Munch a désormais son musée dédié à Oslo
Inauguré en octobre 2021, le musée Munch d'Oslo est un somptueux écrin entièrement dévoué au peintre national norvégien, sorte d'Ibsen des beaux-arts...
Ouvert fin de l'an passé, le musée Munch est une impressionnante tour translucide qui domine la baie et le fjord d'Oslo. Ce superbe bâtiment, œuvre du studio d'architecture ibérique Herreros, est doté de 13 étages et de 11 espaces d’exposition. Le sommet incliné du "Munch" évoque la première version du "Cri" (1893) et la tête penchée de son personnage, qui semble anticiper toutes les horreurs du XXe siècle à venir.
Éternel amoureux transi, Munch est un Jacques Brel de l'amour.
Sur les cinq versions exécutées par le peintre, deux autres constituent le cœur de l'exposition permanente située au 4e étage: une lithographie datant de 1895 (actuellement au musée d’Orsay) et une peinture à la tempera de 1910. Riche de plus de 200 œuvres, l'exposition se structure en douze thèmes pour éclairer le travail d'Edvard Munch, montrer les évolutions de son style ou, au contraire, épingler ce qui ne change pas dans sa démarche artistique.
L’autoportrait
Ainsi, la thématique de l'autoportrait, pris comme symbole, en réfère à la solitude, à la mort ou au désir – autant de thèmes récurrents chez Munch. Quelle différence entre cet autoportrait de jeunesse, classique et académique, la lithographie spectrale en noir et blanc de 1885 et le portrait de la fin, en 1940, qui sourd d’une menace latente avec sa couleur irradiante.
À côté d’une section consacrée aux nus, dont certains ont été temporairement prêtés au musée d’Orsay, un autre sujet récurrent nous interpelle dans l'œuvre d'Edvard Munch: la solitude. Elle nous saisit au fil de l’accrochage fluide à travers une gravure sur bois de 1896, qui évoque le Belge James Ensor, ou des masques dans le prolongement du "Cri" et de son abîme.
La folie gagne aussi les toiles de Munch, notamment dans cette lithographie intitulée "The insane", datant de 1908 et montrant une femme qui semble converser avec sa propre ombre portée. Et toujours cette tristesse qui dégouline de la palette du maître norvégien… Dans "Nouvelle neige" (1901), les sapins, dégouttant de blanc, semblent pleurer cette virginité immaculée qui les habille comme un linceul.
Éternel amoureux transi, Munch est un Jacques Brel de l'amour. Dans "Il n'y pas d'amour heureux", il campe un misogyne épris; dans "Nuit d'été. La voix", une femme frustrée aux yeux exorbités; dans "Les femmes sur le pont", un sabbat de sorcières en crinoline, touillant dans leur chaudron à ragots.
La mort
La mort est l’aboutissement de ce parcours expressionniste, célébrée notamment dans le tableau "La mort et l'enfant". On y voit des personnages au pied d’un lit où repose le corps inerte d'une mère. Comme dans "Le Cri", une petite fille fixe le spectateur, médusée dans un même hurlement muet...
L'exposition révèle la dextérité et la maîtrise technique de Munch en gravure sur bois, une matière qui traduit bien la rudesse qui traverse son œuvre.
Aux autres étages, on découvre les œuvres monumentales de Munch, conçues pour l'aula de l'université d'Oslo, au siècle dernier. Son style souffre dans ces tableaux monumentaux, censés représenter l'espoir et la foi dans le progrès, alors que Munch, peintre de l'intime et de la mélancolie, en est l’antithèse. Bref, cela sonne aussi faux que les toiles grandiloquentes du pompier belge Antoine Wiertz…
A contrario, le cabinet des gravures sur bois révèle la dextérité et la maîtrise technique de Munch en la matière, qui traduit aussi bien qu’en peinture la rudesse qui traverse son œuvre.
Une section historique présente de façon interactive et fantomatique l'Ekely, la maison où Munch vécut une grande partie de sa vie, en banlieue d'Oslo. Cet espace d'exposition évoque l'histoire du peintre, la perte de sa mère à cinq ans, son père médecin militaire, très religieux et instable émotionnellement. De quoi mieux comprendre pourquoi Munch excelle à rendre la part noire de notre humanité.
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