Critique de "Vermiglio", drame familial primé à la Mostra de Venise
Lion d’argent à la Mostra de Venise, "Vermiglio" de Maura Delpero est une petite merveille filmée dans les montagnes enneigées du Trentin. Un drame inspiré par l’histoire familiale de la réalisatrice.
Le rythme est lent comme la saison de l’hiver qui, dans cette région, dure plus que trois mois. Le film démarre l’hiver 1944 et de la guerre, on n’entend pas les bruits mais on en raconte certaines des conséquences. Vermiglio est un hameau. Il existe vraiment. Là, le matin, une des filles de la famille va traire la vache et le lait sera servi chaud pour le petit déjeuner frugal.
Dans cette famille, dépeinte par la réalisatrice, on recalcule le nombre de gosses. La mère, incarnée par Roberta Rovelli, aura eu dix grossesses, dix accouchements et au final, huit enfants. Son mari, l’instituteur du village, aime écouter ses deux disques, Chopin et Vivaldi, et aussi fumer des cigarettes. Ce patriarche, interprété par Tommaso Ragno, accepte que son aînée épouse un déserteur sicilien, réfugié depuis peu à Vermiglio. Il aurait préféré qu’elle fasse un riche mariage, mais voilà, l’amour a triomphé.
Les secrets de tous
C’est un amour qui se passe de beaucoup de mots entre Lucia (Martina Scrinzi) et Pietro (Giuseppe De Domenico). Mais les regards, les mains qui s’effleurent, la caméra les filme avec beaucoup de délicatesse. Jane Campion, qui a vu «Vermiglio», s’est dit «envoûtée par le film». Elle y a pointé l’excellent jeu des acteurs qui ont dû apprendre le dialecte local et l’assurance comme la maturité de la réalisatrice, dont c’est le deuxième long métrage. Le premier, «Maternal», sorti en 2019, traitait lui aussi d’un sujet féminin et de son lien avec la religion catholique.
Jane Campion, qui a vu "Vermiglio", s’est dit "envoûtée par le film". Elle y a pointé l’excellent jeu des acteurs qui ont dû apprendre le dialecte local et l’assurance comme la maturité de la réalisatrice.
Ce que décrit «Vermiglio», c’est un univers où la vie est rude, surtout pour les femmes, mais où, de temps à autre, un geste tendre se pose furtivement. Dans ce village, il n’existe qu’une seule école où chaque matin, on démarre par la prière et quelques exercices de gymnastique. L’instituteur et le curé semblent être les seuls à détenir les secrets de tous. Mais ils ne peuvent prévoir l’avenir de Lucia, de ses sœurs et de Pietro. On s’en voudrait de relater toute l’intrigue. On peut juste dire qu’à la fin, il y a une lueur d’espoir et tant mieux, car, sinon, «Vermiglio» serait vraiment un drame plombant.
Sans qu’il y ait de lien direct, ce film nous a un peu rappelé «Le Otto Montagne» de Charlotte Vandermeersch et Felix Van Groeningen, «1900» de Bernardo Bertolucci ou «Eva dort», le magnifique roman de Francesca Melandri, se déroulant aussi dans la région du Haut-Adige, au Sud-Tyrol. Parce que, comme dans le premier, c’est un tour de force de tourner dans la montagne, comme dans le second, il s’agit d’un chapitre de la vie paysanne et des relations de pouvoir, et, à l’instar du troisième, cette région, ressemblant fort peu à l’Italie typique, attise notre curiosité.
Drame
"Vermiglio"
Par Maura Delpero
Avec Tommaso Ragno, Giuseppe De Domenico, Roberta Rovelli et Martina Scrinzi
> À voir à partir du mercredi 19 mars 2025
Note de L'Echo:
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