L'Anversoise Isabelle Vermeersch nous parle de ses reportages photos. Ce qu'elle préfère: la nourriture dans les vols asiatiques, écouter du piano et improviser l'itinéraire.
Sur la route 1/6
Prendre le large ne se limite pas à la Beat Generation. Le voyage est une source d'inspiration intemporelle, un moment de flottement qui éveille l'imaginaire. Nous avons demandé à six Belges ce que leur évoque le fait d'être sur la route. Voici ce que la photographe Isabelle Vermeersch nous a répondu.
Un métier de rêve? Ce à quoi Isabelle Vermeersch occupe ses journées en a tout l'air. De designeuse d'intérieur, elle est devenue photographe de voyage depuis maintenant quatre ans. Rien que l'année dernière, l'Anversoise est allée au Vietnam, aux Philippines, en Corée du Sud, en Espagne, en France, au Maroc, en Argentine et en Antarctique. Elle travaille pour des magazines et des hôtels, mais voyage aussi en famille, avec son mari et leurs deux enfants, et partage le tout avec sa communauté sur les réseaux sociaux.
Quel est ton mode de transport préféré pour voyager?
"Je préfère voyager en avion, même si je suis consciente que ce n'est pas l'option la plus écologique. Voler me permet d'atteindre des destinations plus éloignées qui sont autrement inaccessibles. Il y a quelque chose de fondamentalement magique à propos des aéroports, qui contiennent toujours une énergie trépidante."
"Ma destination de rêve est tout endroit qui me permet de raconter une nouvelle histoire à travers mon objectif."Isabelle Vermeersch
Après avoir autant voyagé, parviens-tu encore à ressentir cette magie?
"Quand je suis à l’aéroport, oui, surtout quand je suis seule. Je mets mes écouteurs avec une playlist douce, souvent du piano, ça permet de contraster avec le chaos ambiant. J'aime observer les gens. Où est-ce qu'ils vont? À qui disent-ils au-revoir?"
"En voyage, parfois, ça devient plus dur d’apprécier le moment que je vis. Quand j’étais en Antarctique pour un magazine, le premier iceberg que j'ai vu, je me suis dit 'wow, c’est fou'. Au bout du vingtième, je n'étais plus impressionnée, mais j'essayais de continuer à les contempler comme si c'était la première fois. C’est aussi ce que je dis à mes enfants aussi, avec lesquels je voyage beaucoup."
Comment est-ce, l'Antarctique?
"Photographier la faune en Antarctique a été une expérience inoubliable. Les paysages immaculés et les animaux incroyables étaient au-delà de tout ce que j'avais jamais capturé. C’est dur à décrire. C'est un lieu totalement différent et magique, on n'a même pas l’impression que c’est réel."
As-tu une destination de rêve que tu n'as pas encore visitée?
"Chaque lieu a un charme et une histoire unique, ce qui rend difficile d'en choisir une seule. Ma destination de rêve est tout endroit qui me permet de raconter une nouvelle histoire à travers mon objectif."
"Si je devais choisir, ce serait l'Afrique, que je n'ai pas encore explorée. Les paysages vastes et variés du continent, des savanes étendues aux montagnes imposantes en passant par les forêts tropicales luxuriantes, offrent une toile infinie pour ma photographie."
"En voyage, on a souvent été dans des situations où, avec mon mari, on se regardait en se disant 'Qu’est-ce qu’on fait ici avec nos enfants?!'"Isabelle Vermeersch
Quel genre de voyageuse es-tu, plutôt organisée ou baroudeuse?
"Je suis aventureuse et spontanée. J'aime l'excitation de l'inconnu et le frisson d'explorer de nouveaux endroits sans itinéraire rigide. Je change mes plans sur un coup de tête, pour aller chercher des joyaux cachés en cours de route. Que ce soit randonner sur un sentier éloigné, plonger dans la culture locale ou simplement me perdre dans une nouvelle ville, je trouve de la joie dans la spontanéité et l'imprévisibilité du voyage. Je ne reste jamais au même endroit trop longtemps."
J'imagine que ça t'a apporté son lot de péripéties.
"On a souvent été dans des situations où, avec mon mari, on se regardait en se disant 'Qu’est-ce qu’on fait ici avec nos enfants?!', par exemple, quand la mer est déchaînée. Ou bien, une fois, on était perdus dans le noir à Bali. On est allé au supermarché et, tout d'un coup, il faisait nuit, on n'arrivait plus à trouver notre chemin, la police a dû nous récupérer. D'ailleurs, quand on est arrivés à Bali, nos bagages étaient perdus. Avec des enfants en bas âge, ce n'était pas facile de ne rien avoir."
Est-ce que tu as des souvenirs marquants en avion?
"J'ai eu mon lot de courses jusqu'à la porte d'embarquement, ce qui ajoute toujours un peu d'excitation au voyage."
"J'ai eu un peu peur quand j’ai dû prendre un petit avion à hélices de Manille à Palawan, il n'y a pas d’espace et ça secoue dans tous les sens. Mais en sortant de l'avion, c’était la plus belle vue que j’ai jamais vue, avec de l’eau turquoise."
Quel a été ton vol le plus long?
"C'était d'Amsterdam à Manille: 17 heures de vol avec des enfants. Dieu merci, ils sont déjà grands. C’était l’année dernière, on leur a fait l'école à la maison et on a voyagé pendant plusieurs mois au Vietnam et aux Philippines.
"Pendant les longs vols, j'attends toujours la nourriture avec impatience. Les meilleures, ce sont les compagnies asiatiques, qui servent du riz et des nouilles. Les compagnies européennes sont souvent décevantes."
Parviens-tu à différencier vacances et travail?
"La frontière est étroite. Je ne peux pas laisser mon appareil photo chez moi, c'est une passion. Mes enfants savent que je passe mon temps à les photographier. J’aime le story telling visuel pendant nos vacances en famille. Donc oui, je travaille toujours, mais je n’ai pas l’impression d’être au travail, c'est du plaisir."