2020 nous a rendus plus nostalgiques que jamais.
2020 nous a rendus plus nostalgiques que jamais.
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2020, l'été de toutes les nostalgies

Vous aussi, vous avez bopuclé valises, parasols, coupe-vents et glacières pour des vacances à la côte belge délicieusement nostalgiques?

Même si nos vies étaient déjà baignées de nostalgie avant mars 2020, nous nous y sommes plongés corps et âme depuis le confinement. "Friends" et Michael Jordan sont très trendy sur Netflix, mais qui sait, les photos #ThrowbackThursday que vous avez postées sur les réseaux sociaux sont peut-être encore plus hot.

Dans l’intervalle, même l’émission "Intervilles", qui a été diffusée pendant plus de 50 ans, devrait faire son grand retour à la télévision. Que désirer de plus pour occuper l’arrière-plan pendant que l’on fait un puzzle, du pain maison ou que l’on redécouvre avec délice une autre mode rétro?

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"En temps de crise, nous sommes dans une rupture avec notre vie ordinaire, ce qui est un déclencheur typique de la nostalgie."
Wing Yee Cheung
Chercheur en psychologie, université de Winchester

Les chiffres précis ne sont pas encore disponibles, mais Ad Vingerhoets, professeur émérite de psychologie clinique à l’université néerlandaise de Tilburg, ne serait pas surpris que 2020 nous ait rendus plus nostalgiques que jamais: “C’est une émotion qui se manifeste plus facilement quand les choses vont mal.”

Outil mental

Wing Yee Cheung, chercheur en psychologie à l’université de Winchester, explique le rôle de la nostalgie dans des moments comme celui-ci: “En temps de crise, nous sommes dans une rupture avec notre vie ordinaire, ce qui est un déclencheur typique de la nostalgie, une émotion qui a une fonction de régulation psychologique.” Lorsque nous nous sentons mal, les souvenirs sont l’outil mental que nous utilisons pour maîtriser le présent.

Que nous regardions des photos jaunies de nous enfant, que nous évoquions nos frasques d’adolescent avec de vieux amis ou que nous mangions une tartine de pain blanc au choco "comme chez mamie", chaque élan nostalgique consécutif à un “Tu te souviens?” est un rappel apaisant du fait que, malgré les années et les événements, nous sommes toujours les mêmes, précise Vingerhoets. “Cela donne une continuité à ce que nous sommes.”

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Cela va même plus loin. “La nostalgie (de "nostos" -retour- et "algos" -douleur- en grec) fait se sentir mieux, renforce le lien social avec les autres, réduit l’ennui et renforce le sens de la vie”, explique Cheung dans une étude récente.

 La nostalgie nous réchauffe, littéralement.
La nostalgie nous réchauffe, littéralement.
© Getty Images

Souvenirs, souvenirs

Les souvenirs nostalgiques changent quelque chose en nous, et font chaud au cœur. “Ils agissent réellement sur la température du corps”, affirme Vingerhoets. “Lorsque les sujets de l’étude évoquent des souvenirs nostalgiques dans une pièce à 16 °C, ils ressentent la température de cette pièce différemment que le groupe de contrôle. La nostalgie les réchauffe, littéralement.”

Pour notre cerveau, la nostalgie, c’est un peu comme le fait de sucer son pouce pour un enfant: une chaude couverture de sentiments familiers sous laquelle on peut se glisser quand le monde est trop dur. C’est un super pouvoir typiquement humain, une machine à remonter le temps qui relie le passé au présent, mais aussi -si c’est possible- protège l’avenir de l’angoisse.

"Nous voyons naturellement la vie en rose"
Ad Vingerhoets
Professeur de psychologie Université Tilburg

Plus on apprécie consciemment le moment présent, plus on a de chances que ses expériences se transforment en une future pensée nostalgique qui aura une influence positive. Ce n’est pas un discours d’encouragement fumeux, mais une découverte scientifiquement prouvée par Cheung. La glace que l’on déguste aujourd’hui deviendra peut-être la dose nostalgique d’optimisme dont on aura besoin plus tard. Tout comme le souvenir du château de sable qu’on avait construit sur la plage dans notre enfance nous a apporté du réconfort au cours de ces derniers mois difficiles.

La vie en rose

Aujourd’hui, on ne construit peut-être plus de châteaux de sable et le bambin protégé a fait place à l’adulte protecteur, mais, cet été, l’appel de la mer sera plus fort que jamais. Car, à mesure que le monde changeait, le sable continuait de brûler sous nos pieds, les vagues de clapoter dans nos oreilles et le soleil de briller le soir sur notre peau salée. Bien sûr, il continuera de pleuvoir et les embouteillages seront longs comme une journée sans pain, mais -autre superpouvoir humain- on l’oubliera très vite, car le soleil brille plus souvent dans nos souvenirs.

“Nous voyons naturellement la vie en rose”, explique Vingerhoets. “Et, sauf si nous sommes vraiment anxieux, nous retenons principalement les expériences positives. Nous nous dupons pour aller mieux.” Plus que jamais, la mer est synonyme d’expériences gratifiantes et amusantes. Même si on continue à pester quand un ballon de plage se faufile entre les boissons et que des grains de sable apparaissent la nuit entre les draps, on s’y raccrochera à la prochaine occasion afin de revivre tous ces moments si merveilleux.

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