Les futurs leaders d'opinion naissent sur TikTok
Des "cultes" se forment sur TikTok, l’application la plus téléchargée. Avec des codes, un leader et une armée de followers qui agit sur demande. La tendance traduit un besoin d’appartenance à un groupe mais pourrait se rapprocher d'une nouvelle forme de religion.
"Hé les gars, je pense que nous devrions commencer une religion." C’est via une vidéo de 15 secondes sur le réseau social préféré des adolescents, TikTok, qu’a débuté une nouvelle forme de culte. Un culte de la personnalité dans un univers dont les codes échappent à la plupart d’entre nous, mais pas à la nouvelle génération qui en a fait sa plateforme d’expression de prédilection.
Le principe de ces cultes est en soi assez simple. Un.e anonyme fonde un culte avec des codes comme un certain type de photo de profil, de couleurs, de vocabulaire à utiliser et rassemble derrière elle/lui des followers qui y adhèrent et s'y identifient. Ensemble, ils vont mener des "raids" de commentaires dans les publications de personnalités publiques pour populariser leur culte et tenter d’être plus présents et visibles que les autres. Du merchandising est créé autour du culte, une véritable communauté se forme.
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"Mère poule", la star des nouveaux gourous
Dans une enquête sur le sujet, le New York Times a ainsi recensé qu’en janvier, des milliers d'adolescents ont créé une "armée" de Lego Star Wars sur TikTok. En avril, des dizaines de milliers d’utilisateurs ont pris parti dans une "guerre des gangs" virtuelle entre les mauves (rien à voir avec Anderlecht) et les verts. Et puis le 8 mai, les "Step Chickens" sont nés suite à une vidéo de l'américaine Melissa Ong (1,9 million de followers) désormais appelée la "mère poule" par ses adeptes. Elle est à la tête de ce qui est devenu le plus grand et plus puissant "culte" de la plateforme sociale.
En avril, des dizaines de milliers d’utilisateurs ont pris parti dans une "guerre des gangs" virtuelle entre les mauves et les verts.
Melissa Ong s’est faite connaître sur le réseau en parodiant des scénarios de films pornographiques. L’une de ses vidéos où elle est déguisée en poulet a été visionnée plus d’un million de fois, d'où le surnom.
On ne parle pas ici de secte, mais plutôt d’une personnalité anonyme avec un groupe de fans. Ce phénomène traduit en réalité un besoin que nous connaissons tous, celui d’appartenance. Il se transforme ici selon les usages et le médium mais reste aussi basique que lorsque nous voulions appartenir à un groupe dans la cour de récré. La différence, c’est l’impact et la mobilisation engendrée par le phénomène.
Quand une armée d'adolescents vient inonder un article ou des posts sur les réseaux sociaux de commentaires allant tous dans le même sens ou étant incompréhensibles pour le commun des mortels, cela permet de brouiller certains messages. L’impact pourrait être encore plus important si l’un de ces cultes prenait position politiquement par exemple.
Déjà au-delà du réseau TikTok
Le phénomène est intéressant dans ce qu'il dit des nouveaux moyens d'expression de la nouvelle génération.
Dans le cas du culte des "Step Chickens", le phénomène a déjà largement dépassé le cadre de TikTok puisqu’une application à sa gloire a été créée et est entrée immédiatement dans le top des téléchargements, de nombreuses personnalités ont changé leur photo de profil sur les réseaux sociaux pour arborer le filtre bleu du culte et même des institutions l’ont fait, sans trop savoir pourquoi. Melissa Ong surfe depuis sur ce succès avec notamment une chanson qui est entrée dans le top d’Apple Music et Spotify et sa communauté ne fait que grandir.
On est ici au début d’une nouvelle forme de communication, de marketing et de création de communautés. De là à parler de nouvelles religions, il y a encore de la marge. Mais le phénomène est intéressant dans ce qu'il dit des nouveaux moyens d'expression de la nouvelle génération. Ils sont rapides, impactant et capables de mobiliser des milliers de personnes en quelques minutes sur une cible.
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