La Maison Oscar peut accueillir un groupe de quinze convives.
La Maison Oscar peut accueillir un groupe de quinze convives.
© Maximilien De Dycker

Dans les Ardennes, deux entrepreneurs ouvrent une maison de vacances, cheffe comprise

Il y a un an, deux frères particulièrement entreprenants rêvaient d'une maison de vacances dans les Ardennes. Aujourd'hui, nous sommes les bienvenues à la Maison Oscar.

La Maison Oscar est une maison de vacances à nulle autre pareille. Le feu crépite dans la cheminée, mais l'ambiance est fraîche et pimpante. Dès l'entrée, on a l'impression que l'immense espace nous élève et nous illumine. Littéralement. Toute charge mentale se dissipe et disparaît comme par enchantement. Le silence nous envahit un court instant. Serait-ce dû à cette intense lumière ardennaise? À la vue sur les prairies et les bois? Aux pavés bruts du sol ou aux murs dépouillés révélant du béton nu? À tout cela à la fois?

La maison a été débarrassée de toute rusticité typiquement ardennaise. L'espace épuré permet d'oublier le quotidien, la frénésie, le monde devenu fou. Et de constater à quel point un espace ouvert peut vider l'esprit.

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Si la Maison Oscar est devenue aussi ouverte et accueillante, c'est grâce à l'action conjointe de deux frères, Augustin et Hadrien Bown. Auraient-ils des origines britanniques? Ils déclarent ne pas connaître grand-chose de leur histoire familiale, si ce n'est que leurs ancêtres ont séjourné en France avant de s'installer dans la région de Courtrai. Leur grand-père était gynécologue et leur père, Martin Bown, a fait carrière dans le textile. Leur mère, Sabine Taevernier, est spécialiste d'Ensor et siège notamment à la Fondation Roi Baudouin.

Hadrien (à droite) et Augustin Bown: "Nous avons investi dans des matériaux et un mobilier de grande qualité."
Hadrien (à droite) et Augustin Bown: "Nous avons investi dans des matériaux et un mobilier de grande qualité."
© Maximilien De Dycker

Ils sont tous les deux économistes de formation, mais Augustin s'est davantage orienté vers l'architecture d'intérieur et le design. En 2019, il fonde l'agence AFC avec son amie d'enfance, Audrey Joris (la fille de Michèle Sioen, CEO de l'entreprise familiale de textiles techniques). Avec leur équipe, ils aident leurs clients à réaliser l'intérieur de leurs rêves, notamment grâce au principe de la location-vente, qui permet de louer son mobilier et son aménagement intérieur. Mais ils font plus que ça: ils explorent les préférences, les souhaits et les goûts de leurs clients et font le lien entre architectes et marques de design.

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"Lors de la conception, nous procédons de manière très pragmatique", explique Augustin. "À l'aide de simulations 3D avancées, nous présentons à nos clients des matériaux, des couleurs, des éclairages, de la décoration et un agencement avec des meubles: tout devient très concret. Lors de la rénovation ou de la construction d'une maison, nous nous occupons de 'la dernière ligne droite' pour en faire une maison de rêve." Grâce à cette idée simple, mais efficace, l'année dernière, Augustin et Audrey ont été nommés "pionniers exceptionnels dans leur domaine" par Forbes Under 30 Europe Class of 2022.

Hadrien a fait carrière dans le domaine de l'énergie aux côtés de son épouse Axelle D'heygere (la fille de Philippe D'heygere, bien connu du monde entrepreneurial).

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La pièce la plus confortable est le salon avec vue sur les champs.
La pièce la plus confortable est le salon avec vue sur les champs.
© Maximilien De Dycker

Deux frères et un rêve

Le moins que l'on puisse dire est que les frères Bown incarnent l'esprit d'entreprendre. Il y a quelques années, ils achètent quelques appartements à Bruxelles et les rénovent. Parce qu'ils en avaient envie, explique Augustin, et parce qu'ils voulaient laisser libre cours à leur créativité, sans compromis. Ils achètent ainsi des biens immobiliers, qu'ils rénovent et revendent. "C'était agréable et lucratif", ajoute Hadrien. "Mais nous ressentions le besoin d'avoir quelque chose de permanent pour nous, d'investir dans un bien où nous pourrions mettre toute notre âme."

"Nous rêvions depuis longtemps d'un projet dans le domaine de l'accueil, sans savoir exactement quoi. Jusqu'à ce que je passe un week-end dans les Ardennes: là, j'ai éprouvé une sorte de nostalgie de mon enfance, grâce à cette magnifique région. Nous venions souvent ici, en famille, dans une petite cabane à Rochefort. Et les Ardennes ne sont pas si loin de Bruxelles. Augustin et moi avons réalisé que c'était ici que nous voulions créer une maison de vacances différente de celles qu'on trouve dans la région."

