Bruno Coppens, humoriste: "Le classique n’est pas une musique sacrée"
Avec «Le bel héros de Ravel», l’humoriste Bruno Coppens s’associe à la pianiste Irina Lankova lors du «Max Festival», à Tourinnes-la-Grosse. Oui, on peut rire de tout…
Curieux tandem a priori. Directrice du Max Festival, la pianiste internationale Irina Lankova sera rejointe le temps d’un concert-spectacle par Bruno Coppens, jongleur du verbe. Mais ces deux-là étaient faits pour s’entendre. En décembre dernier, Irina accompagnait un spectacle jeune public à La Monnaie, tandis que Bruno Coppens anima pendant dix ans «L’orchestre à la portée des enfants» avec l’Orchestre philharmonique royal de Liège (OPRL).
«Lorsqu’Irina m'a proposé d'imaginer un spectacle pour son ‘Max Festival’, j’ai dit oui, s’enthousiasme Bruno Coppens. J'adore être sur scène avec des musiciens classiques, qui ne sont pas du tout des gens coincés!»
«Le bel héros de Ravel» fera-t-il la part belle à vos jongleries verbales?
Oui, même si je joue surtout sur la dérision en m’inspirant de la vie de Maurice Ravel. Ainsi, pendant la guerre, il avait voulu s’engager dans l’armée, mais il lui manquait deux kilos pour atteindre les cinquante exigés. Il a heureusement survécu au conflit, ce qui nous vaut sa musique. Irina va jouer «Ma mère l’Oye», avec «Le Petit Poucet», «La Belle au bois dormant» et «La Belle et la bête». Devinez qui sera la Belle…
…sur vos propres textes?
Je propose bien sûr une version 2024 de ces contes, en évoquant la question de l'identité du genre, le wokisme, et tout cela. À ce propos, saviez-vous pourquoi on l'appelle le Petit Poucet? Parce qu’il scrolle avec son pouce toute la journée sur son iPhone. Et comme il savait que son père l'avait entraîné dans la forêt pour le perdre, il avait téléchargé l’application de géolocalisation pour que l’on puisse le suivre.
Et la musique dans tout cela?
Il y a un enchaînement très fluide de mes textes et des morceaux que joue Irina. Vous entendrez aussi Satie, Tchaïkovski, la Brabançonne, la sonnerie de Proximus… Et évidemment le «Boléro», dont quelques notes reviendront toutes les 15 minutes, car, dit-on, il est joué tous les quarts d’heure quelque part dans le monde.
"Pendant la guerre, Ravel avait voulu s’engager dans l’armée, mais il lui manquait deux kilos pour atteindre les cinquante exigés."
Ce type de spectacle, c’est une bonne façon d’amener à la musique classique un public qui n’y viendrait pas a priori?
C'est incontestable. Le classique n’est pas une musique sacrée mais une sacrée musique. Il n’y a aucune raison d'aimer Ravel ou Beethoven parce que c'est Ravel ou Beethoven. En revanche, faire découvrir ces compositeurs d'une manière plus ludique, cela aide à briser le mur entre le classique et un public qui s’y montre un peu frileux.
Cette 9è édition du Max Festival, en l’église romane de Tourinnes-la-Grosse (Brabant wallon), sera une fois encore très éclectique. En ouverture, l’Ensemble Ataneres proposera les «Quatre saisons» dans la version de Max Richter. Bach aura les honneurs d’une version jazzy par le pianiste Baptiste Trotignon, tandis que «La Nuit transfigurée» de Schönberg sera encadrée par deux quintettes de Boccherini (Philippe Graffin, Raphaël Feye et le quatuor Karski).
Les «Métamorphoses» de Strauss seront au programme de l’Orchestre royal de chambre Wallonie, qui accompagnera Irina Lankova dans le premier «Concerto pour piano» de Chopin. Quant à l’incontournable concert de 6 heures du matin, à la bougie et avec chaises longues, il accueillera Debussy et Fauré sous les doigts de la harpiste Héloïse de Jenlis. | St. R.
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