Cinq films pour comprendre... Black Lives Matter
Ciné, séries, docus: tous les moyens sont bons pour comprendre les grands thèmes qui agitent l’actualité. Si vous cherchez la loupe grossissante qui vous fera plonger au cœur des sujets brûlants d'aujourd'hui, c’est ici...
Les mouvements anti-racistes ne sont pas nouveaux. Mais la mort de George Floyd a permis de relancer un débat qui mérite toute notre attention et que l’Amérique de Trump a tendance à minimiser. Ampleur, discrimination, ancrage historique, bêtise et violence sont autant d’ingrédients que le cinéma a mis en exergue pour nous conscientiser.
1. "I Am Not Your Negro" (documentaire, 2016)
De Raoul Peck.
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L’absolu génie de ce documentaire indispensable, récompensé par l’Oscar, n’est pas seulement de nous faire partager l’émancipation (incroyablement récente) des Afro-Américains. Il utilise la littérature, voire la poésie de James Baldwin, pour parvenir à ses fins. La voix-off, prenante, révélatrice, nous immerge dans un ailleurs absolu tissé de haine, de mépris, d’indifférence. Où l'on apprend qu’à cause du modèle dominant véhiculé par l’inconscient collectif américain – et par les médias – tout enfant non blanc grandissant sur le continent subissait vers l’âge de 18 mois un trauma. Trauma cognitif et identitaire dû à la prise de conscience de sa différence par rapport à la norme. Chaque jour de la vie de l’homme noir sera-t-elle désormais un combat? Non, répondent Baldwin et le film. L’homme noir, lui aussi, a droit à la paix.
2. "When They See Us" (série, 2019)
De Ava DuVernay.
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1989. Cinq (très) jeunes ados se retrouvent au mauvais endroit (Central Park) au mauvais moment (une nuit agitée). Un viol a lieu la même nuit. Ils en seront les auteurs tout désignés. Cette histoire vraie, dite des "5 de Central Park" a défrayé la chronique à l’époque. Netflix nous l’a resservie avec une certaine sobriété. Ce qui ressort, entre autres, c’est l’incroyable poids des préjugés racistes. Ont-ils profondément changé en 30 ans? Le jeune homme noir est-il toujours perçu comme pauvre, ignorant, violent – bref, comme l’ennemi?
3. "Green Book" (film, 2018)
De Peter Farrelly, avec Viggo Mortensen, Mahershala Ali…
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Oscar du meilleur film, "Green Book" est sans doute assez académique, mais le film a le mérite de nous faire voyager dans une époque pas si éloignée, où le racisme imprégnait déjà toute la société, même les "hommes de bonne volonté". Le chauffeur d’origine italienne un peu raz du bonnet arrivera-t-il à entamer le dialogue avec son client, virtuose afro-américain qu’il trimballe à travers les états du sud? Nous éprouvons physiquement le dépaysement, en endossant petit à petit la place inconfortable de "l’homme de couleur", pour finir par ressentir la réalité de l’effort perpétuel qui consiste à garder la tête froide.
4. "BlacKKKlansman" (film, 2018)
De Spike Lee, avec John David Washington, Adam Driver...
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Quand l’activiste Spike Lee annonce une comédie sur le sujet, 25 ans après "Malcolm X", on doit se pincer. L’histoire vraie d’un flic afro-américain qui infiltre le Klan par téléphone, et se fait (partiellement) remplacer par un collègue les jours de meeting. La comédie n’en est pas tout à fait une, même si le caractère grinçant reste utile jusqu’au bout, tant il fait mouche, faisant ressortir un ingrédient incontournable de l’équation: l’effarante bêtise des membres du Klan, rednecks fiers de leur abrutissement collectif, qui croient à la supériorité blanche comme à une religion auto proclamée.
5. "Detroit" (film, 2017)
De Kathryn Bigelow, avec John Boyega, Will Poulter…
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Ce film haletant n’a pas rencontré tout le succès mérité, peut-être à cause de son ingrédient fondateur: la violence. Une nuit qui dérape, à Detroit, en 1967. Des groupes de frondeurs se retrouvent face aux forces de l’ordre, certains se réfugient dans un hôtel du voisinage. La police finit par donner l’assaut, avant de mettre à la question les jeunes gens, usant et abusant de la torture, pas seulement psychologique. Aussi horrible que riche d’enseignements. Et bien sûr, totalement vrai.
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