Pour Jean-Pierre Bruneau, "se lever chaque matin en surplomb de la ville est un formidable cadeau."
Pour Jean-Pierre Bruneau, "se lever chaque matin en surplomb de la ville est un formidable cadeau."
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Pourquoi le chef Jean-Pierre Bruneau a-t-il déménagé à Ostende?

Jean-Pierre Bruneau et Veerle Wenes arrivent d'horizons différents mais ont tous deux été attirés par l'originalité et la simplicité d'Ostende.

Jean-Pierre Bruneau

Jean-Pierre Bruneau, qui a arboré pendant des années trois étoiles Michelin pour son restaurant bruxellois éponyme, a été Fournisseur breveté de la Cour et mentor de toute une génération de nouveaux chefs. Aujourd'hui, nous le retrouvons au sixième étage d'une majestueuse résidence, d'où il contemple Ostende.

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Vous établir à Ostende était-il une décision de longue date?

"J'avais dix ans quand j'ai vu la mer pour la première fois. Bien que j'aie grandi à Namur, cette première fois a marqué un virage décisif: depuis lors, j'ai toujours préféré la mer à la forêt. Plus tard, il m'a fallu un pied-à-terre en bord de mer. Avec mon épouse, Véronique Dury, j'ai acheté un petit appartement sur la digue d'Ostende. Comme je ne me plaisais plus dans la capitale après la fermeture de Bruneau, en 2018, j'ai élu domicile ici, à l'instar de nombreux amis bruxellois. Nous avons cherché un appartement plus spacieux et avons fini par nous installer près du Parc Léopold. Se lever chaque matin en surplomb de la ville est un formidable cadeau. C'est à ce moment-là que je décide comment et dans quel ordre je vais organiser ma journée: marcher, lire, faire du vélo et rencontrer des amis."

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Jean-Pierre Bruneau avait dix ans quand il a vu la mer pour la première fois.
Jean-Pierre Bruneau avait dix ans quand il a vu la mer pour la première fois.
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Est-ce qu'Ostende a changé votre vie?

"Absolument. Par exemple, je redécouvre le monde en faisant deux heures de vélo chaque jour. Parfois, je longe la côte en direction du casino de Middelkerke. À la haute saison, j'aime aller observer les bateaux de pêche dans le port avant de poursuivre jusqu'à Bredene à travers les dunes. Je roule plus de 3.000 kilomètres par an."

Quels sont les principaux atouts d'Ostende?

"Son accessibilité. On peut s'y rendre en voiture, à vélo, en tram, en train et même en bateau. Il y a aussi un aéroport à seulement cinq minutes du centre. Ostende est également une ville où règne une forte solidarité. À Bruxelles, je ressentais davantage de divisions."

Quels aspects de Bruxelles vous manquent à Ostende?

"Le marché matinal et le contact avec mes fournisseurs, qui sont devenus des amis au fil des ans. Je leur achète souvent du foie gras cru ou d'autres produits difficiles à trouver à Ostende. Et, mes repas chez d'anciens poulains: Karen Torosyan (Bozar** à Bruxelles) ou Thomas Locus (Brasserie Julie* à Bodeghem-Saint-Martin)."

Quels sont les aspects méconnus d'Ostende?

Certains quartiers de la ville, comme le Petit Paris, ont une personnalité française marquée. Je suis toujours étonné par la parfaite maîtrise du français de tous les commerçants. Du coup, Ostende est une sorte Bruxelles au bord de la mer."

