Le designer-artiste de renommée mondiale Jaime Hayon vient d’ouvrir un "guesthome" à Valence. Tout un chacun peut y séjourner, mais il y invite également des artistes en résidence tels que le Belge Yves Drieghe, un entrepreneur devenu photographe.
Jaime Hayon est aussi joyeux que ses créations. Tous les fans de couleurs, de fantaisie et de figures ludiques se délecteront sur sa page Instagram, où il divertit près de 200.000 followers à coup de peintures, d’objets design, de concepts d’hôtel et bien plus. Hayon dessine, esquisse, peint, conçoit et assure des curations pour de grands noms comme Zara, Fritz Hansen, Baccarat, &Tradition ou Camper. The Standard, l’hôtel tant attendu dont l’intérieur féérique a été conçu par Hayon, ouvrira ses portes en septembre à Bangkok, la capitale thaïlandaise. Et le magazine Architectural Digest vient de le reprendre dans l’AD100, son Top des cent meilleurs designers d’intérieur du monde.
"Hola Veerle!" s’exclame-t-il joyeusement sur WhatsApp depuis Valence. Hayon est un moulin à paroles qui évoque son travail avec tant d’enthousiasme que l’on comprend pourquoi ses créations suscitent un tel enthousiasme: c’est contagieux. Il parle de la Hayon Guesthome, en termes de parfums, mais surtout de couleurs, qu’il vient d’ouvrir au cœur de Valence. La résidence, au septième étage d’un bâtiment de l’entre-deux-guerres, est un appartement que Hayon loue à des touristes et où il invite des artistes en résidence. "Les artistes sont invités à se laisser inspirer par l’intérieur, la vue sur la ville et l’ambiance de Valence", commente Hayon.
L’appartement a accueilli son premier artiste, Yves Drieghe, fondateur de l’agence de publicité gantoise Dift, qu’il dirigeait avec son partenaire, Bert Pieters. L’année dernière, ils l’ont vendue pour s’installer à Lanzarote, dans les Canaries. C’est là qu’ils ont acheté une vieille ferme qu’ils sont en train de rénover pour en faire Hektor, un B&B doublé d’une "plantbased farm". Parallèlement, le Belge s’est lancé dans la photographie. "Il y a des années, j’ai acheté un appareil photo Fujifilm X-T1 sans rien en faire, par manque de temps. Une des raisons pour lesquelles j’ai changé de travail et de vie était l’envie de refaire des choses", explique Drieghe sur WhatsApp.
Drieghe photographie des intérieurs et des cadres particuliers, mais surtout les personnes qui y évoluent. L’année dernière, il a réalisé une série sur le décorateur belge Jean-Philippe Demeyer et son paradis brugeois pour Elle Decor USA. Il réalise également des nus et son style est tout sauf "mainstream".
Réveillon de Noël
C’est une suite de hasards qui a réuni Drieghe et Hayon. "Je suis son travail depuis longtemps", déclare Drieghe, qui a construit un village pop-up avec Dift pendant le Salone del Mobile de Milan. "L’année dernière, lorsqu’il a signalé sur Instagram qu’il séjournait à Anvers, je lui ai envoyé un message pour lui demander s’il avait envie de prendre un café. Je fais souvent ça avec les personnes qui m’inspirent, même si je ne les connais pas." Hayon a accepté: "Comme Yves, je crois aux rencontres fortuites entre esprits créatifs." Ils se sont ensuite retrouvés à Lanzarote, où Hayon était en vacances avec sa famille et ils ont fêté ensemble le Réveillon de Noël. "Totalement imprévu, mais c’était une soirée fantastique. Nous avons ensuite beaucoup parlé du fait de faire 'tabula rasa'. Je ne sais pas si Hayon le fera un jour, mais ça l’a fasciné."
"Valence m’a surpris: c’est une ville fantastique entre palmiers, Méditerranée et, ici-là, de très beaux bâtiments Art nouveau."Yves Drieghe
Et quand Hayon a ouvert sa résidence d’artistes, quelques mois plus tard, Drieghe lui a proposé une série de photographies. Du coup, Hayon l’a invité dans son "Guesthome". "Yves a un style qui lui est propre. À travers son objectif, il regarde une pièce comme nul autre photographe d’intérieur." Drieghe laisse parfois délibérément passer moins de lumière. "Je montre les pièces telles qu’elles sont", explique-t-il. "Dans une maison, il y a toujours des pièces un peu plus sombres, mais on ajoute souvent de la lumière pour la photo. Je préfère montrer le décor tel qu’il est."
