Lunettes connectées: Facebook entretient le malaise
Symbole d’une société où l’image, même volée, prime, les lunettes connectées font toujours autant fantasmer.
Épisode 4723 dans la série "Les objets technologiques qui font fantasmer tout le monde mais que personne n’achète". Facebook a dévoilé cette semaine des lunettes connectées qui permettent de filmer, prendre des photos et passer des appels. Pour tenter d’être plus populaire que ses prédécesseurs et concurrents, la société de Mark Zuckerberg a conclu un partenariat avec la célèbre marque Ray-Ban. Pour le coup, le look des "Ray-ban Stories" est donc réussi. À l’image de ce que Snapchat a fait avec ses "Spectacles", les lunettes de Facebook ressemblent à des lunettes de soleil classiques à quelques détails près. Voici donc encore une entreprise technologique qui tente l’aventure des lunettes connectées. On se souvient tous de l’excitation qu’avait suscité le lancement des Google Glass en 2014 avant de faire place un à un cuisant échec commercial et d’atterrir au cimetière des objets technologiques commercialisé trop tôt par fantasme de leurs créateurs plus que par besoin du consommateur.
Le fantasme des influenceurs et des pervers
Pourtant, soyons honnêtes, qui n’a jamais rêvé de photographier ou filmer exactement ce qu’il voit juste en appuyant sur ses lunettes. Les photographes amateurs, que nous sommes tous un peu devenus avec l’arrivée des smartphones, caressaient ce rêve bien avant l’intérêt de la Silicon Valley pour l’objet, les apprentis espions... et les pervers aussi. Pourtant, à chaque sortie d’un produit du genre, l’engouement attendu n’est jamais au rendez-vous. Associée à la science-fiction avec l’utilisation de la réalité augmentée qui fait apparaitre des informations sur le verre connecté en superposition de ce que vous voyez avec vos yeux, le concept a toujours autant fasciné qu’effrayé. Il a surtout soulevé de nombreuses questions d’éthiques liées au droit à l’image et au respect de la vie privée.
L’arrivée des lunettes de Facebook sur le marché ne devrait faire qu’amplifier ces questions, aussi élégantes les lunettes soient-elles. Car si les lunettes de Google ont été raillées en leur temps pour leur design digne d’un cyborg, leur look avait le mérite d’annoncer la couleur. Les Spectacles de Snapchat et les Ray-ban made in Facebook déguisent des lunettes de soleil classiques en objet-espion capable de filmer, photographier et enregistrer du son sur une simple commande vocale ou légère pression de l’index. Facebook a beau "déconseiller d’utiliser ses lunettes aux toilettes ou dans des vestiaires" et avoir installé une lumière blanche qui s’allume lorsque la caméra filme, cela reste beaucoup trop faible pour rassurer le consommateur et surtout ceux qui l’entourent. Un simple bout de scotch noir permet de faire disparaitre cette lumière et une recommandation ne fait peur à personne.
Dans une société où l’image est autant une menace pour la vie privée qu’une façon d’exister publiquement, des lunettes connectées lancées par une entreprise qui a à maintes reprises bafoué la vie privée et le respect des données de ses utilisateurs ne sont probablement pas ce dont nous avons besoin. Mais comme vous le savez, ce n’est pas parce que nous avons l’impression de ne pas en avoir besoin que nous ne finirons pas par les adopter.
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