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Ses bonnes adresses

Muccka
"Un charmant restaurant. Dans sa petite cuisine, le chef concocte des plats simples, mais toujours justes."
Adresse: Marie-Joséplein 6, Ostende.
www.muccka.be

Boucherie Vandamme
"Une bonne boucherie, c’est primordial. Quand j’ai commandé une tête de veau ici, le boucher m’a pris pour un fou. Pourtant, désosser une tête de veau était une tradition pour tous ceux qui sont passés dans ma cuisine."
Adresse: Peter Benoitstraat 1, Ostende.
www.slagerijvandamme.be

Sint-Michel
"Deux fois par semaine, je vais au Sint-Michel avec des amis. Dans ce café chaleureux tenu par le jovial Michel De Souter, les Ostendais se sentent chez eux. Ostende a une ambiance de village."
Adresse: Jozef II-straat 58, Ostende

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Brasserie David
"Mon épouse et moi faisons les courses ensemble. Elle s’occupe de la mise en place et je cuisine tous les jours. J’aime emmener mes amis de passage à la Brasserie David, une de mes adresses préférées. Cet établissement, ouvert le midi, est tenu par David Dewaele, ex-chef de l’ancien restaurant triplement étoilé De Karmeliet à Bruges."
Adresse: Christinastraat 45, Ostende.
www.brasseriedavid.be

Kiss the Chef
"L’autodidacte Daorung Kaenphutsa est une cheffe talentueuse. Elle propose une cuisine thaïlandaise de produits frais et de saison. Avec seulement quatre ingrédients, elle parvient à faire preuve d’une grande créativité."
Adresse: Visserskaai 41, Ostende.
www.kissthechef.be

Veerle Wenes

"Ici, il y a quelque chose  dans l'air et la lumière que j'ai du mal à définir, mais qui est tout simplement différent", affirme Veerle Wenes.
"Ici, il y a quelque chose dans l'air et la lumière que j'ai du mal à définir, mais qui est tout simplement différent", affirme Veerle Wenes.
© Thomas Nolf represented by CRUSH

Toute sa vie, Veerle Wenes a cherché un lieu unique à Ostende avec vue sur la mer. Elle l'a finalement déniché en 2015. Pour sa galerie satellite, ce fut plus rapide: en deux ans, la galeriste a cherché, trouvé et inauguré l'espace "Valerie Troost" au cœur des rues commerçantes.

Comment s'est tissé votre lien avec Ostende?

"J'ai grandi à Tielt, en Flandre occidentale, une ville où il ne se passait pas grand-chose. Ostende était la ville intéressante la plus proche, et, enfant, mes parents m'y emmenaient souvent. Pas nécessairement pour barboter dans l'eau, mais plutôt pour explorer la ville, acheter des livres chez Corman, visiter le musée PMMK (aujourd'hui Mu.Zee), prendre un café filtre au Café du Parc, mais aussi pour des choses simples: il y a soixante ans, nous allions chercher le poisson frais sur place, à la mer, car il n'était pas livré à l'intérieur du pays. À 17 ans, j'ai quitté Tielt pour Gand, où j'ai vécu pendant quarante ans. Ma galerie, 'Valerie Traan', m'a menée à Anvers, mais l'idée de vivre à Ostende me tentait: tout au long de ma vie d'adulte, j'ai patiemment cherché un appartement de caractère avec vue sur mer, jusqu'à ce que je déniche la perle rare. Après mon déménagement, je suis devenue officiellement résidente d'Ostende. Il y a huit ans, mon mari et moi nous sommes mariés dans le magnifique hôtel de ville."

Quand l'idée d'ouvrir la galerie satellite "Valerie Troost" vous est-elle venue?

"La principale limite d'une galerie n'est pas l'espace, mais le temps disponible pour les expositions. Avoir deux sites permet de présenter davantage d'œuvres à un public plus large, qui ne se déplace pas forcément jusqu'à Anvers. L'idée a germé il y a deux ans. Peut-être est-ce lié à mon âge, mais quand une idée me vient, je tiens à la concrétiser rapidement; le temps m'est compté! Seulement, trouver un local adéquat s'est avéré très difficile. Une galerie, c'est avant tout un espace physique et comme je suis architecte de formation, le choix du lieu était crucial. Lorsque je suis tombée sur ce local quasiment prêt à l'emploi, avec une hauteur sous plafond de trois mètres, à deux pas de la rue commerçante Adolf Buylstraat, Frank Maes, mon co-curateur, et moi n'avons pas hésité."

