L'horizon d'Istanbul.
L'horizon d'Istanbul.
© Engin Yapici / Unsplash

En train vers les tropiques | Étape 2: de Bucarest à Istanbul

Notre journaliste s'offre le summum du luxe: voyager sans se soucier du temps qui passe, et ce, sans prendre l'avion pour relier Bruxelles à Bali. Dans ce second épisode, elle se rend de Bucarest à Istanbul.

Série | "En train vers les tropiques"

Un vol de Zaventem à Bali dure environ dix-huit heures. Et si le temps ne jouait aucun rôle -n'est pas là le luxe ultime?- et que le voyage lui-même devenait l'aventure? En train, en bus ou en bateau, on voit défiler les paysages et les cultures. En chemin, on peut ainsi enfiler des patins à Vienne, découvrir les splendeurs d'Istanbul ou skier au Kazakhstan. Notre journaliste Sofie Neven nous emmène chaque semaine dans son voyage terrestre de Bruxelles à Bali.

Étape 2: de Bucarest à Istanbul

Trajet: de Bucarest (Roumanie), à Istanbul (Turquie), 658 kilomètres, Flixbus.
Heures de départ et d'arrivée: du dimanche soir 23 heures au lundi matin 10 heures, heure locale.

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Dans un bus de nuit, on ne dort jamais aussi bien qu'à bord d'un train de nuit. Surtout lorsqu'il s'agit de passer la douane et les contrôles de bagages à moitié endormi entre 4 et 6 heures du matin à la frontière entre la Bulgarie et la Turquie. Heureusement, il y a aussi de la beauté dans ces moments fatigants. Je fais la connaissance d'un turc d'une gentillesse infinie qui parle d'Istanbul, de son déménagement en Albanie et de ses adresses secrètes pour les meilleurs desserts. Lors d'une escale, il nous offre, à Cyril et moi, un bol de soupe aux lentilles pour le petit déjeuner. C'est un plat que je n'aurais jamais envisagé avant, pour le petit déjeuner, mais qui s'avère étonnamment délicieux.

Sept collines

Se perdre dans les rues d'Istanbul.
Se perdre dans les rues d'Istanbul.
© Shutterstock

Dès notre arrivée à Istanbul, la fatigue disparaît. Je suis aspirée par l'énergie de la plus grande ville de Turquie, avec plus de quinze millions d'habitants. Nous nous perdons dans un dédale de petites rues pleines de boutiques, de restaurants, de salons de thé et de dessert, de mosquées, de palais, de galeries et de musées, mais aussi dans le bazar aux épices, sur les marchés et dans les magasins où un seul type de produit est vendu, allant des balances aux éclairages LED, en passant par les légumes marinés et les coffres-forts. Pas besoin de mille images, ici on achète tout hors ligne.

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Le long du Bosphore, je réalise à quel point la ville est grande et imposante. Aussi loin que je puisse voir, je vois des collines couvertes de maisons, d'appartements et de mosquées qui s'élèvent. Tout comme Rome, Istanbul est construite sur sept collines. Pour les admirer de loin, le ferry se révèle rapidement comme mon moyen de transport préféré. Avec une tasse de thé à la main, nous observons la ville défiler, lentement, au fil du clapotis de l'eau. Et puis, un spectacle totalement inattendu s'offre à nous: nous apercevons des dauphins! Bref, ma journée est faite.

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Architecture de baklava

Nous descendons la Corne d'Or et voyons Balat, l'un des plus anciens quartiers, connu pour ses ruelles étroites et ses maisons colorées où se mêlent les influences byzantines, ottomanes, juives et grecques. L'architecture ici est parfois aussi stratifiée qu'un baklava, une pâtisserie très sucrée que l'on trouve, pour ainsi dire, à chaque coin de rue. Et puis, devant nous, Sainte-Sophie. Il s'agit du meilleur exemple du mélange qui caractérise Istanbul: le bâtiment a été tour à tour basilique, mosquée puis musée. Aujourd'hui, Sainte-Sophie est de nouveau ouverte, depuis 2020, au culte musulman (mais entrée payante pour les visiteurs étrangers).

