billet

Le poumongate

Humoriste

Savez-vous que l’écrivain Thomas Mann a eu l’idée de son chef-d’oeuvre "La Montagne Magique" en accompagnant dans un centre de cure son épouse qui souffrait d’une… pneumonie (*)? Hum… Vous devez soupirer en pensant que réévoquer ici le "poumongate" d’Hillary, une info vieille d’il y a… 10 jours, autant dire une éternité en matière journalistique, fait de moi illico un "has been" de la chronique actu? En fait, prendre un recul temporel, un peu comme l’auteur du roman précité tout en haut d’une montagne suisse, permet d’avoir un point de vue panoramique et du coup, une autre vision de ce qui fut pour Trump, un "happyphénomène" de cette campagne électorale. Car si de prime abord, les petits mensonges d’Hillary sur son état de santé ont donné un avantage certain à son rival à quelques semaines du vote, cela aurait pu se retourner contre le candidat républicain si Hillary s’était inspirée de cette phrase du radiographe dans le roman de Thomas Mann: "Nos yeux doivent prendre un bain d’obscurité avant d’y voir clair".

Elle est aveuglée, l’Hillary. Faut dire, elle ne croyait jamais, comme beaucoup d’Américains d’ailleurs, se retrouver face à celui dont le ciboulot semble aussi dévasté que Ground Zero en 2001, un Trump qui, n’étant pas en manque d’infection dans ses propos sur les Mexicains, les homos et les femmes, aurait dû s’attirer l’aversion d’une très grande majorité des Américains. Aujourd’hui, face à un candidat qui fait la course sans état d’asthme et dont les derniers sondages montrent qu’il rattrape son retard voire même dépasse sa rivale, Hillary n’arrive plus à retrouver de second souffle. La pneumonie devient dès lors une métaphore de son état mental.

Le tournant de cette campagne aurait pu se dérouler durant ses trois jours de retraite! Je me suis dit en la voyant prendre du repos, elle nous pond sûrement sa "Montagne Magique"! Entourée de son staff de campagne, elle revoit sa stratégie, examine moins son état de santé que celui de son pays, "Yes, we scan!", et développe sa vision claire pour l’avenir de l’Amérique. Ses expectorations pneumoniques seraient ainsi devenues la toux majeure de sa fin de campagne. Rien… On a juste eu droit à tous les détails sur l’état de ses voies respiratoires, des breathingnews minute après minute. Trump a fait pareil, il est venu à la télé montrer ses analyses médicales personnelles, n’ayant de toute façon pas d’autre analyse à présenter. On ne parle plus de politique mais de bulletin de santé.

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Bref, Hillary achève sa campagne comme elle a commencé… Souvenez-vous, au tout début, on avait découvert que son cerveau connaissait des troubles d’activités paranormails, ses messages confidentiels, elle les envoyait carrément sur des messageries ouvertes! N’ayant pas retenu l’adage: "Quand tu n’as pas de code pin, tu as plein de copains!", Hillary est du style à vous donner les codes nucléaires même sans les lui demander!

Attention! Malgré ses fiches de bon état général, Trump aussi a son lot de maladies. Ses propos lourds et vulgaires prouvent l’existence d’une gangrène liée à diverses formes pataulogiques incurables. Seulement, en grand malade qui s’ignore, il s’en fout!

Pendant les six semaines qui restent, les deux candidats à la Maison-Blanche vont scruter davantage leur nombril que celui des Américains victimes de la crise ou celui des jeunes angoissés par l’avenir. Et à ce jeu-là, Trump est le plus habile.

Si elle n’est pas élue au final, Hillary pourra toujours lire "La Montagne Magique", plus de 700 pages, cela vous occupe un bon moment, allongée dans un transat, couverture sur les jambes, une tisane apportée par Bill fumant dans l’air pur de ce centre de cure sur le sommet de Davos… Ah! Reprendre enfin un peu de hauteur.

(*) Je l’ai appris dans L’Echo samedi dernier…

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