Le feu ouvert est un authentique Don Bar années 1970. Les canapés et les rideaux en laine sortent des ateliers de l'entreprise AFC d'Augustin.
Le feu ouvert est un authentique Don Bar années 1970. Les canapés et les rideaux en laine sortent des ateliers de l'entreprise AFC d'Augustin.
© Maximilien De Dycker

Préserver et démolir

Nous prenons le thé. Dans la cuisine, nous entendons des bruits familiers. Dehors, tout est calme, rien ne bouge, seuls quelques oiseaux volent de-ci de-là vers les buissons en gazouillant gaiement. Au loin, une buse plane au-dessus de sa proie. Augustin dépose une bûche sur le feu crépitant.

Hadrien raconte que l'idée de transformer une maison en résidence de vacances lui trottait dans la tête. Son frère n'y pensait pas du tout, mais lui, il continuait à chercher la perle rare. Par le plus beau des hasards, un dimanche, alors qu'il était dans les Ardennes, il est passé devant cette maison, où était affiché un panneau "à vendre", aux enchères, via un notaire de la région. "J'ai immédiatement appelé Augustin: c'était le week-end et les offres se clôturaient le mardi suivant. Augustin est arrivé le soir même. Des voisins ont appelé le propriétaire, car l'étude notariale était fermée. Nous nous sommes lancés, alors que nous n'avions qu'un montant maximum en tête. Zéro plan financier, rien!" (rires)

C'est après avoir acheté la maison avec le budget qu'ils s'étaient fixé que le véritable défi a commencé. Hadrien: "Nous ne savions pas du tout quelle orientation prendre. Tous les scénarios ont été envisagés, mais nous avons rapidement abandonné le plan de la convivialité à l'ardennaise. De plus, nous devions trouver un architecte local ouvert à nos projets. Inutile de dire que ça a été un processus assez compliqué!"

Partout, des créations de Muller Van Severen, Marie Michielsen, Rasmus Bækkel Fex, Afteroom Studio, Bent Karlby, Gerrit Rietveld et Wendy Andreu. Au mur, une édition d'un drapeau de Walter Swennen tendue sur un cadre.
Partout, des créations de Muller Van Severen, Marie Michielsen, Rasmus Bækkel Fex, Afteroom Studio, Bent Karlby, Gerrit Rietveld et Wendy Andreu. Au mur, une édition d'un drapeau de Walter Swennen tendue sur un cadre.
© Maximilien De Dycker

Vue dégagée

Ils se mettent au travail avec l'équipe de leur agence, AFC. Plusieurs séances de conception et de brainstorming sont nécessaires pour que les architectes soient totalement en phase avec les maîtres d'ouvrage. Il faut construire une annexe comprenant un salon avec feu ouvert au rez-de-chaussée et un espace bien-être à l'étage avec sauna, hammam, douche et salle de massage. Il faut également prévoir suffisamment de chambres, ainsi qu'une grande cuisine semi-ouverte et un séjour pour les repas et la détente. Et une salle polyvalente pouvant accueillir les réunions d'affaires et de travail.

Et, cerise sur le gâteau: tout doit aller vite. Nous sommes en novembre 2022, et les frères veulent que la maison accueille des hôtes dès l'été suivant, c'est-à-dire l'été 2023!

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Même si les entrepreneurs leur promettent que tout se passera sans problème, il y a des imprévus. Les frères n'ont pas anticipé que le calendrier des entrepreneurs locaux serait sujet à toutes sortes d'excuses créatives. Et comme tout doit se dérouler par étapes, un retard en entraîne un autre. La ligne d'arrivée ne cesse de reculer. "Avant-hier, il y avait encore ici des échafaudages, des caisses et du matériel!", s'exclame Augustin en riant.

Tout commence par les travaux de démolition. "La façade en pierre naturelle date du XVe ou du XVIe siècle", explique Augustin. "Nous avons démoli tous les murs intérieurs et enlevé un mur latéral. Les pierres ont été réutilisées pour construire l'annexe: nous tenions à préserver ces magnifiques éléments anciens." La charpente en bois d'origine est traitée et étançonnée. Dépoussiérée et décapée, elle orne l'espace ouvert au-dessus du séjour. La mezzanine, qui accueille un bar, un canapé, une table basse et un écran, a été revêtue de cèdre et de plaques de cuivre. Elle donne accès à l'extérieur, au hammam et au sauna. Les frères sont convaincus qu'on ne peut réellement se détendre qu'en prenant soin de son corps et de son esprit.

La table de la salle à manger, une création de Louise Roe, est assez grande pour accueillir un groupe de quinze convives.
La table de la salle à manger, une création de Louise Roe, est assez grande pour accueillir un groupe de quinze convives.
© Koen Keppens

Ambiance joviale

La Maison Oscar se distingue par son architecture et son aménagement, mais aussi par son service, aux petits oignons. "Ici, tout est pris en charge", explique Hadrien. Les huit chambres permettent d'accueillir quinze personnes. Si vous souhaitez un massage, il suffit de le demander. Vous voulez faire une balade à vélo et emporter un pique-nique pour déjeuner en pleine nature? Pas de problème. Envie d'une randonnée ou d'une chasse au trésor avec les enfants, d'une initiation à la boxe, d'une séance de yoga ou d'un atelier de cuisine? Tout est possible. Votre souhait sera exaucé dans une ambiance joviale et familiale.

