The Peligoni Club, une adresse ultra confidentielle à Zante (ou Zakynthos), organise deux fois par an une pace week pour les aficionados du mojo "Mens sana in corpore sano".
On ne va pas y aller par quatre chemins, The Peligoni Club tient un concept unique. Ce club de plage décontracté et à l’esprit bohème chic propose l’accès à un endroit idyllique entouré de cyprès et d’eaux cristallines d’un bleu profond, avec quelques cottages en pierre et des chèvres pour compagnie. Mais pas que.
Puisqu’il n’offre pas son propre logement, le club se fait pardonner autrement. Outre une variété d’activités nautiques pour petits et grands, ses restaurants et autres pop-ups culinaires, le club met à disposition un choix particulièrement impressionnant de villas, cottages, B&B disséminés aux alentours du club. Tous différents, ces 85 logements au service presque hôtelier peuvent accueillir entre 2 et 16 personnes, et possèdent quasiment tous leur piscine privée. Certains sont plutôt modernes (comme les villas Elia, Manousakia ou Zephyros), d’autres de style plus rustique (comme les villas Thea, Halcyon ou Kapari Bay). Le dénominateur commun est un niveau de finition qui ne laisse rien au hasard. Et si cela ne suffisait pas, le Peligoni Club a lancé, l’an dernier, une seconde "Pace week" annuelle, une semaine où tout tourne autour du bien-être, physique forcément, mais mental et psychique également.
Barefoot luxury
Après un trajet de 45 minutes sur des routes côtières sinueuses, on arrive enfin dans la bourgade d’Agios Nikolaos, dans la partie nord, quelque peu plus sauvage, de l’île ionienne au large du Péloponnèse. Celle-ci est populaire pour ses multiples églises, un témoignage de l’époque où Byzance dominait la région, ses moulins posés sur la crête des collines, la couleur de l’eau qui lèche ses plages de sable fin, l’anse du naufrage de Navagio (certainement le site le plus photographié après l’Acropole) et son parc national marin.
Au détour d’un olivier, nous arrivons au Peligoni Club. Le temps semble s’être suspendu, ou du moins il n’a pas d’emprise sur les hôtes installés dans les canapés en rotin sous les vérandas ombragées. À la réception, qui joue entre l’intérieur et l’extérieur, un tableau noir reprend le programme — fort chargé — de la journée. C’est le début de la Pace week, et on croise d’ailleurs plus de clientes en tenue de sport qu’en maillot de bain. On nous explique, en anglais très "british", que le programme de la semaine est disponible sur un site dédié, qu’il faut créer son compte afin de pouvoir réserver sa place lors d’un ou des cours auxquels nous aimerions participer. La Pace week étant complète, on nous indique qu’il est préférable de parcourir l’agenda de la semaine A.S.A.P.
Pour descendre vers la mer, pieds nus, il suffit d’emprunter quelques escaliers qui mènent aux différents plateaux en terrasse. Point de sable fin ici, mais une plage de roche noire, très abrupte. On peut plonger dans une eau cristalline et remonter grâce à une échelle et des escaliers en bois. Dans l’un des sun beds, un jus frais à la main, nous parcourons les cours tandis que certains s’essayent à la planche à voile. Le cabanon de bord de plage abrite gilets de sauvetage, skis nautiques, planches de paddle et mini voiliers.
The Peligoni est une adresse confidentielle, un club à l’esprit bohème chic et familial.
À la carte
Il y a notamment six différents pôles: si le fitness et le yoga semblent évidents, il y a aussi une partie axée sur le mindfulness (breathwork par exemple), des workshops (culinaires ou de développement personnel), du cycling et du tennis.
On peut facilement s’y retrouver, les catégories étant répertoriées par un système de couleurs: le yoga en mauve, les workshops en rose, les cours de fitness, de cardio, de tennis ou à la piscine en vert, etc. On peut choisir le déroulement de sa semaine comme un menu à la carte. Ou bien rester au bord de la piscine. Chacun son truc.
