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Édito | Ne banalisons pas l’extrême droite

Responsable du service Économie/politique

La participation de l’extrême droite à de nombreux gouvernements en Europe ne doit pas être prise à la légère. La banaliser constituerait une erreur, ostraciser les électeurs de ces partis en serait une autre.

Après la Hongrie et l’Italie, c’est désormais en Autriche que l’extrême droite s’apprête à diriger un gouvernement. Éclaboussé par un scandale de corruption baptisé  "Ibizagate" en 2019, le Parti de la Liberté (FPÖ) est très rapidement parvenu à restaurer son image auprès de la population locale.  La formation emmenée par Herbert Kickl, qui entretient de bonnes relations avec la Russie Unie de Vladimir Poutine, a également bénéficié d’un solide coup de pouce des partis traditionnels autrichiens, lesquels se sont montrés incapables de s’entendre pour barrer la route aux extrémistes.

Reconnaissons-le, la situation n’est pas beaucoup plus réjouissante dans le reste de l’Europe. Aux Pays-Bas, en Finlande et en Slovaquie, l’extrême droite participe à des gouvernements, sans pour autant les diriger.

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Quant aux perspectives dans les pays qui constituent le moteur du projet européen, elles sont franchement préoccupantes. En Allemagne d’abord où l’Alternative für Deutschland (AfD), soutenue par le fantasque et dangereux Elon Musk, ronge son frein dans l’attente du scrutin programmé le 23 février. Son ambition: damer le pion aux partis traditionnels afin de devenir un acteur incontournable à Berlin. En France ensuite, où l’incendie, issu de la dissolution aventureuse de l’Assemblée nationale par le président Macron, semble loin de s’éteindre. Alors que le gouvernement de François Bayrou se livre à un exercice d’équilibriste dans l’espoir de satisfaire les exigences de la gauche et de l’extrême droite, les leaders du Rassemblement national (RN) attendent leur heure. Sera-ce pour 2027? Enrayer la machine RN paraît en tout cas sans cesse plus ardu.

Les travers de la globalisation économique, les potentiels effets pervers de nos systèmes méritocratiques, ou encore les inégalités dans nos sociétés occidentales, méritent un débat serein et argumenté.

Une menace pour nos démocraties

Les démocrates ne peuvent toutefois baisser les bras. Car, passées maîtresses dans l'art de transformer la méfiance en rejet et de polariser les débats sociétaux, les formations extrémistes constituent une menace pour nos démocraties. Minimiser leur pouvoir de nuisance constituerait une erreur, tout comme blâmer leurs électeurs. Au lieu de placer ces derniers dans des cases, de les essentialiser, il convient d’œuvrer à comprendre leurs motivations. Pourquoi des citoyens sont-ils séduits par ces sirènes? Quelles sont les causes profondes de leurs votes? Les travers de la globalisation économique, les potentiels effets pervers de nos systèmes méritocratiques – à même de nourrir un sentiment d’humiliation chez certains –, ou encore les inégalités dans nos sociétés occidentales, méritent un débat serein et argumenté.

L’extrême droite n’est pas, et ne sera d'ailleurs jamais, une solution. La combattre reste un impératif.

Pour reconquérir les citoyens qui se sentent oubliés, lésés, incompris, mais aussi tous ceux qui votent par défiance, il faudra aussi oser affronter les extrêmes sur leur terrain, ne surtout pas les laisser s'accaparer le monopole de certaines thématiques – sécuritaires et sociétales –, aussi complexes soient-elles, sans pour autant copier leurs recettes simplistes.

L’extrême droite n’est pas, et ne sera d'ailleurs jamais, une solution. La combattre reste un impératif.

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