennement le surf en Belgique, j’ai cherché des alternatives permettant de faire régulièrement du sport dans la nature. C’est là que le cyclisme est entré dans ma vie.
Pendant l’été 2020 (que, pour des raisons évidentes, nous avons principalement passé à l’extérieur), mon chéri a suggéré d’emporter nos vélos en voyage de surf. J’ai d’abord essayé de le suivre avec mon vélo de course Eddy Merckx vintage, mais il s’est très vite avéré que ni ma condition physique ni les engrenages de cette pièce de musée n’étaient aptes à affronter les dénivelés de l’arrière-pays breton.
Pas une seconde de regret
Comme je suis convaincue que, dans le sport, c’est la condition physique (et non l’équipement) qui est le maillon faible, j’ai décidé d’investir dans un gravel bike de qualité supérieure, ce qui me permet de sortir des sentiers battus.
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C’est vrai, l’image idyllique présentée sur les photos est vite oubliée lorsque le vent est fort, ou sur des collines. Et encore plus si on combine les deux. Essayer de gravir des côtes alors qu’on n’a ni les muscles ni l’endurance nécessaires, c’est l’enfer. Et dans la dure réalité, chaque kilomètre est synonyme de pédalage. À vélo, il n’y a pas de raccourci pour avoir une bonne condition physique: il faut avaler des kilomètres.
Très vite, j’ai constaté qu’outre un bon vélo, un cuissard n’est pas un luxe superflu. L’effet sur les organes génitaux féminins d’une longue période sur une selle de course est encore un tabou. Au départ, je ne voulais pas investir dans tous ces accessoires cyclistes, mais une chose en a entraîné une autre et chaque saison a ses exigences en termes d’équipement. On commence par un cuissard long, suit un T-shirt en mérinos à manches longues et puis, un autre à manches courtes: c’est sans fin...
Entretemps, j’ai suffisamment de kilomètres à mon actif pour savoir qu’un bon équipement est rentable, qu’il s’agisse de chaussures adaptées aux pédales automatiques, de chaussettes, de maillots de corps, de gants, de lunettes de soleil ou d’un GPS pour vélo.
"Durant le dernier quart d’une randonnée à vélo, j’ai des ailes!"
Kim Hertogs
Actrice et metteuse en scène
Petite flamme
Au départ, je me suis lancée dans ce nouveau hobby avec une légère réticence; je refusais de participer à des randonnées de plus de 30 kilomètres. Et puis, l’été dernier, le déclic s’est produit lorsqu’on m’a demandé si je voulais participer à une sortie de gravel bike de 100 kilomètres. Là, j’ai senti une petite flamme s’allumer en moi: l’envie de repousser mes limites était née.
Dès que mon regard est rivé sur un point plus éloigné dans le futur, je parviens, l’espace d’un instant, à ignorer la réalité: persévérer lorsqu’on n’en peut vraiment plus, affronter une longue route venteuse alors que l’on vient à peine de commencer une randonnée à vélo qui représente trois fois la distance la plus longue qu’on a parcourue jusqu’ici. "Keep your eyes on the prize, hold on!", voilà ce qui m’aide aussi à penser par tronçons de 10 kilomètres. Tant que nous n’avons pas encore fait plus de la moitié du chemin, je préfère vivre dans l’ignorance de la distance totale. Contrairement au surf, le cyclisme ne permet pas de faire une pause entre deux kilomètres. Plus exactement, on peut ralentir ou même s’arrêter, mais cela ne fait que reporter la fin du trajet.
Ensuite, durant le dernier quart d’une randonnée à vélo, j’ai des ailes! Je ne pédale plus, je vole. La fierté et la satisfaction augmentent. Les hormones du bonheur sont libérées et me font oublier tous mes efforts. L’euphorie d’avoir tout de même réalisé l’impensable l’emporte sur les inconvénients. Et pour la randonnée suivante, je pars avec une combattivité nouvelle, le regard rivé sur l’infini, sans penser aux douleurs, aux maux, à la fatigue ou à l’échec. Une nouvelle addiction est née.
