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Critique de "En tongs au pied de l’Himalaya": les exploits d'une mère face à l'autisme

Pauline (excellente Audrey Lamy), désemparée face aux comportements imprévisibles de son fils autiste. ©doc

Dans cette comédie sociale de John Wax, une mère célibataire se bat pour offrir à son fils autiste la vie la plus épanouissante possible. Et ça marche.

Pauline et Thomas ont rendez-vous avec la directrice de l’école maternelle. Récemment séparés, ils arrivent chacun de leur côté, à bout de souffle, avec un Andréa surexcité. L’enjeu est de taille: leur fils pourra-t-il poursuivre une scolarité normale une année de plus? Alors qu’Andréa joue tout seul avec son bus, ou sautille sur les genoux de sa mère en s’appropriant les objets sur le bureau de la directrice, les deux parents tentent de faire bonne figure. Exténués, sur le trottoir devant l’école, ils font le point: est-ce que ça s’est bien passé?

Pauline rentre alors chez elle, ou plutôt sur le canapé-lit déplié dans le salon de l’appartement de son frère, qui l’héberge depuis le divorce. Dans l’autre chambre, un cri: «Je n’ai pas cassé mon lit!» Pauline soupire. Andréa vient de casser son lit. Son fils va la rendre folle. Au plus profond d’elle-même, elle l’adore bien sûr, lui qui transforme chaque seconde de chaque heure de chaque jour en un défi.

Elle l’adore, mais, à vivre avec lui, elle se sent souvent complètement démunie. Face à elle se dresse un exploit bien plus vertigineux que de gravir la plus haute montagne du monde: la vie avec lui. Mais cette fois encore, Pauline va se lever. Elle va lui parler. Elle va réparer le lit. Et continuer, tant bien que mal, son invisible ascension…

EN TONGS AU PIED DE L'HIMALAYA Bande Annonce (2024) Audrey Lamy

Apitoiement, non merci

Quoi de plus casse-gueule qu’un film sur un jeune enfant autiste? On aurait pu craindre les moments d’apitoiement, les moments de complicité un peu compassée où les parents trouvent des connexions inattendues avec un fils en difficulté, les moments tire-larme où ses petits copains d’école finissent par accepter sa différence… Rien de tout cela ici. Ici, on est dans la vraie vie. Tout sonne juste. Les engueulades entre les parents, qui marchent sur des œufs à chaque pas. Les mots crus qu’on ne peut s’empêcher de prononcer, même devant «lui». Les grands-parents maladroits qui ne comprennent rien, ou ne veulent rien comprendre – et pas seulement par pudeur: à cause d’une honte latente.

Quoi de plus casse-gueule qu’un film sur un jeune enfant autiste? On aurait pu craindre les moments d’apitoiement. Rien de tout cela ici. Ici, on est dans la vraie vie.

Et en même temps, au milieu de ce quotidien compliqué, la magie des moments s’invite sans cesse: celle où l’adversité ouvre la porte à ce qui fait défaut dans la plupart des vies quotidiennes, mais qui est obligatoire dans la vie avec un enfant autiste: une sincérité et une transparence absolues et permanentes. Comme une perpétuelle leçon de vie?

Audrey Lamy : "En tongs au pied de l'Himalaya"

Un one-woman-show

Le réalisateur, John Wax, adapte ici le one-woman-show de Marie-Odile Weiss, qui avait condensé dans son spectacle les onze premières années de la vie de son fils autiste. Mais il fait aussi le portrait d’une femme comme il y en a de plus en plus: jeune divorcée ou séparée avec enfant, qui doit se battre avec un métier et avec les injonctions toujours aussi prégnantes données aux mères dans notre société occidentale. Injonctions schizophréniques auxquelles Pauline veut à la fois partiellement répondre pour se sentir une «bonne mère», et auxquelles il lui faut absolument désobéir pour échapper aux préceptes bourgeois et conquérir son espace de liberté personnelle – y compris dans son rapport avec son fils.

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Audrey Lamy y fait merveille, avec un naturel de tous les instants, et une énergie débordante (elle est de tous les plans).

Le résultat est un film bien plus politique et féministe qu’il n’y paraît. Audrey Lamy y fait merveille, avec un naturel de tous les instants, et une énergie débordante (elle est de tous les plans). Face à elle, des visages connus: Nicolas Chupin (de la Comédie Française) en père toujours sur la sellette, Naydra Ayadi (vue dans «Polisse», notamment, avec la même Audrey Lamy) en assistante scolaire, et Jean-Charles Clichet (la série «OVNI(s)») en amoureux maladroit.

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Drame

"En tongs au pied de l’Himalaya"

Par John Wax

Avec Audrey Lamy, Nicolas Chupin, Naydra Ayadi, Jean-Charles Clichet…

À voir à partir du mercredi 13 novembre 2024

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