Mais avant de participer à un premier cours, nous sautons dans une navette (le service qui relie le Peligoni Club aux différentes propriétés est inclus dans le forfait de la Pace week, à la demande et à volonté via Whatsapp) pour nous rendre en une dizaine de minutes à la villa Halcyon, une bâtisse en pierre de style toscan perdue dans les collines de l’arrière-pays.
Ici, la vue est imprenable sur la mer Ionienne, au loin, et nous n’avons pour voisines que les cigales. Cerclée de bougainvilliers, d’arbres fruitiers et de plantes aromatiques, la villa restaurée avec goût abrite quatre chambres et leurs salles de bain, un salon intérieur et extérieur, une terrasse ombragée et une longue piscine. Des produits de première nécessité nous attendent dans la cuisine, fournis par le Deli, la supérette du Peligoni dans laquelle on peut prendre son petit-déjeuner ou faire ses courses de produits locaux si l’on souhaite préparer un repas à la villa. Entre les restaurants Tasi ou The Terraces, le Deli, mais aussi les festins du soir au Courtyard, la cuisine n’est certainement pas le haut lieu de rencontre de ces 85 logements.
The more, the merrier
En outre, on nous murmure que la villa Halcyon appartient à Ben Shearer, propriétaire du Peligoni Club avec quelques membres de sa famille. Pour la petite histoire, tout commence en 1989 quand les Britanniques Vanessa Goldie et Johnny Alexander décident de jeter l’ancre et d’installer un cabanon de plage dans ce petit coin reculé de l’île pour inviter des membres de la famille et leurs amis. Il y a peu, voire pas de routes, pas d’électricité (il leur faudra attendre 15 ans!), mais il y a du vin!
Petit à petit, ils se développent et se créent une clientèle de fidèles, comme le "property developer" Ian Shearer et sa famille, qui prennent l’habitude de venir y passer leurs journées pendant leurs vacances dans le voisinage. En 2005, face à un avenir incertain (Vanessa et Johnny souhaitent rentrer en Grande-Bretagne), le Peli devient la propriété des Shearer, soucieux de préserver ce club qui a une inestimable valeur sentimentale à leurs yeux.
Fast forward jusqu’à 2024. Les enfants d’Ian, Ben et Anouska (Noosh) Shearer tiennent le cap tout en insufflant ce vent de modernité et de sophistication qui fait sa singularité. Ils ont fait installer un spa et une piscine, des lits de plage et des transats hyper confort. Ainsi, le mobilier de fortune fait place à un mobilier très étudié. Aujourd’hui, ils n’ont pas à pâlir devant les géants des vacances tout compris, car, ici, c’est résolument un club de famille à taille humaine empreint de modestie (zéro bling-bling au point que c’en est rafraîchissant), où la clientèle partage l’envie de se dépenser, mais aussi qui apprécie de papoter assis à une longue tablée. On ne compte d’ailleurs "que" 400 clients pour 160 membres de personnel, en pleine saison.
La nouvelle génération est également l’instigatrice des semaines Pace ou House Party, regorgeant d’experts et d’ateliers en tout genre (bien plus que pendant le reste de l’année). Lors de la Pace week, cela tourne plutôt autour des 150 clients. Une cliente américaine dans la vingtaine nous avoue ainsi qu’elle participe à sa seconde Pace week, seule, pour se ressourcer, parce que, "Well, why the hell not?". Un couple de trentenaires allemands sont venus passer deux semaines d’affilée avant de rentrer au bercail.
Si la clientèle vient de tous horizons, elle est essentiellement aussi anglophone que les équipes du Peli, c’est peut-être là le seul pêché de l’adresse. Si on a envie d’un peu de couleur locale, il suffit de s’aventurer à quelques minutes de là pour découvrir les délicieux mets grecs des restaurants de bord de plage ou de discuter avec Spyros et Spyros, les skippers du bateau qui nous emmènent découvrir la Shipwreck beach et les Blue Caves (un must).