Pour les Belges, le vélo est un sujet sensible. Tout le monde en fait, beaucoup ont une opinion à ce sujet et nombreux sont ceux qui sont suivis sur Strava et d’autres réseaux sociaux sportifs. En tant que femme, poster une photo au sujet du cyclisme sur les réseaux sociaux ouvre la porte du royaume des mansplainers. Avis non sollicités, commentaires, conseils bien intentionnés et anecdotes: ça y va!
Bien entendu, ces hommes projettent sur moi leurs propres désirs et ambitions, alors que je me fiche éperdument de ce que les autres pensent de ma condition physique, de mon vélo ou de mes randonnées. Je n’ai pas davantage besoin de comparer le nombre de kilomètres, les watts développés ou les mètres de dénivelé. Pour moi, il faut que ce soit agréable. Si le cadre est superbe et la compagnie sympa, je suis contente.
À mon avis, le pouvoir de connexion constitue un des plus beaux atouts de la pratique collective du sport. Sans se parler, on passe par les mêmes stades de développement physique. Le corps parle plus fort que l’esprit et vivre cette expérience commune rapproche des personnes de tous horizons. Si l’on ajoute à cela le pouvoir de la nature, un tiers incontournable dans l’histoire, on arrive à une expérience partagée, presque métaphysique et difficilement exprimable par des mots. "Only cyclists know why": j’ai piqué cet adage à mon autre passion, le surf, pour laquelle chercher des vagues et les partager peut aussi être une expérience mystique.
C’est ainsi que, plusieurs décennies après sa mort, je me sens reconnectée avec mon arrière-grand-mère Charline. Elle serait sans doute fière si elle me voyait aujourd’hui suer sur ces 100 kilomètres de gravel ride. En pensée, je peux l’entendre m’encourager - et m’invectiver!
Ride my bicycle
Modèle sur Insta J’aime suivre des personnes qui, outre le cyclisme, partagent d’autres passions. @samisauri est une excellente cycliste qui pratique aussi le surf, le patinage, le ski et l’équitation. L’aventure ne lui fait pas peur: elle a fait du vélo en Islande et dans le désert africain. Elle réalise de superbes photos et a une prédilection pour les paysages grandioses.
Coup de cœur La marque de vêtements Rapha, pour sa qualité, ses designs élégants et son engagement en faveur de la diversité dans le sport. Rapha signe des campagnes audacieuses et soutient des défis loufoques, comme celui de Lachlan Morton qui, l’année dernière, a parcouru la totalité des étapes et des transferts du Tour de France en seulement 18 jours sous le hashtag #thealttour.
Hashtag tech J’utilise Komoot pour rechercher des itinéraires. Je peux ensuite les modifier, les télécharger et les installer sur mon GPS Garmin. Je suis quelques amis sur Strava et si je vois que quelqu’un a fait un chouette itinéraire, je lui demande de me l’envoyer pour que je puisse l’essayer. On se retrouve ainsi dans les endroits les plus incroyables et les plus pittoresques: au moins vingt fois par randonnée, je reste bouche bée devant tant de beauté. Récemment, je suis allée faire du vélo en petit groupe près de Heverlee et nous avons traversé l’arborétum du bois d’Heverlee. C’était merveilleux! Il y a tellement d’essences spéciales et on peut y pédaler à l’infini.
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Sur sa wish-list Un jour, quand j’aurai un peu plus d’expérience, j’aimerais faire un bikepacking trip. Voyager à vélo pendant un certain temps en n’emportant que le strict minimum. Et, de préférence, dans un environnement somptueux, avec quelques lacs pour se rafraîchir après une longue étape et un minimum de dénivelé. Pour planifier ce genre de voyage, je m’inspire de @sistersinthewildeu.
Le 18 octobre se déroulera le mondial "Women’s 100", une course de 100 kilomètres à l’occasion des 10 ans du cyclisme féminin qui passe par Amsterdam, Berlin, Copenhagen et Londres. Les progrès de Kim Hertogs sont à suivre sur @kimhertogs.