Hayon guesthome
Hayon considère Drieghe comme un artiste. "C’est un artiste qui fait son truc, loin des tendances." Des paroles élogieuses pour le photographe de fraîche date. "C’est tout lui!", s’exclame Drieghe, charmé. "Il donne de l’énergie et pousse les gens à se dépasser. Mon séjour à Valence a boosté ma confiance en moi. Au départ, j’avais demandé quelques heures de son temps, mais il a été nettement plus généreux: il m’a guidé pendant quatre jours dans son univers. Il m’a fait découvrir la ville (Valence est formidable) et m’a aussi donné l’espace et le temps nécessaire pour expérimenter la photographie de portrait."
Certaines images seront publiées dans des magazines ou en ligne, d’autres resteront privées. "Je nous compare à des musiciens qui font une jam session, échangeant pendant des heures juste pour le plaisir." Les premières images publiques sont dans ce Sabato, ce qui permet de découvrir le regard que porte Yves Drieghe sur Jaime Hayon et son "Hayon Guesthome". Le designer a acheté l’appartement des années 20 dans un état de délabrement et de ruine avancé et l’a restauré avec une patience infinie et un admirable amour du détail. "J’y ai trouvé des sols en carrelages et des moulures d’origine, mais ils n’étaient jamais complets", explique Hayon à propos de la rénovation. "J’ai donc déposé certains sols pour compléter les dalles d’une autre pièce, par exemple. Ou bien je les ai fait copier à l’identique par des hommes de métier pour restaurer les parties abîmées."
"Je voulais ramener le passé au présent", poursuit le designer, qui a épicé le passé Art déco de l’appartement avec une pincée de poivre du moulin Hayon. Il est connu pour son mix audacieux de couleurs monochromatiques, une technique qu’il a appliquée ici également. La cuisine affiche un bleu resplendissant, la salle de bains est baignée de vert. Les portes et les meubles laqués sont également des éléments typiques du répertoire Hayon. Les connaisseurs remarqueront aussi les objets en céramique conçus pour la marque d’intérieur Maison Matisse, ou encore la chaise longue "Jaime Hayon" qu’il a conçue pour Fritz Hansen.
"C’est un merveilleux appartement", déclare Drieghe. "Jaime Hayon est un designer contextuel. Il conçoit chaque détail, mais toujours dans le respect de l’environnement. Il ne s’accorde jamais plus d’importance qu’à l’espace."
Séjour de vacances
Bonne nouvelle pour ceux qui souhaiteraient passer quelques nuits dans ce merveilleux univers valencien: le Hayon Guesthome est disponible à la location pour les vacances. L’emplacement, à deux pas du Mercado Central, ne pourrait être meilleur. Juste un détail: il est inutile de chercher les références de ce lieu magique sur un site Web en vue de le louer. "Il n’y en a pas", sourit Hayon. "Je recommande aux personnes intéressées d’envoyer un message via les réseaux sociaux. J’aime les conversations et les contacts personnels; je ne veux pas lancer un énième airbnb sans âme sur le marché. Cet appartement est un projet de passion, il faut que le courant passe et je préfère accueillir des gens qui apprécient au moins le design." Alors, pourquoi ne pas faire un petit WhatsApp avec un designer de classe mondiale? Une seule adresse: @Hayonguesthome.
Hayon Guesthome (deux chambres, salle de bain et séjour) est à louer via Instagram: @hayonguesthome, 400 euros la nuit. www.yvesdrieghe.be
Valencia World Design Capital 2022: les adresses préférées et les bons plans de Jaime Hayon et Yves Drieghe à Valence.
Après Lille et Mexico, c’est au tour de Valence de célébrer le design, et avec un ambassadeur de choix: Jaime Hayon. "Je suis né à Madrid, mais après avoir beaucoup erré, je me suis installé à Valence il y a une dizaine d’années. C’est ma ville de cœur. J’aime son climat méditerranéen et son rythme tranquille. Tout le monde connaît Valence grâce aux bâtiments de Calatrava, mais il y a tellement plus à voir. La ville bouge sans arrêt, elle offre un mélange parfait d’ambiance urbaine et d’activités à petite échelle ‘juste sous le radar’."
