Critique "L'intranquille Monsieur Pessoa": Nicolas Barral explore les multiples facettes de Fernando Pessoa
Nicolas Barral explore les personnalités multiples de l'auteur du "Livre de l'intranquillité", avec le regard d'un candide.
Dans le trousseau de mariage de son épouse, Nicolas Barral a découvert la littérature et la culture portugaise. Mais ce n'est que récemment qu'il s'en est inspiré après une longue carrière plutôt marquée par l'humour désopilant.
Après "Sur un air de fado" qui traitait de la fin de la dictature portugaise, il s'intéresse ici à un monstre sacré de la littérature portugaise et mondiale, Fernando Pessoa. "En découvrant un livre de photos sur Pessoa, j'ai eu un coup de cœur pour le personnage avant même d'avoir lu ses livres", confie Barral. "Son côté dandy désabusé, un peu clown triste... J'y ai retrouvé une mélancolie familière."
Familière? "Sur ces photos, Pessoa donne l'impression d'être là sans y être. On devine dans son regard un peu flou une forme d'intranquilité. C'est un état qui caractérise l'état d'esprit de celui qui raconte des histoires, je pense, qui imagine, et dont l'esprit n'est jamais en repos finalement. Ce livre m'a permis de mettre des mots sur ce que je ressentais depuis longtemps en fait."
Et au-delà de cette mélancolie familière, Barral découvre le personnage de Pessoa. Les personnages, devrait-on dire, tant Pessoa se "cachait" derrière une collection de pseudonymes. "C'est une forme de jeu littéraire pour lui. Une pièce de théâtre dont il tiendrait tous les rôles. Mais c'est aussi une illustration de son monde intérieur, en perpétuelle recherche", poursuit Barral.
Autant dans "Sur un air de fado", Barral se mettait dans la peau du personnage principal, autant dans cet "Intranquille Monsieur Pessoa", il se pose en observateur par le truchement d'un jeune journaliste qui doit préparer la nécrologie de Pessoa. "Au fur et à mesure des recherches que j'ai moi-même menées, Pessoa m'a aidé à comprendre pourquoi on écrit. Une question qui taraude sans doute bon nombre d'auteurs."
Bande dessinée
"L'intranquille Monsieur Pessoa"
Note de L'Echo:
Et la réponse? Il s'agit selon Nicolas Barral d'une forme d'isolement dans lequel on se plonge pour se protéger du monde. Une manière aussi de le reformuler après avoir pris le temps de la digestion. "Pour certains, cela peut apparaître comme une malédiction plus que comme un don sans doute... Pour Pessoa, c'était certainement une manière de se réapproprier le monde qui l'entoure, sans quoi il serait trop terrifiant, trop angoissant. Dans son cas, l'écriture n'était sans doute pas un choix mais un besoin." Et le dessin, comme la poésie, est une forme de réécriture du réel.
Dans les pas du jeune journaliste qui mène son enquête pour mieux cerner la - ou les - personnalité(s) de l'auteur, Nicolas Barral dresse le portrait de l'"intranquile Monsieur Pessoa", auteur du "Livre de l'intranquilité". Et tente de montrer la pluralité de l'auteur aux multiples hétéronymes. Avec parfois une petite touche de fantastique ou de poésie macabre dans le ton.
"Je n'ai pas voulu faire une biographie exhaustive et fidèle de Pessoa. Je préférais me couler dans ce candide pour le mettre à la portée de tous. Regrouper quelques témoignages pour donner une idée du personnage. Je ne pense pas avoir pris de liberté avec la réalité historique, même si je lui ai sans doute fait dire des choses qu'il n'a pas dites...", s'excuse Barral.
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