Avec Maria Landis à la barre, Augustin et Hadrien ont également choisi la meilleure hôtesse. Ils se connaissaient depuis longtemps: la Sarde, qui vit en Belgique depuis qu'elle est venue rendre visite à des amis belges dans les années 80, habitait près de la maison des Bown. Cette cuisinière hors pair avait ouvert un restaurant réputé à Laethem-Saint-Martin, où toute la famille allait souvent se régler, "'t Konijntje".

L'ancienne restauratrice vient s'asseoir avec nous. Elle se souvient que, enfants, Hadrien et Augustin s'étaient un jour glissés dans sa cuisine: "Comme j'étais très occupée ce dimanche-là, ils avaient insisté pour venir m'aider. C'était très gentil!" Elle en a d'ailleurs gardé une photo.

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Maria sait comment régaler ses hôtes en leur préparant une cuisine d'une simplicité toute méditerranéenne. À l'époque où elle était cheffe, elle avait une clientèle d'habitués, dont les Bown, mais aussi un certain Guy Verhofstadt. Quand elle a dû fermer son restaurant en raison d'un problème de santé, l'ex-Premier ministre l'a invitée à venir à Bruxelles pour devenir sa cheffe personnelle. Elle a ensuite cuisiné pour Yves Leterme, Elio Di Rupo et Sophie Wilmès. Et puis, un beau jour, elle a pris sa retraite, car elle en avait assez des embouteillages pour se rendre à Bruxelles.

La cuisinière est alors retournée auprès de sa famille, en Sardaigne, où elle s'est installée dans un petit coin de paradis face à la mer. Mais voilà, après une vie si trépidante, l'ennui des jours sereins a commencé à poindre le bout de son nez. Ses enfants lui manquaient et, surtout, elle voulait faire quelque chose de ses journées. Se rendre utile, s'occuper! Alors, elle est revenue en Belgique. Par hasard, elle croise le père d'Hadrien et d'Augustin, qui lui parle du projet de ses fils. Aurait-elle envie de devenir hôtesse et cheffe à la Maison Oscar? "J'ai tout de suite fait mes valises!", raconte-t-elle en riant.

Aujourd'hui, elle s'est installée dans la Maison Oscar et en a pris les commandes. Celle qui parle français avec le même accent que Dalida n'a besoin que d'une chose: une vue sur une route et une vue sur la nature ou sur la mer. Partout ailleurs, elle deviendrait claustrophobe.

La galerie extérieure du premier étage est revêtue de cèdre et de plaques de cuivre. Depuis le sauna, on a une belle vue sur les champs environnants.
La galerie extérieure du premier étage est revêtue de cèdre et de plaques de cuivre. Depuis le sauna, on a une belle vue sur les champs environnants.
© Koen Keppens

Réserve pour les gourmands

C'est donc au milieu des champs et des bois qu'elle ouvre un nouveau chapitre de sa vie. Ici, elle est la maîtresse de maison et la top cheffe des cuisines. Petite par la taille, mais grande par la jovialité. Grâce à elle, la Maison Oscar tourne comme une horloge. Les hôtes peuvent se mettre les pieds sous la table, Maria cuisine pour eux autant qu'ils le souhaitent et selon leurs envies, sans qu'ils aient à faire les courses ou dresser le menu, jusqu'au vin qui ira avec ses bons petits plats. Cette femme extraordinaire s'occupe de tout pour faire de la Maison Oscar une réserve pour les gourmands. Elle ne cuisine qu'avec ce qu'il y a de meilleur en privilégiant les produits de la région: des œufs du voisin, du foie gras d'un autre voisin, des champignons fraîchement cueillis dans la forêt, du gibier livré par le chasseur en personne.

Nous n'avons qu'une envie en l'écoutant: goûter sa cuisine. La longue table est dressée. Tout est frais et délicieux. Ce soir-là, nous célébrons un anniversaire. Et nous trinquons aux rides et à l'amitié. La nuit se termine par une dernière conversation, avec Maria Landis et Augustin Bown, confortablement installés au coin du feu. Le reste du groupe est allé se coucher.

Les flammes dansent dans les yeux de la Sarde. Elle parle à nouveau de son île bien-aimée, de sa mère qui cuisinait pour les pèlerins et leur offrait un endroit où dormir. Sa vie a constamment croisé celle d'inconnus. C'est peut-être pour cela qu'elle aime tant les nouvelles rencontres. Les nouvelles perspectives. Les soirées comme celle-ci. Et nous aussi.

Maison Oscar
| Adresse | Rue des Tailles, 13 à 5580 Rochefort
| Prix | À partir de 2.500 euros pour deux nuitées, réservations jusqu'à quinze personnes. Petit-déjeuner et déjeuner à partir de 27 euros par personne. Dîner à partir de 50 euros par personne. Activités sur mesure, prix sur demande.
| Site web | maisonoscar.be / afc-collection.co

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