Respect des traditions, richesse de l’héritage culturel, mise en effervescence des papilles, mais aussi écologie et modernité saisissante: jamais Bangkok n’aura été aussi attrayante.
Ville des Anges, grande ville, résidence du Bouddha d’émeraude, ville imprenable du dieu Indra, grande capitale du monde ciselée de neuf pierres précieuses, ville heureuse, généreuse dans l’énorme Palais Royal pareil à la demeure céleste, règne du dieu réincarné, ville dédiée à Indra et construite par Vishnukarn. "Krung Thep Maha Nakhon" en version courte pour les Thaïlandais. Ou, plus simplement, "Krung Thep" pour les intimes et, bien sûr, Bangkok pour les "farang" (les étrangers NDLR).
Rien que le nom officiel de la ville qui se récite comme un poème – ou un marathon de virelangue, au choix – laisse transparaître le respect et la dévotion des Thaïlandais pour leur capitale, mais aussi pour le bouddhisme, leur nation et tout un chacun.
Une appellation qui résonne comme un écho lointain, une invitation exotique, un murmure porté par le vent chaud sur les rives du fleuve Chao Phraya. Là où, au XVIIIe siècle, un modeste comptoir commercial prenait racine, s’étend aujourd’hui une mégapole tentaculaire, creuset bouillonnant où se mêlent spiritualité bouddhiste et effervescence urbaine.
La capitale est parsemée de temples éblouissants, certains plus courus que d’autres, comme le Wat Ratchanadda donnant sur le Wat Saket.
Bangkok, que l’on rejoint depuis le 1ᵉʳ décembre sans escale et en 11 heures depuis Bruxelles à bord d’un vol quotidien opéré par Thai Airways, est l’âme de la Thaïlande, avec ses contradictions, ses paradoxes et sa beauté brute. Point de chute idéal, la ville ouvre un infini de possibles et sert de base idéale pour partir à la découverte de Siam et d’autres pays d’Asie du Sud-Est.
Il faut oublier l’image d’Épinal d’une ville asphyxiée par la pollution et l’agitation: la capitale est une ville-monde, un kaléidoscope d’ambiances où chacun trouvera refuge et inspiration. Les ruelles étroites et animées débouchent sur des temples dorés, oasis de paix et de sérénité. Le Grand Palais, tout en toits scintillants et sculptures ornées, témoigne de la grandeur passée du royaume de Siam.
Le Wat Phra Kaeo, écrin du vénéré Bouddha d’émeraude et le Wat Pho, gardien du monumental Bouddha couché, invitent à la contemplation et au recueillement. Véritable chef-d’œuvre architectural, le Wat Arun est quant à lui reconnaissable pour son prang (tour centrale), haut de 82 mètres. Et ce n’est qu’un échantillon, on dénombre pas moins de 400 "Wat" sur les 1.569km² de la ville aux 11 millions d’habitants.
Bangkok, c’est aussi le murmure incessant du fleuve, l’appel des khlongs, ces canaux qui serpentent à travers la cité, véritables artères d’une autre époque. Le temps semble suspendu, les maisons sur pilotis défilent lentement (parfois surplombés par des gratte-ciel défiant la gravité), où la vie quotidienne se déroule au rythme des flots... tout en étant happée par les effluves épicées qui s’échappent des marchés et des étals de rue.
Le quartier de Talat Noï est le plus authentique et le plus créatif de Bangkok.
Y a-t-il une personne au monde qui n’aime pas la cuisine thaïe? Car si la religion est reine, la gastronomie est légendaire pour l’explosivité de ses saveurs, avec un mélange subtil de sucré, salé, acide et épicé. Le Guide Michelin en est d’ailleurs déjà à sa huitième édition, avec pour la première fois en Thaïlande, le sacre d’un trois étoiles pour Sorn, mais aussi 156 Bib Gourmand (dont Phad Thai Fai Talu, le meilleur pad thaï !) recensés.
On peut certes faire la queue pendant plusieurs heures pour goûter à l’extraordinaire omelette à la chair de crabe de Jai Fai, la cheffe aux emblématiques lunettes de ski et récompensée par une étoile au Guide Michelin, mais chaque adresse, chaque étal vaut le coup, n’importe où, car la surprise est toujours au rendez-vous. On peut venir et revenir: Bangkok – qui a eu son heure de gloire dans Very Bad Trip 2- est une ville qui se vit, qui se ressent, qui se laisse doucement dompter, qui imprègne. Et qui ne laisse jamais indifférent.
