Il possède une Citroën Rosalie et une MGA 1600 mais, s'il veut parader, Pierre Maessen sort la Mercedes S 350 L d'Albert II.
"Voilà 25 ans qu'elle est dans mes pieds!", s'exclame en riant Pierre Maessen (76 ans), en enlevant la bâche de sa MGA 1600 de 1960. "Elle ne roule plus depuis deux ans. Normalement, mon épouse et moi la conduisons une ou deux fois par an, mais, l'année dernière, nous n'avons pratiquement pas été en Belgique, car nous avons été bloqués en Égypte pendant plus de quatre mois à cause du Covid-19. Nous roulons souvent avec mon ami à qui j'ai acheté la voiture. Il y a cinq ans, elle a été partiellement restaurée. Elle démarre au quart de tour!"
La Mercedes-Benz S 350 L (2008) qui avait attiré notre attention ne semble pas très spéciale à première vue, mais il s'avère que si. "Ma voiture précédente était une Mercedes-Benz 380 SE", explique-t-il. "Elle avait 14 ans et à peine 150.000 kilomètres au compteur lorsqu'un ami m'a demandé si je n'avais pas honte de stationner une aussi vieille caisse dans son allée. Après une petite collision, je suis allé chez le concessionnaire Mercedes local qui m'a demandé si j'allais encore la réparer. J'adorais conduire cette voiture: c'était celle de mon père. Le concessionnaire m'a suggéré d'acheter une 'Nearly New Car'."
"J'aime conduire de grosses voitures et je voulais une classe S. J'ai fait un essai et j'ai trouvé la suspension pneumatique fantastique. Comme cette voiture était déjà vendue, le concessionnaire a regardé dans son ordinateur. À Anvers, il y avait une S 350 L disponible – le L signifie Long: son empattement fait près de 18 cm de plus que celui de la version standard. À l'époque, la voiture avait un an et 8.000 kilomètres, elle avait été parfaitement entretenue et coûtait 50.000 euros de moins qu'une neuve. J'ai sauté sur l'occasion."
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"'J'ai une surprise', m'a déclaré l'épouse de mon concessionnaire lorsque je suis allé chercher la voiture quelques semaines plus tard. Il s'est avéré qu'elle avait appartenu au roi Albert II: sur le certificat d'immatriculation, le premier propriétaire est indiqué: Liste civile du Roi."
"Regardez, il y a moyen de placer deux petits fanions à l'avant!", s'exclame Maessen. "La majeure partie de l'année, nous vivons en Italie, où nous avons un vignoble et une oliveraie. Parfois, j'y place le fanion toscan. Avant, j'avais la plaque d'immatriculation 001-ITA, ce qui suscitait beaucoup d'enthousiasme. J'ai aussi un fanion européen et un fanion belge."
"Nous vivons en Italie la majeure partie de l'année. Je roule avec le fanion toscan sur ma Mercedes S 350 L."Pierre Maessen
"J'aime cette voiture, mais je voudrais avoir une Classe S neuve et, de préférence, la version Long", ajoute-t-il. "Vu mon âge, c'est maintenant ou jamais." Pourtant, le "longtime ownership" n'est pas un vain mot chez Maessen. "Je n'ai vendu que récemment la 380 SE de l'époque. Mais j'ai encore autre chose." Tout en nous montrant un chariot élévateur du début des années 60, il nous emmène dans un garage caché au fond de son grand jardin et ouvre la porte.
"En 1980, après avoir fait un sinistre total avec une Mercedes-Benz 250 CE, j'ai acheté cette 280 CE neuve. Je l'ai remisée après l'avoir conduite pendant 12 ans: je l'ai donc depuis 41 ans. Nous la redémarrons tous les trois ou quatre ans. Mon garagiste vient la chercher pour faire un peu d'entretien."
Nous ouvrons la portière. Elle affiche 252.903 kilomètres au compteur et l'habitacle est en excellent état. "À 21 ans, quand on est au volant de cette voiture, les femmes vous sautent dessus!", s'exclame Maessen en riant. "Sans blague! Il faut garder les vitres et les portières fermées."
Conduire une Mercedes-Benz est une évidence pour le collectionneur. "Pour mon père, c'était la voiture ultime. Sa première était une 220 S Ponton de 1958 couleur 'Perlgrau'. Quand il achetait une nouvelle voiture, je reprenais la précédente. Il avait aussi une 450 SE."
Dans un ancien atelier de l'entreprise de construction fondée par son père en 1945, il nous montre une Citroën Rosalie (1932). "Je l'ai achetée en 1973 à mon beau-frère, qui l'avait exfiltrée de la grange familiale en Wallonie. C'était une épave: j'ai ouvert le moteur et j'ai peint la voiture. Elle est équipée d'un moteur flottant, sur supports en caoutchouc. Je la prenais souvent pour aller boire un verre avec mes copains. Et, de temps en temps, nous l'utilisions pour un mariage, pour un membre de la famille et des amis."