"C’est ma ville de cœur. Tout le monde connait Valence grâce aux bâtiments de Calatrava, mais il y a tellement plus à voir. Valence bouge sans arrêt."Jaime Hayon
Parmi les points forts du programme des prochains mois, citons une exposition d’affiches de clubs de danse des années 1980 et 1990, un documentaire sur l’architecte et designer finlandais Alvar Aalto et une installation du designer israélo-britannique Ron Arad. Et, parmi les dizaines de (nouveaux) points d’intérêt, n’oublions pas le Bombas Gens Centre d’Art installé dans une ancienne usine Art déco, un bâtiment impressionnant du patrimoine industriel local.
Plus d’infos sur la page web du World Design Spotlight où, chaque semaine, un élément valencien -livre, affiche, bâtiment, musée ou même enseigne- sera mis à l’honneur.
01 Expo - Rétrospective Jaime Hayon
À voir cet automne, la rétrospective consacrée à Jaime Hayon, à partir du 6 octobre au Centre del Carme de Cultura Contemporánea (voir plus loin). Les pièces exposées illustrent bien l’art de flouter les limites entre l’art, le design et la déco du créateur. Carrere del Museu, 2/4
02 Café - News & Coffee
Un kiosque à journaux à l’ancienne avec une touche contemporaine. On y trouve toute la presse et les baristas préparent de délicieux cafés. "Les magazines sont choisis par la peintre et directrice artistique belge Yaël Hupert", explique Yves. Placa del Doctor Collado.
03 Architecture Casa Judía
Jaime Hayon a emmené Yves Drieghe visiter la Casa Judía, la plus belle façade de la ville. Cette maison Art déco de 1930 a été conçue par l’architecte Juan Guardiola.
Calle Castellón, 2
04 Restaurant - Lambrusqueria
"Avec Jaime et quelques amis, nous sommes allés dîner à la Lambrusqueria", raconte Yves Drieghe, qui suit un régime vegan. "Il n’y n’avait pratiquement rien de vegan à la carte, mais vingt minutes plus tard, il m’a servi les meilleurs raviolis vegan que j’aie jamais mangés!"
Carrer del Comte d’Altea, 31
05 Restaurant - La Casa Viva
Une adresse végétarienne et vegan dans le quartier branché de Russafa. L’atmosphère est conviviale au comptoir au design ondulé. Deux jardins intérieurs pour dîner sous les oliviers par beau temps.
Carrer de Cadis, 76
06 Bodega - Amor Amargo
C’est également dans le quartier de Russafa que se trouve Amor Amargo, une des bodegas préférées de Jaime Hayon. Ce restaurant ressemble à un bar à l’ambiance joyeuse et bruyante. Avec une bonne playlist en fond sonore, un menu du jour tout frais et une grande sélection de tapas.
Carrer de Mossen Femenia, 3. Instagram: @amor.amargo.bodega
07 Bar à vin - Mes Amours
Un bar à vin proposant une vaste sélection de "vinos naturales", de "Pet’Nats" (vins naturellement pétillants) ou de vins orange. Le menu est aussi funky que la sélection de vins.
Carrer de la Reina na Maria, 1
08 Centre culturel - Centre del Carme Cultura Contemporánea
Ce musée d’art contemporain et de culture est l’une des adresses préférées de Jaime Hayon. Au programme: expositions, représentations d’opéra et projections de films. Le bâtiment aussi vaut le coup d’œil: le musée est installé dans deux monastères, un de style gothique et l’autre avec des éléments Renaissance. Le Centre est un lieu de rencontre pour les habitants du Barrio del Carmen, un des plus anciens de la ville. Carrere del Museu, 2/4
09 Bar - Los Picos
Petit bar servant du café, des sandwichs et des vins spéciaux. Le slogan de la maison envoie un message court, incisif et en majuscules: NO DECAF, NO WIFI, NO GLUTEN FREE OPTIONS. C’est dit!
Plaça de Manuel Granero, 20. Instagram: @lospicoscafe
10 Parc naturel - Parque Natural de l’Albufera
Ce parc naturel, également accessible à vélo, se trouve à 15 minutes du centre. Le Parque Natural de l’Albufera est une vaste lagune en bord de mer et peut être exploré à vélo ou en bateau. La route serpente en traversant des rizières, des marais, des petits villages de pêcheurs et la forêt méditerranéenne. C’est magnifique. Mata de l’Antina
11 Marché - Mercado Central
Selon Jaime Hayon, voici un marché couvert à ne pas rater. "C’est ici que j’emmène mes amis lorsqu’ils viennent me rendre visite. On y trouve des centaines d’étals et de stands proposant toutes les bonnes choses que la ville a à offrir." Construit au début du siècle dernier dans un gracieux style Art nouveau, le mercado vaut le détour à lui seul.
Plaça de la Ciutat de Bruges