1 | Le quartier de Kudeejeen
Une des fiertés des Thaïlandais réside dans le fait que le pays n’a jamais été colonisé. Ils le doivent à leur débrouillardise et leur sens aigu des affaires. Le quartier de Kudeejeen et son musée, nichés sur la rive ouest de la Chao Phraya, sont encore à l’écart des circuits touristiques, bien qu’il offre un aperçu unique sur l’histoire et la culture de la ville.
Premier fait notable: il se distingue par son atmosphère paisible et son mélange harmonieux de cultures chinoise (le temple de Kian An-Keng est l’un des plus anciens de Bangkok), thaïlandaise et, incroyable, mais vrai, portugaise! Au détour des ruelles étroites et des maisons traditionnelles en bois, bouddhistes, églises catholiques et mosquées se côtoient.
Le Wat Kalayanamit abrite le plus grand bouddha assis de la ville et pas un "farang" en vue. On retrouve l’influence portugaise jusque dans la cuisine locale: les kanom farang, une sorte de madeleine portugaise cuite au charbon.
Pour une vraie incursion thaïlando-lusitanienne, direction Baan Sakul Thong. Initiée par sa grand-mère, qui a suivi les recettes de son aïeule, Kanittha Tan-Sakulthong, elle reçoit dans une maisonnette en bois (uniquement sur réservation) où elle propose une cuisine qui fusionne les deux mondes. On se souviendra longtemps des kanom jeep tua nok: ces petits raviolis farcis au poulet sont façonnés à la main en forme d’oiseau avant d’être cuits à la vapeur.
2 | À deux roues
Faire du vélo à Bangkok, l’idée peut sembler totalement saugrenue au regard du trafic chaotique et pourtant, on trouve une piste cyclable dans les environs de l’aéroport de Suvarnabhumi.
Mais c’est sur la presqu’île de Bang Krachao, cette bande de terre protégée de l’effervescence de la ville, que l’on pourra profiter d’une balade à vélo. Mangroves, palmiers, bananiers, orchidées hautes en couleur se succèdent le long du sentier sur pilotis: attention à l’équilibre!
3 | Au fil du fleuve
Le Chao Phraya est bien plus qu’un fleuve: c’est le poumon économique, l’artère culturelle fémorale, le cœur battant d’une mégapole entre deux temps et le cerveau d’un écosystème à part entière. Les embouteillages sont légion et emprunter un watertaxi - pour quelques bahts - peut faire gagner un temps précieux quand on ne passe que quelques jours dans la capitale. On peut aussi dîner dans un restaurant flottant tout en admirant les majestueux temples illuminés.
Plutôt que de prendre un des longtails ultra polluants, on se tournera vers Sun-powered Boat, opéré par Sun (sans jeu de mots), qui a construit son bateau à énergie 100% solaire. La balade dans les khlongs est lente et agréable, sans un bruit. Il choisit des tronçons moins fréquentés, permettant de faire une véritable immersion dans une Bangkok plus intimiste, plus authentique. On croise des varans, de pittoresques coffee houses ou encore une galerie d’art, comme The Artist House qui abrite des ateliers de création et des spectacles de marionnettes.
4 | Wat, wat, wat
Impossible de les rater: les temples sont partout, certains plus courus que d’autres. On visitera ceux cités plus haut, mais aussi le Wat Ratchanadda donnant sur le Wat Saket, le Wat Suthat Thepwararam au pied de la "grande balançoire rouge", ou encore le Wat Ratchabophit.
Ensuite, si l’overdose ne vous fait pas peur, on visitera une sorte de mini-Europe version thaïe: Ancient City ou Muang Boran Museum. Pour cela, on descendra au dernier arrêt de la ligne verte du BTS Skytrain pour pouvoir sillonner les 320 hectares verdoyants, parsemés de près d’une centaine de monuments, en taille réelle pour certains, au tiers pour d’autres. Ce condensé d’architecture, d’art, de traditions et de culture du royaume au fil des siècles est la folie née dans l’esprit d’un richissime et excentrique entrepreneur dans les années 60, Lek Viriyaphant.
Petit tip: on loue une voiturette et un audioguide!
5 | Le quartier de Talat Noï
Dans le quartier chinois, il ne faut pas hésiter à s’attarder, explorer et au cœur du quartier de Talat Noï: c’est une parenthèse hors du temps, un délirant mélange entre (certes encore) édifices religieux, shop houses aux façades patinées, cafés branchés, galeries d’art pointues jouxtant fresques de street art et casse automobile. Tant que vous n’êtes pas face à la Fiat 500 rouillée, vous n’y êtes pas encore.
