En plus de diriger Iveco Belgique, Paul Mechele est aussi passionné de voitures anciennes, privilégiant leur valeur émotionnelle à leur prix sur le marché.
Sur la table basse de Paul Mechele (60 ans) trône une pile de Sabato. Estimant que les collectionneurs automobiles y étaient un peu moins présents ces derniers temps, il nous a invités. Un geste apprécié. "J’ai construit quelque chose", explique-t-il en nous faisant entrer dans son "Paulhouse" – un bureau, un plan de travail de cuisine, une trancheuse à jambon design, une armoire à vin climatisée et un salon avec un poêle à bois: tout y est.
Ses tout premiers souvenirs liés aux voitures? "En famille, on partait en vacances en Italie. Quatre enfants sur la banquette arrière et le cinquième, allongé sur la plage arrière. C’est là que j’ai acheté mon premier T-shirt Alfa Romeo. Je me souviens de la Ford 17M et des Volvo de mon père. Aujourd’hui, il a 89 ans mais il y a deux ans, il est parti à l’aventure en camping-car avec, sur une remorque, sa Fiat Barchetta jaune (2002) achetée à 78 ans. Avant, il ne s’intéressait pas aux voitures – il aimait les bateaux. C’est l’histoire de la pomme et de l’arbre, mais à l’envers."
"À l’époque, sans internet, il fallait éplucher des piles de magazines spécialisés et être le premier à spotter la bonne affaire."Paul Mechele
"Comme la remorque ça devenait compliqué pour lui avec l’âge, je lui ai proposé d’échanger sa Volvo S90, sa Fiat et son camping-car contre la Saab 9-3 Cabriolet (1998) – un clin d’œil à sa première voiture, une Saab 96, et idéale pour voyager l’esprit léger. Regardez, elle est dans le jardin: je la prépare pour qu’elle soit prête."
Autobiographie
Paul Mechele
General manager et administrateur chez Iveco Belgique
◆ Voiture de tous les jours: Citroën DS7 (2024).
◆ La première: Citroën Méhari (1972). "Échangée avec une amie contre un banc solaire fabriqué par mon père et moi."
◆ La pire: "Aucune. Et s’il y a un problème, je suis capable de réparer plein de choses avec mes dix doigts."
◆ Vendue à regret: Porsche 911 2.0 S SWB (1969).
◆ Le rêve: Ferrari 365 GTB/4 Daytona.
California dreaming
"Je suis ingénieur en techniques automobiles. Il y a plus de trente ans, une connaissance m’a demandé si je pouvais l’aider à réparer sa Chevrolet Corvette de 1957. Je l’ai remise en état et, au passage, je me suis penché sur le mécanisme de la capote hydraulique. Il était ravi et il a continué à me confier ses voitures: des Triumph, des Austin-Healey, des MG, et une Porsche."
"À l’époque, j’avais un emploi qui me donnait droit à pas mal de congés, ce qui m’a permis d’apprendre énormément. Nous sommes même partis ensemble en Californie, où j’ai déniché une Porsche 914 avec sa peinture d’origine pour mille dollars. À l’époque, ce modèle n’était pas très demandé. Une fois rentré, je l’ai entièrement lustrée – jusqu’au moteur! – Elle était comme neuve. Lors de mon premier rassemblement, on m’a demandé si elle était à vendre. J’ai donné un prix et elle est partie. Je ne l’ai même pas ramenée chez moi."
"Ensuite, je suis souvent retourné aux États-Unis, d’où j’ai rapporté pas mal de voitures, dont ma première Volkswagen Coccinelle, que j’ai gardée longtemps. À l’époque, sans internet, il fallait éplucher des piles de magazines spécialisés et être le premier à spotter la bonne affaire. Quel suspense! C’est ainsi que j’ai déniché une Porsche 911 2.0 S (1969) rouge à 6.000 dollars. Pour l’essayer, je l’ai conduite d’Atlanta jusqu’en Caroline du Sud."