La Sainte-Sophie
La Sainte-Sophie
© Shutterstock

Grâce au ferry, nous dînons en Asie et dormons en Europe. Nous découvrons les différents quartiers, chacun avec sa propre ambiance. À Kadıköy, nous respirons l'atmosphère jeune le soir, avec des restaurants, des cafés et des boutiques très fréquentés. Nous marchons à travers une galerie entièrement composée de librairies, où les étudiants feuillettent les livres. Et sur le chemin du retour, le stand de café turc est toujours ouvert. Curieuse, je regarde comment l'homme fait mijoter lentement le café dans la cezve, une petite casserole en cuivre avec un long manche qu'il tourne dans le sable chaud. Une ancienne technique qui donne un goût intense que tout le monde n'apprécie pas, moi y compris.

Meilleurs profiteroles

La tour de Galata dans le quartier de Karaköy à Istanbul.
La tour de Galata dans le quartier de Karaköy à Istanbul.
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À Karaköy, nous marchons dans de grandes rues commerçantes très fréquentées, où un petit tramway se déplace entre les passants. Mais nous nous écartons aussi vers des galeries cachées. Parfois, cela ne mène nulle part, parfois nous tombons sur des scènes de thé conviviales, où nous sommes immédiatement invités à prendre une tasse de thé.
Chez Inci Pastanesi à Taksim, nous mangeons, selon notre ami turc, les meilleurs profiteroles, recouverts de sauce au chocolat, et chez Karaköy Güllüoğlu, le meilleur baklava. Après une bouchée, je ne peux guère le contredire.

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Un peu plus loin, dans l'une des ruelles, nous découvrons un petit café où les locaux jouent au backgammon et boivent du thé. "Échecs?", demande Cyril. Nous jouons pendant des heures, jusqu'à ce que je sois plus fatiguée que la pipe à eau.

Massage et gommage

Valide-i Atik Hamamı
Valide-i Atik Hamamı
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À Üsküdar, un quartier résidentiel calme, je m'offre un massage et un gommage au Valide-i Atik Hamamı, un hammam local où un ami turc allait autrefois avec son père. Ceux qui préfèrent se baigner dans un peu plus de luxe peuvent essayer le Hürrem Sultan Hamamı, comme me l'a conseillé une amie turque.
Non loin de là, nous nous arrêtons à Nevmekan Sahil, un endroit où un restaurant, une bibliothèque et une galerie se rejoignent sous un magnifique dôme. À Kadim Kahve, nous nous glissons à l'intérieur pour voir comment cet ancien hammam a été transformé en un café très cosy. Nous découvrons ensuite, à Eminönü, sous le magasin de tapis Nakkaş Rugs un ancien réservoir d'eau.

Et puis il y a les véritables stars de la ville: les chats. Alors que de nombreuses autres villes préfèrent s'en débarrasser, ici ils sont accueillis avec de la nourriture, des maisons pour chats. Une page Instagram leur est même dédiée: "Cats of Istanbul". Ces petits bêtes à quatre pattes se promènent ainsi dans les rues, dorment sur les marches des bâtiments historiques et se sentent chez eux partout, comme si la ville leur appartenait.

Après avoir sillonné la ville, on ne peut que constater que quatre jours à Istanbul, c'est bien trop court. Je pourrais continuer des jours durant à la sillonner, à m'imprégner de son énergie et naviguer sans fin avec le ferry vers des lieux qui me sont encore inconnus. Mais avec moi, ou sans moi, la ville continue de se déployer dans toutes les directions, pleine de surprises, d'odeurs, de sons et de visages qui vous racontent à chaque fois une histoire différente.

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