Toutes ses voitures portent un nom: Little Woodpecker, Bang Bang, New Yorker... Sa préférée? Cupido, une Chevrolet Suburban avec un Big Block de 6,2 litres. Voici la collection de Franky Buysse.
“La restauration de Bianca n’a pas été une mince affaire.” Elle laisse un vide dans le garage de Franky Buysse (55 ans). “Bianca était une Chrysler New Yorker Hardtop (1962). Elle était superbe: elle attirait tous les regards. Je l’ai vendue à un copain, dont l’épouse s’appelle Bianca.” Oui, Franky Buysse aime tellement ses voitures qu’il leur donne un petit nom.
“Mon amour des classiques a commencé il y a 36 ans, avec une Coccinelle que j’avais achetée à un fermier”, explique-t-il. “Mes potes rigolaient: ils étaient habitués à me voir au volant de belles voitures. Ensuite, j’ai eu trois Opel Manta A et une Opel Commodore Coupé: ces voitures du constructeur GM m’ont incité à me tourner vers les voitures américaines.”
La collection de Franky Buysse
- La première | Renault R5 TL (1978). “J’avais dix-huit ans. Lors d’une sortie, un copain lui était rentré dedans au volant de sa golf.”
- La meilleure | “Impossible de choisir.”
- La pire | Alfa Romeo Alfasud (1980). “Une fois, je suis tombé en panne dans le tunnel Kennedy: j’ai dû rentrer chez moi en première par les petites routes.”
- Vendue avec regret | “Il y en a tellement! Je vais probablement aussi regretter la New Yorker.”
- Le rêve | Une Chrysler C-300 de 1955, l’année de son lancement.
“Celle-ci s’appelle Little Woodpecker!”, ajoute-t-il en me montrant la GMC Pickup Sierra Classic (1984) – la version haut de gamme, dotée d’une longue plateforme de chargement. “La GMC était identique à une Chevrolet, mais plus luxueuse, car elle avait la climatisation, les vitres électriques et même un régulateur de vitesse. Je l’ai depuis quatre ans. Elle a été importée des États-Unis aux Pays-Bas. Sur le plan mécanique, j’ai tout fait remplacer. Elle présente différentes nuances de rouge et quelques griffes: c’est la patine. Je suis un perfectionniste, mais tout le monde me dit de ne pas y toucher alors j’ai juste éliminé le peu de rouille et remplacé les sièges. Quant aux roues de vingt pouces, je les ai fait fabriquer spécialement. Les roues ont toujours été un point important pour moi: ma véranda en était pleine. Mon père disait que ça ressemblait à un magasin de déstockage.”
La porte affiche Belgian Brothers. “À l’époque, je m’étais mis à fabriquer des pneus White Wall, avec des inscriptions personnalisées”, explique Buysse. “Le résultat n’était pas parfait, mais, aux États-Unis, j’ai trouvé une entreprise spécialisée, dont la filiale belge s’appelle Belgian Brothers. D’ailleurs, saviez-vous que les premiers pneus de voiture étaient en caoutchouc naturel blanc? Pour améliorer leur adhérence, on y a ajouté de la suie. Dans un premier temps, uniquement sur la surface, mais ensuite, sur tout le pneu.”
Pour le moment, et temporairement, c’est sa voiture de tous les jours. “Elle consomme dix-huit litres de gaz: en termes de coûts, ça équivaut à plus de six litres d’essence. J’ai récemment mis Cupido, ma Chevrolet Suburban (2010), en vente sur internet pour voir si elle trouvait preneur: elle a directement été vendue! J’aurais dû demander 5.000 euros de plus. Les prix des voitures d’occasion s’envolent! Maintenant, je cherche une autre voiture, mais quelque chose de spécial.”
“Opie Moparian” est écrit sur le pneu. “C’est mon pseudo sur Facebook!”, me confie Buysse en riant. “Mopar est la marque de pièces de rechange pour Chrysler et Dodge, entre autres.”
Bang Bang est une merveilleuse Chrysler Newport Custom Coupé en exécution de luxe. “Elle a été construite l’année de ma naissance, en 1967. Pour je ne sais quelle raison, c’est une année spéciale, car les voitures sont plus chères, même une Coccinelle. Par un effet du hasard, plein de choses se sont passées cette année-là: des éditions spéciales, des nouveaux modèles d’avant-garde: oui, 1967 est un millésime particulier.”
Il me montre que Bang Bang est également équipée de pneus personnalisés. “Quand je l’ai vue pour la première fois, il y a neuf ans, j’ai tout de suite senti que c’était la bonne! Il y avait des bulles sur la carrosserie et le son du moteur n’était pas très bon, mais il me la fallait absolument. Ensuite, j’ai dépensé des dizaines de milliers d’euros pour cette voiture. J’ai fait refaire les panneaux de la carrosserie par un tôlier, à la main. L’apprêt qu’il a utilisé était gris. J’ai démonté la voiture moi-même, avec l’aide d’un carrossier, pour lui rendre sa couleur grise d’origine, mais mélangée à des nuances ‘gun metal’ avec un reflet violet.”
Franky Buysse a remporté une foule de prix grâce à cette voiture, un bolide dont le moteur émet un son qui tient plus du rugissement terrifiant que du ronron. “C’est un Big Block de 6,2 litres, et en plus, il est gonflé!”, s’exclame-t-il en riant. “Ma Chrysler Newport Custom Coupé consomme facilement 35 litres, mais je roule pépère: ‘à la Opie’, comme disent mes potes.”
La Chrysler New Yorker (1973) dans sa version Brougham, c’était le summum du luxe dans la gamme Chrysler. “Je l’ai achetée il y a sept ans à quelqu’un qui les importait des États-Unis. Elle aurait été rachetée à sa première propriétaire et le fait qu’elle affichait à peine 36.000 miles au compteur est un fait exact. Elle est entièrement d’origine, à l’intérieur comme à l’extérieur, y compris le superbe pin striping et sa couleur verte. Je n’y ai fait installer qu’un système GPL et un autre carburateur. En 1973, ils étaient déjà un peu plus stricts au niveau des normes environnementales. J’ai aussi fait faire d’autres roues sur mesure et un double pot d’échappement en acier inoxydable, mais j’ai encore toutes les pièces d’origine. Aujourd’hui, elle affiche 42.000 miles au compteur. Je fais donc environ 1.500 kilomètres par an avec elle, mais jusqu’à récemment, je possédais six voitures.”
“Je suis en train de réduire ma collection: je ne suis hélas plus tout jeune et j’ai été blessé au dos, si bien qu’il m’est difficile de travailler étendu sur le dos. De plus, je suis un perfectionniste, alors que la perfection n’existe pas. C’est parfois frustrant. Pour la New Yorker, j’ai d’ailleurs un acheteur potentiel. J’ai même déjà reçu un acompte, mais j’hésite.”