De Valerie Traan à Anvers à Valerie Troost à Ostende: pourquoi ce nom?

"Valerie Traan est un clin d'œil à mon prénom - Veerle est devenu Valerie et Wenes (de 'wenen', 'pleurer' en néerlandais) est devenu Traan ('larme'). Combiné au Oost d''Ostende', cela a donné Valerie Troost. Traan ('larme') et Troost ('réconfort'), c'est presque trop parfait pour être vrai, non? J'ai ensuite réalisé que le réconfort n'est pas seulement une belle notion, mais que la mer et sa proximité le procurent également, que ce soit par le biais de la nostalgie ou de la contemplation."

"J'ai été inondée d'une chaleur et d'une serviabilité qui me donnent encore des frissons", affirme Veerle Wenes.
"J'ai été inondée d'une chaleur et d'une serviabilité qui me donnent encore des frissons", affirme Veerle Wenes.
© Thomas Nolf represented by CRUSH

Qu'est-ce qui vous attire dans la ville et la mer?

"Ici, il y a quelque chose dans l'air et la lumière que j'ai du mal à définir, mais qui est tout simplement différent. Même l'agitation, aux confins du pays, est unique: elle ne ressemble en rien à celle de Knokke, avec son défilé de voitures et de célébrités. Ostende en est l'antithèse: c'est un havre de paix pour les people amateurs de culture qui apprécient la beauté, les bonnes choses et les promenades sur la plage. Que ce soit à la boulangerie Decock, chez le volailler Laleman, le poissonnier Luc ou le fromager Bretoentje, je suis parfois étonnée de rencontrer autant de célébrités: toutes ces personnes connues apprécient d'être là, heureuses de ne pas être abordées ni observées."

Venant d'une autre ville, vous sentez-vous étrangère ici?

"En tant que station balnéaire, il y a du va-et-vient à Ostende. Il y a des Ostendais, des touristes d'un jour, des habitants qui y ont une seconde résidence et des personnes âgées qui s'y installent à la retraite. Le fait que les trains de tout le pays arrivent ici depuis des années est très important pour moi. D'ailleurs, saviez-vous que la première autoroute belge reliait Bruxelles à la côte? Cette affluence vers la ville a toujours existé. La galerie a été chaleureusement accueillie dans le quartier. De l'invitation du voisin à prendre son parapluie quand il pleut aux voisins qui réceptionnent les colis en mon absence, j'ai été inondée d'une chaleur et d'une serviabilité qui me donnent encore des frissons."

Ses bonnes adresses

Casino
"Qui connaît les intégrations artistiques qui se trouvent au Casino? Je les ai découvertes suite à la présentation du mémoire d’Els Degryse, employée du Casino: ‘Stynen kiest kunst’ est la première exposition consacrée à l’architecte Léon Stynen et à son œuvre d’art total avant-gardiste pour l’époque, soit une architecture ornée d’œuvres de Paul Delvaux, George Grard, Pierre Caille et bien d’autres."
Adresse: Kursaal-Westhelling 12, Ostende.
www.kursaaloostende.be

Galerie Tom Gerits
"Tom Gerits est spécialisé dans l’art moderne belge d’après-guerre. Il a une collection fantastique (dont des œuvres de Roger Raveel et Luc Peire), un goût sûr et une capacité à discerner l’essentiel: il vise toujours juste. À découvrir: sa grande collection d’œuvres d’Étienne Elias, la bibliothèque et le lieu, qui mérite une visite. La splendide façade noire était autrefois celle de la librairie Corman."
Adresse: Madridstraat 5, Ostende.
www.galerietomgerits.com

White interiors
"J’aime passer chez White Interiors, pour moi ou pour suggérer des pièces à mes enfants. Le propriétaire, Mike Standaert, est un professionnel du mobilier vintage. Un vaste magasin proposant un large choix à des prix corrects et surtout, sans prétention."
Adresse: Langestraat 55, Ostende.
www.whiteinteriors.be

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