Only locals
Quand son travail a commencé à l’accaparer, Mechele a vendu toutes ses voitures. "Jusqu’au décès de mon fils, il y a six ans. Ma fille est allée chez un psychologue et moi, je me suis réfugié dans mon garage où j’ai recommencé à restaurer des voitures. Je fais tout moi-même: mécanique, soudure, sablage, peinture..."
"Mais ce que je préfère, c’est chercher et trouver des voitures. En général, elles sont en meilleur état aux États-Unis et au Canada, sans rouille. En tant qu’Européen, il faut souvent déployer beaucoup d’énergie pour les obtenir: les vendeurs sont méfiants. Je dois passer des appels vidéo, leur montrer ma collection, fournir des références, les convaincre. La Colombie-Britannique, au Canada, est une région intéressante, car personne n’y pense: c’est là que j’ai acheté la Porsche 928 S2 (1986). Au départ, c’était "No way, only locals", mais après plusieurs jours d’appels, je lui ai lancé: "Les chevaux qui galopent chez vous viennent du Pajottenland, et vous ne voulez même pas me vendre votre voiture!" Il a vérifié et il a accepté. C’est du global business!"
Obsession des autoradios
"La 928, c’est une bête. Électroniquement, elle est assez complexe, mais quel plaisir de conduite! Quand il fait beau, il m’arrive de la prendre pour aller au travail, comme la Mercedes-Benz 450 SL (1977) que j’ai achetée à Toronto, à un chef d’entreprise chinois. J’étais fou de sa couleur, Inca Red. Il avait fait installer des sièges neufs en skaï. J’ai racheté les sièges d’origine et j’ai revendu les autres cinq fois plus cher. J’ai aussi installé un autoradio de qualité – une obsession: j’en ai une quarantaine."
"La Fiat 124 Spider (1977) a une carrosserie Pininfarina. Quant aux lignes incroyables de la Fiat 850 Sport Spider (1972), elles sont signées Bertone. Je n’ai encore jamais roulé avec elle: c’est une voiture pour le plaisir des yeux. Le chef d’un centre de contrôle technique l’avait achetée pour 500 dollars. Les papiers datent de 1967: il l’avait vieillie de cinq ans pour pouvoir l’immatriculer comme ancêtre. Je l’ai entièrement remise dans son état d’origine, y compris sa couleur – vert vif."
"On me dit que je ferais mieux d’investir mon temps et mon argent dans une Porsche 911, mais je me fiche de la valeur. Je trouve tout aussi fun de redonner vie à une petite voiture. Et puis, tout le monde a une 911."
Cadeau d’anniversaire
"En mai, mon épouse et moi participerons au Giro di Sicilia, un rallye historique de quatre jours, au volant de l’Alfa Romeo Spider Quadrifoglio Verde de 1986. C’est le cadeau de mes soixante ans. Quant à la Porsche Boxster (1997), une des toutes premières, nous l’avons depuis vingt ans. Nous l’avons conduite pendant huit ans, mais nous attendons maintenant qu’elle atteigne l’âge requis pour être considérée comme ancêtre. Elle démarre toujours au quart de tour! Le chargeur de batterie passe sans cesse d’une voiture à l’autre."
"Et voici mon dernier projet", déclare-t-il en nous montrant un tracteur Porsche 219 Standard Star (1961). "J’habite dans une zone rurale et j’en avais déjà eu un. J’ai acheté celui-ci en 2023. Le vendeur m’a dit qu’il ne tournait plus. En réalité, il tournait encore, mais il avait beaucoup de problèmes mécaniques. Après 250 heures de travail, c’est devenu un petit bijou. La technologie diesel est superbe, vraiment robuste. De temps en temps, je le conduis à travers champs, juste pour le plaisir. Avec l’option 'Schnellgang', il monte à 30 km/h. Ça aussi, c’est quelque chose!" (rires)