"Nous sommes comme Amazon, disponibles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Tout le monde mérite de prendre soin de soi, ne serait-ce qu’une heure par jour."Adrienne Herbert
Adult boot camp
Comme nous ne sommes pas ici pour enfiler des perles, au lever du soleil nous chaussons nos baskets et descendons au Peli à pied. Cela deviendra notre habitude de la semaine. De la villa Halcyon, il faut compter pas moins de 45 minutes à un bon rythme, le long des routes escarpées (attention elles sont sans trottoir, mais la circulation est réellement inexistante). Les parents stressés peuvent déposer leur progéniture, tant les bébés que les adolescents sont pris en charge, avant de profiter d’une garantie temps libre bien mérité et de se présenter au premier cours de la journée, de yoga en l’occurrence, qui a lieu à 8h du matin. Ça pique, mais avec la vue, on oublie tout. Et puis, la solidarité, réelle et non feintée, est plus qu’appréciée: les hôtes font connaissance et se motivent. Un cours, puis l’autre. On déjeune ensemble au Tasi, on fait un plongeon dans l’eau, on renfile sa tenue de sport avant d’enchaîner avec un workshop. Les journées peuvent être chargées, mais quand on aime, on ne compte pas.
Les noms des cours sont courts, mais éloquents: Vinyasa Yoga ou Pilates, Combat Cardio ou Tone & Sculpt, Cycling ou Active Recovery: bref il ne faut pas avoir inventé l’eau chaude pour comprendre que la semaine est entièrement dédiée à l’équilibre de chacun. Trouver son yin et son yang, loin de toute l’agitation que l’on peut avoir à endurer. Et puis, il ne faut pas être un sportif aguerri: tous les cours sont dispensés pour que les débutants ne soient pas perdus ni courbaturés, ce qui est particulièrement appréciable.
Car les coachs, pour la plupart britanniques, sont des pointures dans leurs domaines: on peut tout d’abord citer Adrienne Herbert, une entrepreneuse digitale, auteure du livre "Power Hour" comptant pas moins de 4 millions de downloads de son podcast hebdomadaire. Elle explique simplement que l’on mérite de s’occuper de soi ne serait-ce qu’une heure par jour et lance une image qui parle: "Nous sommes comme Amazon. Nous sommes on demand 24 heures sur 24, 7 jours sur 7". Et son workshop résonne dans l’esprit, certes toute la semaine, mais bien après aussi, comme un fil conducteur de cette Pace week, que l’on peut vivre à son propre rythme.
Ce n’est pas égoïste de s’occuper de soi: c’est primordial. Et Herbert pousse au questionnement de soi doublé du dépassement de soi. Et il en faut pour, juste après, arriver à s’immerger dans un bain d’eau glacée sous l’impulsion de Ryan Abbott, un barbu bâti comme une armoire à glace. Il faut d’ailleurs compter près de trois heures pour suivre les recommandations, pratiquer de la cohérence cardiaque (breathwork) pour affronter ses peurs et sa réticence avant de s’immerger dans la baignoire.
À chaque édition, les intervenants changent (ou pas), mais le principe reste le même. Après une semaine, on revient chargé à bloc et avec une seule question en tête: quand est-ce qu’on revient?
| À partir de 1.100 euros la semaine pour les beach studios pour trois personnes.
| À partir de 3.500 euros la semaine pour la villa Halcyon (pour 8 personnes).
| À partir de 17.000 euros la semaine pour la villa Figari (pour 20 personnes).
| Il faut compter un supplément de 470 euros pour la Pace week (accès à toutes les activités sportives et nautiques, les workshops et le service voiturier).
| La prochaine édition aura lieu du 20 au 24 mai 2024, puis en octobre.