La joyeuse peinture des Afriques à Bozar

Tiffany Alfonseca (b.1994, New York City, USA), "Espero que ya le dijiste a tu madre de nosotras" (2020). ©Tiffany Alfonseca

07 février 2025 17:17

À Bozar, l’exposition "When We See Us", curatée par Koyo Kouoh et Tandazani Dhlakama, explore l'autoreprésentation des Noirs, en multipliant les regards avec humour.

«Lorsque j'ai été nommée directrice des expositions auprès de Christoph Slagmuylder, confie Zoe Gray, je connaissais Koyo de réputation de longue date, et nos chemins s'étaient croisés au Wiels (où elle était curatrice, NDLR). La version bâloise de ‘When We See Us’, au Kunstmuseum, m’a convaincue: c’était joyeux. Intelligent, ludique et politique, mais de manière implicite.»

Comment les artistes d'Afrique et de sa vaste diaspora ont-ils représenté le quotidien au cours du siècle écoulé? Koyo Kouoh et Tandazani Dhlakama ouvrent une large fenêtre sur la peinture figurative panafricaine des années 1920 à nos jours. Le titre décline celui de la série Netflix, «When They See Us», d'Ava DuVernay, fictionnalisant un épisode emblématique du racisme américain.

"La version bâloise de ‘When We See Us’, au Kunstmuseum, m’a convaincue: c’était joyeux. Intelligent, ludique et politique, mais de manière implicite."

Zoe Gray

Directrice des expositions à Bozar

Le 19 avril 1989, Trisha Meili, banquière d’affaire blanche de 28 ans fait son jogging dans Central Park: elle est violée, laissée pour morte. Ce même soir, un groupe de plus jeunes agresse des passants dans le parc. Quatre adolescents afro-américains et un hispanique sont arrêtés: les «cinq de Central Park» sont accusés du viol. Donald Trump achète des pages de publicité dans quatre journaux, dont le New York Times, réclamant le rétablissement de la peine de mort dans l’État de New York. Les cinq ont été condamnés, puis innocentés, libérés et indemnisés, après les aveux du véritable coupable...

Exploring ‘When We See Us’ at Zeitz MOCAA with Koyo Kouoh and Gugu Mbatha-Raw

Invitation à la joie

Les 150 œuvres de 120 artistes s’ordonnent en six thèmes: «Quotidien», «Joie et Allégresse», «Repos», «Sensualité», «Spiritualité»,«Triomphe et Émancipation». Ainsi, il y a de la beauté dans le «quotidien», de la sagesse dans le «repos» d’une vie lente et merveilleuse où rien ne presse, dans la flânerie de l’esprit et des affects.

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Quant à la sensualité de l’Amour noir guérisseur et délicat, elle s’incarne chez deux Américains, les «Femmes Games» de Nina Chanel Abney et les rêves des «Blue Park Lovers» de Dominic Chambers. Tout ce siècle de vie est une invitation à la joie qui jaillit live dans les sous-sols du Rex de Chéri Samba.