chronique déclic

L’été des remises en question sur les marchés

Chroniqueur financier

Les marchés aiment bien détester ce qu’ils ont adoré: le "soft landing" de l'économie ou l'intelligence artificielle. Pas trop vite quand même!

Si vous pensiez que l’été serait calme sur les marchés financiers, vous avez clairement fait fausse route.  Les événements susceptibles de faire bouger les cotations ont d’ores et déjà dépassé l’entendement alors que le mois de juillet n’est même pas encore arrivé à son terme.  Citons dans le désordre: une tentative d’assassinat sur Donald Trump, le retrait de Joe Biden de la course à présidence US et une soudaine "Kamala-mania", la vice-présidente Kamala Harris sortant d’un relatif anonymat.

Sans oublier une panne informatique géante liée à la firme de cybersécurité CrowdStrike (qui a dégringolé sur le Nasdaq), une baisse surprise des taux d’intérêt à Pékin destinée à contrecarrer le ralentissement de l’économie chinoise, un ralentissement qui pèse d'ailleurs lourdement en bourse sur le secteur du luxe. Ce dernier n’est d’ailleurs pas le seul à souffrir. C’est le cas aussi du secteur technologique, que ce soit les valeurs liées à l’intelligence artificielle (IA) ou les semi-conducteurs, avec à la clé quelques déclarations plutôt explosives du candidat Donald Trump.

Publicité

Dans un entretien récent à Bloomberg Businessweek, Trump a semé le doute sur la détermination américaine à défendre Taïwan, le pays du géant des semi-conducteurs TSMC, face à la Chine. "Je connais très bien ce peuple, je le respecte beaucoup. Ils ont pris environ 100% de notre activité dans le domaine des puces. Et je pense que Taïwan devrait nous payer pour sa défense", a souligné l’ancien président. "Vous savez, nous ne sommes pas différents d'une compagnie d'assurances. Taïwan ne nous donne rien." Plutôt interpellant si Trump devait remporter les élections...

Il est plutôt sain de voir certaines valeurs technologiques reprendre leur souffle après une progression parfois extrême.

Dans le domaine macroéconomique, outre la panne de croissance chinoise, c’est aussi la santé de la zone euro qui commence à sérieusement inquiéter à la suite de la publication de quelques mauvais indicateurs (dont les indices PMI). Ceci alors qu’aux États-Unis, certains en viennent à mettre en doute la capacité des autorités à faire atterrir en douceur l’économie.

Bref, les marchés financiers remettent en question ce qu’ils avaient auparavant adoré.  Tout d’abord, le scénario du "soft landing" économique, qui permet d’échapper à la récession tout en faisant retomber la fièvre inflationniste. Et ensuite, le narratif lié au développement de l’intelligence artificielle (IA) et à son impact sur la productivité.

Mais il faut raison garder. Sur le plan boursier, il est plutôt sain de voir certaines valeurs technologiques reprendre leur souffle après une progression parfois extrême. Des prises de bénéfices sont parfaitement logiques dans ce contexte. N’oublions pas non plus que les volumes de transactions moins étoffés pendant l’été peuvent accroître les écarts de cours. Pour l’IA, le test ultime ne viendra sans doute que le 28 août prochain lorsque Nvidia, la star du secteur, publiera ses résultats trimestriels. Pointez déjà cette date dans votre agenda.

Publicité

Sur le plan économique, ce sont les banques centrales qui sont attendues au tournant pour redonner un peu de tonus à la croissance. Et elles ont parfaitement les moyens. La Federal Reserve (Fed) américaine se réunit ces mardi 30 et mercredi 31 juillet. Une manière de terminer un mois très chahuté en beauté.  En principe, selon le consensus du marché, la Fed ne devrait toutefois pas baisser sa garde la semaine prochaine. Mais compte tenu d'une inflation qui rentre progressivement dans le rang, elle pourrait agir en septembre et faire baisser ses taux qui se situent actuellement à 5,25%-5,50%. Fidèle à sa réputation, Donald Trump a déjà mis en garde la Fed de ne pas baisser les taux d'intérêt avant l'élection de novembre afin de ne pas favoriser le camp démocrate. Pas certain que Jerome Powell, le président de la banque centrale, se laissera impressionner...     

Publicité