Au détour d’une ruelle, on pousse l’immense porte rouge d’une vieille bâtisse chinoise, So Heng Tai, datant du XVIIIe siècle, qui accueille aujourd’hui (et on n’est pas à une autre surprise près), une école de plongée. En son centre, la cour intérieure abrite des regards un bassin de 4 mètres de profondeur.
L’envie de plonger est immédiate: ici, pas moins de 6.000 personnes ont déjà été initiées à la plongée, ce qui permet de sauver ce joyau de la démolition.
6 | Vue d’en haut
Dans cette ville tentaculaire, les gratte-ciel poussent comme des champignons, avec des rooftops-bars parmi les plus impressionnants au monde. Il y aurait plus de 500 tours à plus de 150 mètres de haut, de quoi donner le vertige. D’ailleurs, tout le monde connaît le Lebua et ses fameux rooftop-bars (dont un rendu célèbre dans Very Bad Trip 2 avec Bradley Cooper).
Et l’hôtel n’usurpe pas sa réputation, il accueille également non pas un, mais deux restaurants étoilés. Au pied du dôme doré, on a une vue imprenable sur la capitale, pour peu que l’on porte des chaussures fermées et que l’on soit prêt à dépenser 1.300 bahts (environ 36 euros) pour le convoité Hangovertini. On préfère se tourner vers Mahanakhon Skywalk et sa plateforme de verre à 310 mètres de haut.
Certes l’heure est au selfie, mais l’ambiance décontractée invite à la contemplation. Et le gros avantage: chaussures fermées ou pas, on porte de toute façon des chaussons réutilisables.
7 | Mariage belgo-thaï
La cuisine est dans l’ADN des Thaïlandais. Qu’elle soit étoilée ou non, elle émoustille les papilles. En Belgique, la cheffe étoilée Dokkoon Kapueak porte haut et fort les étendards de la cuisine traditionnelle, et jusqu’il y a peu Nooror Somany Steppe.
C’est en 1980 qu’elle et son époux, Karl Steppe, ouvrent le restaurant Blue Elephant. Elle importe ses produits frais et développe sa propre marque. Aujourd’hui, le groupe fait rayonner – et ce depuis 45 ans – la cuisine royale thaïlandaise aux quatre coins du monde. À Bangkok, dans une maison traditionnelle de style colonial, le restaurant ne désemplit pas et on peut également y suivre assidûment un cours de cuisine (en français, en néerlandais ou en anglais).
Après un tour au marché de Bang Rak (pour la session du matin), on choisit les ingrédients et produits locaux, sans oublier les épices, avant de s’attaquer à préparer un Laab kai (la célèbre salade de poulet piquant), le Tom yam koong (la soupe de crevettes, autre plat incontournable) ou un Kaeng karee nua (bœuf au curry). Sous la supervision d’un instructeur, on reçoit un menu de quatre plats que l’on prépare en petit comité avant de déguster ce que l’on a concocté. Aroy dee!
Infos pratiques
S'y rendre
Depuis le 1ᵉʳ décembre, Thai Airways vole pour la première fois quotidiennement entre Bruxelles et Bangkok. Proposant deux classes (Royal Silk et Economy),la compagnie aérienne nationale de Thaïlande assure un vol direct en 11 heures environ. Il est recommandé de réserver les vols durant les vacances scolaires au moins 8 mois à l’avance.
Bon à savoir: ajouter deux vols intérieurs vers d’autres villes de Thaïlande sur le même billet (Phuket, Krabi, Chiang Mai ou Chiang Rai) revient parfois moins cher que le simple vol Bruxelles-Bangkok.
| À partir de 929 euros l’aller-retour |
| www.thaiairways.be |
Se loger
Donnant sur le Chao Praya, The Salil Hotel Riverside Bangkok est à deux pas de la promenade de l’Asiatique The Riverfront et ses restaurants en plein air, sa grande roue et ses boutiques.
Depuis l’hôtel, on peut aussi sauter dans un watertaxi pour faire un tour des khlongs. Chambres à la décoration soignée, cuisine raffinée servie à toute heure et piscine à la fraîcheur bienvenue sont les autres atouts de cette adresse.
| À partir de 220 euros la nuit en chambre double, petit-déjeuner royal compris |
| www.thesalilriverside.com |
Se renseigner
L’Office National du Tourisme (TAT) recense toutes les recommandations (sites incontournables, calendrier des fêtes, listes d’hôtels).
Information importante: la cigarette électronique est illégale en Thaïlande.