J.D. Vance, un inquiétant vice-président en embuscade

Futur président des États-Unis, Donald Trump a 78 ans. Pourra-t-il assurer son mandat présidentiel de quatre ans? Si pas, les clefs de la Maison-Blanche reviendraient alors au vice-président, J.D. Vance.

Vu ces circonstances, Vance peut rêver de la Maison-Blanche dans un avenir proche. Si ce n'est cette fois, il sera pressenti pour l'élection suivante.

Qu'est-ce que cet ancien marine, diplômé en droit de l'université de Yale, a en magasin? "J'ai reçu quelques critiques au début, mais je savais qu'il avait un bon cerveau, aussi bon que possible", a dit de son second Donald Trump ce mercredi, alors que la victoire du camp républicain se profilait.

Peu d'expérience politique

J.D. Vance, 40 ans, marié à Usha Chilukuri, une Américaine d'origine indienne, est loin d'être un animal politique rodé. Quand Trump a jeté, en juin dernier, son dévolu sur lui pour en faire son colistier, celui-ci n'était sénateur de l'Ohio que depuis un an et demi.

Mais il s'était déjà fait connaître en 2016, en publiant son autobiographie, "Hillbilly Elegy", dans laquelle il raconte son enfance à la dure dans le Midwest et les conditions de vie difficiles de la classe ouvrière blanche. Un récit parfait pour séduire, des années plus tard, les électeurs du Michigan, de Pennsylvanie ou du Wisconsin, très inquiets de la situation économique de la Rust Belt, cette région du nord-est des États-Unis.

J. D. Vance est ainsi: il se positionne en défenseur du travailleur américain et parle aux peurs de celui-ci. Derrière cette construction émotionnelle, il agite, lui aussi, la stratégie des droits de douane pour favoriser la production locale.

Start-ups, tech et invest

Pourtant, le nouveau vice-président a bâti sa carrière non pas dans la poussière des chantiers, mais essentiellement dans le monde des start-ups, côté investisseurs, après une petite expérience de juriste. Il a écumé quelques sociétés d'invest: Mithril Capital, Revolution ou encore Narya, son propre fonds.

Il a donc un épais carnet d'adresses dans le milieu de la tech. Mais il ne fait pas l'unanimité parmi ses pairs, à cause de prises de position parfois cacophoniques. Il a critiqué Google et Mark Zuckerberg. "La Big Tech est la plus grande menace pour la démocratie américaine aujourd'hui", disait-il à Fox News en 2022. Il s'était aussi réjoui des lois antitrust pour les géants de la tech, décidées par les démocrates.

Très à droite

Vance est un fervent défenseur de la devise "America First" de Trump. Il prône le protectionnisme en matière économique et l'isolationnisme en politique étrangère. Il s'oppose donc à l'aide et à l'engagement américain dans les conflits étrangers.

Ce conservatisme, cela ressemble diablement à du trumpisme pur jus. En plus aigu, même. Pourtant, il y a une différence flagrante entre les deux hommes.

J.D. Vance affiche un esprit rationnel, logique, là où Trump s'est souvent montré imprévisible. Lors du débat face à Tim Walz, le colistier de Kamala Harris, son ton poli et son discours structuré avaient été remarqués. Il ne traîne pas non plus les casseroles judiciaires du milliardaire.

Cela ne rend pas le vice-président moins inquiétant aux yeux du monde, parce que s'il devait succéder à Trump et construire une stratégie isolationniste cohérente, celle-ci risquerait de faire plus mal que les propositions vagues et difficiles à appliquer de son maître.