Un projet immobilier Belge sur l'île de São Vicente.
Un projet immobilier Belge sur l'île de São Vicente.
© Francisco Nogueira

Des villas de luxe en trompe-l'oeil au Cap Vert... par des Belges!

Sous le concept 'Barefoot Luxury', le promoteur belge Life a décidé de construire trente villas ainsi qu'un hôtel au Cap Vert. Sabato a enlevé ses sandales pour partir à la recherche du charme caché de Mindelo.

"Là-bas, vous pouvez voir les douze premières villas, presque entièrement terminées", indique Lauranne Van Loock, directrice commerciale chez Life et responsable vente des villas capverdiennes. Des villas que, même avec la meilleure volonté du monde, je ne parviens pas à voir. Nous nous sommes arrêtés sur le point culminant de la baie, que Life a acheté à la municipalité de Mindelo pour ce projet.

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De là, nous jouissons d'une vue magnifique sur l'eau azur de l'océan Atlantique, qui vient frapper les rochers de chaque côté de la baie et balaie l'idyllique plage centrale. À quelques dizaines de mètres de l'eau, je devrais distinguer les villas, mais je ne vois que des rochers brun-rouge ainsi qu'un pick-up. Aurais-je fait six heures d'avion pour un projet qui défie l'imagination, mais qui, en plus, n'existe que dans celle-ci? "Nous allons nous approcher", annonce la Belge.

Les villas de São Vicente jouent sur le trompe-l'oeil: elles sont construites dans la même pierre que le paysage environnant.

Un peu confuse, je me laisse entraîner sur la voie d'accès qui descend vers l'eau. Tout en continuant à chercher du regard ces fameuses villas. Cubes blancs modernes ou cottages ruraux, peu importe... Du moment qu'elles sont visibles, quelque part.

Trompe-l'oeil

"Ça y est, je les vois!" ne puis-je m'empêcher de m'exclamer alors que nous approchons de l'allée de la villa. Ces rochers brun-rouge? C'étaient les villas! Construites entièrement en trompe-l'oeil, dans la même pierre que les collines environnantes, elles se fondent complètement dans le paysage. Magnifique.

"Nous voulions éviter l'écueil qu'est la résidence de luxe tape-à-l'oeil. Avec Polo Architects, un studio d'Anvers, nous avons cherché un moyen de concevoir des villas spacieuses et confortables, mais sobres", détaille Serge Hannecart, fondateur de Life.

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"Cette tactique de camouflage a d'ailleurs aussi une raison pratique: à Mindelo, il est beaucoup plus simple de travailler avec des matériaux locaux. Là-bas, il n'y a ni centrales à béton, ni grues géantes, ni hélicoptères. De plus, les ouvriers n'ont aucune expérience en la matière et il était donc évident de les faire travailler les matériaux qu'ils utilisent habituellement."

En recourant aux matériaux locaux, les villas se fondent complètement dans le paysage. Et leur construction est moins complexe.
En recourant aux matériaux locaux, les villas se fondent complètement dans le paysage. Et leur construction est moins complexe.
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Confettis

Le Cap-Vert est un archipel de douze confettis au large de la côte ouest de l'Afrique, au niveau du Sénégal. Ce fut une colonie portugaise, ainsi qu'en témoigne le portugais qui y est parlé en plus du créole. Deux des îles du Cap Vert dépendent entièrement du tourisme de masse: Sal et Boa Vista, soit les variantes capverdiennes de Salou et Torremolinos. Pas de quoi faire ses valises!

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Cela n'est pas le cas de São Vicente, et de sa capitale, Mindelo, où les touristes sont encore peu fréquents. Quand Hannecart y met les pieds pour la première fois, il y a près de 6 ans, il est tout de suite convaincu par son potentiel. "Je ne voudrais pas que l'île soit envahie par les touristes, mais il est indéniable que l'endroit possède de beaux atouts. La météo est agréable toute l'année, on ne subit pas le jet lag grâce au faible décalage horaire et, depuis Mindelo, on n'est qu'à une courte distance en bateau de Santo Antão, sans doute la plus belle île du Cap-Vert."

L'entrepreneur a l'impression que le gouvernement local a l'ambition d'épargner São Vicente du tourisme de masse. "São Vicente se consacrera aux séjours exclusifs, alors que l'île voisine de Santo Antão sera dédiée à l'écotourisme."

Le Belge a trouvé un partenaire en la personne de Jan Talboom, propriétaire du bureau d'études Talboom, qui caressait également l'idée de construire au Cap-Vert et avait déjà mis une option sur la baie. Ensemble, ils fondent la société locale Devotal et fait appel à Polo Architects, un studio avec lequel Hannecart avait déjà travaillé à plusieurs reprises sur des projets de villas, avec succès.

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Idem pour les architectes d'intérieur de Going East, avec lesquels il avait collaboré sur le projet de co-working Fosbury & Sons. Ainsi, ceux qui le souhaitent peuvent faire décorer de A à Z leur villa de quatre à six chambres. "Leur style décoratif s'intègre très bien ici", déclare Hannecart. "Meubles vintage et artisanat local complètent à merveille l'architecture."

Quelques villas, telle était la première idée sur la table. Mais les clients qui investissent une moyenne de 650.000 euros dans un pied-à-terre sur la plage veulent aussi avoir quelque chose à faire dans les environs. De l'animation et un restaurant, par exemple. D'où l'idée d'un hôtel. Et dans le même style, épuré.

