Derrière Joe Biden, une liste de prétendants aux dents longues

Le candidat démocrate à la présidentielle américaine du 5 novembre doit être formellement investi lors de la convention de son parti, qui se tiendra du 19 au 22 août à Chicago. Sera-ce Kamala Harris, que l'on donne comme grande favorite, et qui a reçu le soutien de nombreux élus ou poids lourds démocrates?

Nul doute que la question que se posent les Américains, et la planète entière, au sujet de la personne qui pourrait briguer la tête de la plus grande puissance mondiale dans le camp démocrate, travaille les cerveaux de la Maison-Blanche. Personne ne pouvait se déclarer officiellement, mais des noms circulent et des caractères s'affirment.

Controverse sur Kamala Harris

Kamala Harris semble être la candidate de l'évidence, bien qu'aucune règle ne prévoie que le colistier remplace automatiquement un candidat en titre qui se retire.

En tant que vice-présidente, elle est connue dans tout le pays et dans le monde entier. En tant que femme de couleur, elle pourrait attirer l'électorat féminin et afro-américain, que le parti démocrate ne peut se permettre de perdre.

Néanmoins, elle n'a pas brillé dans son rôle de vice-présidente. Elle a bien été envoyée au front pour défendre l'avortement, gros enjeu de la campagne aux États-Unis, et pour afficher quelques messages de fermeté à l'égard du gouvernement israélien, alors que la position de Joe Biden dans le conflit à Gaza crispe une partie de l'électorat démocrate. Mais plutôt comme pompière.

Son parti n'a jamais essayé d'en faire un véritable atout, et elle-même n'a pu dégager ce charisme qui ferait d'elle un élément de poids dans une course à la présidence.  

Les sondages placent Kamala Harris, si elle était la candidate démocrate, dans un coude-à-coude avec Donald Trump. Elle ne ferait guère mieux que son boss. La Maison-Blanche va-t-elle désormais tenter d'améliorer son image, au cas où le remplacement du candidat Biden deviendrait inéluctable?

Michelle Obama, celle qui gagnerait

Il y a une autre femme de couleur qui est, elle, donnée grande gagnante d'office face à Donald Trump si elle se présentait, selon une enquête d'opinion Reuters/Ipsos. Il s'agit de Michelle Obama. L'épouse de l'ancien président ferait mieux que Joe Biden et décrocherait 50% des suffrages, pour 39% à Trump en cas d'affrontement.

Problème: l'ancienne première dame, restée très populaire, a déjà dit ne pas vouloir devenir présidente...

Alors, qui d'autres pour éventuellement remplacer Joe Biden?

Gavin Newsom, le charmeur

Le nom du gouverneur de Californie Gavin Newsom est le plus souvent cité.

Ce démocrate de 56 ans, ancien maire de San Francisco, est un fervent défenseur du droit à l'avortement. Il est très ambitieux, il aime sourire face à l'objectif et s'exprimer sur les réseaux sociaux. On le voyait candidat à l'investiture de 2028, il s'y préparait. Mais il pourrait prendre de l'avance...

Vu que Kamala Harris vient aussi de Californie, ces deux-là ne pourraient pas concourir en ticket.

Whitmer et Shapiro, la force des swing states

La gouverneure du Michigan, Gretchen Whitmer, a aussi quelques atouts dans sa manche. À 52 ans, elle dirige un État qui abrite un électorat devenu plutôt hostile à Joe Biden: une population ouvrière et d'importantes communautés noires et arabes. Le Michigan fait partie des swing states, ces États où se joue réellement l'élection parce qu'ils sont traditionnellement fort partagés entre les camps démocrates et républicains.

Josh Shapiro, 51 ans, est, lui, le gouverneur du plus gros swing state, la Pennsylvanie, ce qui lui donnerait aussi un poids particulier. Il a été procureur général de cet État et s'est fait connaître en dénonçant les agressions sexuelles commises par des prêtres catholiques contre des milliers d'enfants. Il a aussi poursuivi le laboratoire Purdue, fabricant de l'OxyContin.

C'est un excellent orateur. Mais son positionnement très pro-israélien dans le conflit à Gaza pourrait le desservir s'il fallait envisager sérieusement son nom pour le ticket démocrate. Il pourrait faire fuir plusieurs profils d'électeurs, notamment les jeunes, la frange plus à gauche et les communautés musulmanes.

J.B Pritzker, le milliardaire

Le gouverneur de l’Illinois, J.B. Pritzker, est aussi cité comme éventuel prétendant à la Maison-Blanche. La famille de cet homme d'affaires avait fondé les hôtels Hyatt; il est milliardaire. Or, on sait combien la fortune peut compter pour remporter l'élection présidentielle américaine. Il est connu comme défenseur du droit à l'avortement et du contrôle des armes à feu.

Les outsiders

Les noms des gouverneurs du Maryland, Wes Moore, et du Kentucky, Andy Beshear, circulent aussi. Ceux de la sénatrice Amy Klobuchar et du ministre des Transports Pete Buttigieg, deux candidats à l'investiture en 2020, sont parfois cités. Mais les chances de ceux-là paraissent plus limitées.