"Réduisez l'impôt des sociétés pour protéger notre prospérité"
Alors qu’une concurrence fiscale intense fait rage en Europe, notre pays reste celui qui affiche l’impôt des sociétés le plus élevé. À terme, nous le paierons au prix fort. C’est l’avis de Herwig Joosten, directeur du département Fiscalité internationale chez EY Belgique.
En bref
- L’impôt des sociétés belge est le plus élevé d’Europe. En outre, d’autres pays réduisent leur taux: la différence avec la Belgique ne cesse donc de s’accroître.
- Les multinationales menacent de ne plus établir que des activités peu rentables dans notre pays. Nous percevrons de ce fait moins d’impôts.
- Nous perdons les véritables centres de décision, avec les emplois-clés correspondants, au profit d’autres pays.
- La baisse de l’impôt des sociétés pourra être en partie financée par une augmentation des taxes indirectes. Des économies en matière de sécurité sociale et de soins de santé sont également nécessaires.
“L’impôt des sociétés belges doit baisser à moins de 20%. C’est la seule manière d’être compétitif et crédible dans le contexte européen. Fin 2016, l’impôt des sociétés moyen des 28 États-membres de l’Union européenne s’élevait à 22,5%. Et cette moyenne est en baisse! Le président français Emmanuel Macron a déjà annoncé sa volonté de ramener l’impôt des sociétés à 25%. En Hongrie, le taux sera ramené à 9% à peine, et le Royaume-Uni opte pour une baisse en plusieurs étapes pour arriver à 17% en 2022. L’Irlande applique un tarif de droit commun de 12,5%, tandis qu’en Suisse, il est possible de bénéficier d’un taux de 10%. Cela illustre la concurrence fiscale intense qui fait rage en Europe.”
“Avec un taux moyen de 33,99%, la Belgique affiche le taux d’imposition le plus élevé d’Europe. Or, la baisse de l’impôt des sociétés est mise au frigo. Par conséquent, l’écart avec le reste de l’Europe ne cesse de s’accroître.”
Emplois-clés
“C’est une catastrophe pour notre économie. Chez les investisseurs étrangers, nous ne figurons sur aucune short-list d’investissements potentiels! Pourquoi une multinationale américaine s’accrocherait-elle aux bénéfices réalisés dans notre pays s’il est possible d’obtenir des conditions plus favorables ailleurs en Europe? Les grandes multinationales n’ouvrent plus en Belgique que des plateformes de distribution et des sites de production à bas coûts qui assurent un travail sur mesure et se montrent peu rentables. Elles implantent les véritables centres de décision stratégiques – avec les départements R&D, sales & marketing ou finance – dans d’autres pays européens. Les emplois-clés intéressants pour nos jeunes disparaissent eux aussi à l’étranger. Cette évolution est en cours depuis plusieurs années, c’est indiscutable.”
“Notre pays doit fournir un effort considérable. La baisse de l’impôt des sociétés pourra être compensée par une augmentation des taxes indirectes, plus spécifiquement de la TVA, un domaine dans lequel la Belgique ne fait pas partie des pays les plus taxés en Europe. Des économies budgétaires en matière de sécurité sociale et de soins de santé sont également cruciales pour équilibrer les comptes. Et comme au Royaume-Uni, nous pourrions opter pour une baisse en plusieurs étapes afin d’éviter tout dérapage budgétaire. Mais il est indispensable d’emprunter cette voie.”
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