Eden bohème

© Francisco Nogueira

La construction est assurée par Polo Architects et la décoration, signée Going East (leur premier hôtel). "Pour moi, il ne faut pas d'établissements étoilés. Je vois plutôt un restaurant décontracté, style homards grillés au barbecue", déclare Hannecart. "Mais nous sommes d'accord sur le fait que tout sera style 'barefoot luxury': le luxe sans le luxe!" (rires)

Pour l'instant, l'hôtel se limite à quelques dessins à la craie sur les rochers. Pas moins de trois ans sont prévus pour la construction de ce nouvel Eden bohème.

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"Dans un deuxième temps, d'autres groupes hôteliers viendront s'établir dans la région", sourit Lauranne Van Loock, qui, elle aussi, est fermement convaincue qu'avec des hôtels, les vols directs vers São Vicente ne pourront que suivre. En effet, il n'y en a pas encore au départ de Bruxelles. Alors, comment se rendre à São Vicente? Pour le moment, il y a deux possibilités: un vol direct au départ de l'aéroport de Schiphol (Amsterdam) ou un vol depuis Bruxelles, mais avec une escale à Lisbonne. Bref, c'est une destination qui se mérite.

Pour Life, le début de l'aventure capverdienne est l'un des premiers projets à l'étranger après des réalisations -réussies- à Anvers, Bruxelles et Louvain, dont principalement des appartements et des espaces de bureaux. Le projet le plus connu est peut-être celui de la tour Watt à Anvers, l'ancien immeuble de bureaux Electrabel transformé par Life pour y accueillir des entreprises ainsi que le concept de co-working Fosbury & Sons, dont Life (qui signifie Living In Funky Environments) est copropriétaire.

Galerie d'art

"L'envie de faire quelque chose d'exotique me titillait depuis un certain temps", confie Hannecart, qui a fait ses premiers pas en tant que promoteur immobilier il y a trente ans. Mais avoir un bon contact sur place est très important pour assurer le succès d'un projet immobilier d'envergure à l'étranger. C'est là qu'intervient Jasper Vercruysse, Belge lui aussi, enthousiaste lui aussi, qui, après une courte carrière chez le producteur de lingerie Van de Velde, décide de s'installer à São Vicente. Son projet initial était d'y ouvrir une galerie d'art, mais, depuis, il a ajouté quelques cordes à son arc: le projet Barefoot Luxury et la distribution de gazon synthétique.

Jasper Vercruysse se souvient de cette rencontre décisive: "Un beau jour, Serge a poussé la porte de ma galerie d'art à Mindelo. Il était intéressé par un livre, mais, en essayant de le prendre, il a fait tomber une autre pile de livres pile sur un vase de Zaha Hadid, qui a volé en éclats. Casseur, mais gentleman: Serge a tenu à tout rembourser."

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Haut en couleurs

Depuis cet épisode, le désormais ex-galeriste est le bras droit de Hannecart sur place. Sa mission? Veiller au bon déroulement du chantier de construction des trente villas, et bientôt de l'hôtel. Par ailleurs, cet enthousiaste est aussi une excellente carte de visite pour la région. "São Vicente me rappelle le Portugal, Cuba et le Brésil. J'adore le style de vie local. À Mindelo, il n'y a ni feux de signalisation, ni contrôles de vitesse", ajoute l'expat' alors que nous déambulons dans le centre-ville.

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Les habitants n'en ont pas conscience et pourtant, leur architecture haute en couleurs est au-delà de l'instagrammable, comme si l'équipe de la maison de couture italienne Fendi y avait passé ses vacances avant de créer la collection été.

Des maisons couleur café, des touches d'orange, un mur vert vif rehaussé de vert foncé, toutes les nuances de violet et de rose. Dont un palais rose, en plein centre, se déroule actuellement une petite exposition consacrée à la plus célèbre habitante de Mindelo, Cesária Évora, chanteuse folk de renommée internationale, aujourd'hui décédée. Évora est surnommée la 'diva aux pieds nus', parce qu'elle ne montait jamais sur scène avec des chaussures. Voilà comment un concept est érigé en mode de vie...

Pendant l'exploration de Mindelo, le petit club de journalistes qui s'est envolé pour l'île capverdienne bombarde le Belge de questions. Qu'en est-il de la scène artistique? Où sont les meilleurs restaurants? Quel musée faut-il absolument visiter? En matière de destinations de luxe, les stéréotypes ont la vie dure: art populaire, restaurants étoilés, architectes de renom, jacuzzis et tout le tralala...

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Autant d'éléments absents des villas. Il tente de nous expliquer qu'aujourd'hui, l'authenticité des habitants de l'île, la nature intacte et les plages où pas un chat ne bronze répondent peut-être justement aux envies des voyageurs.

Invités ce soir-là dans la superbe villa-témoin de Life, nous comprenons ce qu'il veut dire: les homards grillent sur le barbecue, l'ambiance est assurée par la venue de quelques propriétaires de villas des environs, le coucher du soleil est beau comme une image sur fond sonore du bruissement de la mer. Oui, nous avons enlevé nos sandales, car c'est en retirant plutôt qu'en ajoutant quelque chose que l'on touche au véritable luxe.

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