Les tempêtes et inondations ont coûté 4,6 milliards d'euros à la Belgique depuis 2018
Maisons avalées par les eaux ou toits emportés par le vent, les assurances payent souvent l'addition. Au bout du compte, que coûtent les catastrophes naturelles?
Les inondations et les tempêtes sont les événements climatiques les plus dévastateurs en Belgique. Selon leur intensité, les dégâts matériels peuvent aller d'une simple table de jardin qui s'envole à la ruine de centaines de maisons. En cas de dégradation importante, les assurances habitation, et parfois l'État, interviennent.
Dans un contexte de dérèglement climatique, ces dépenses sont de plus en plus importantes. De quoi pousser les assureurs à prendre des mesures pour rester en capacité de couvrir leurs clients.
Entre 2018 et 2022, les assurances ont dépensé près de 4,5 milliards d'euros pour couvrir le coût des catastrophes climatiques. C'est presque trois milliards de plus qu'entre 2012 et 2017. Le chiffre augmente ainsi inexorablement, à l'instar de la température.
Des dépenses importantes, mais imprévisibles, pour les assurances
Cependant, les catastrophes climatiques les plus coûteuses sont soudaines, des situations imprévisibles sur le long terme. Ainsi, si l'on observe une tendance globale à la hausse, nul ne sait combien coûtera l'année suivante.
L'illustration parfaite de ce problème sont les inondations de l'été 2021. À elles seules, elles représentent un coût de 2,5 milliards d'euros pour les assurances, faisant de 2021 l'année la plus chère en dix ans.
Des versements au fond des calamités
Pour l'année 2021, il faut ajouter à la facture des assurances une avance faite à l'État: un milliard d'euros, emprunté par le service public. De l'argent voué à soutenir le fond des calamités publiques.
Car en cas de catastrophe naturelle exceptionnelle, l'État peut accorder le statut de calamité à l'évènement. Dans cette situation, les personnes concernées par les dégradations peuvent demander une aide financière aux services publics. Ce soutien apparait comme un supplément, mais pas un substitut, à la couverture des assureurs.
"Si des phénomènes tels que les inondations de juillet 2021 venaient à se produire à une certaine fréquence, une augmentation des crédits s’avèrera nécessaire."
Les fonds alloués à ces calamités s'élèvent à un peu plus de 5 millions d'euros par an. Un budget qui s'est avéré largement insuffisant en 2021. En plus du milliard puisé chez les assurances, le Service public de Wallonie a emprunté environ deux millions d'euros au service régional public de Bruxelles. Pourtant, le SPW juge inutile d'augmenter ses fonds pour le moment.
"En dehors de ce phénomène sans précédent, nous écrit Nicolas Yernaux, responsable presse du Service public de Wallonie, les crédits annuels habituels semblent toujours suffisants. Par contre, si des phénomènes tels que les inondations de juillet 2021 venaient à se produire à une certaine fréquence, une augmentation des crédits s’avèrera nécessaire."
24 évènements considérés comme des "calamités publiques" depuis 2018
Depuis 2018, le service public Wallonie a accordé ce statut de calamité publique à 24 évènements, pour un total d'un peu moins de 130 millions d'euros.
Au total, si l'on prend en compte les services publics wallons, flamands, bruxellois, et les assureurs, les catastrophes climatiques ont coûté près de 4,6 milliards d'euros en Belgique. Malgré les dépenses occasionnelles de l'État, ce sont en priorité les assureurs qui couvrent les dégâts. L'aide financière des services publics ne s'applique que dans des circonstances précises et exceptionnelles.
Le temps de l'adaptation
Face à la situation environnementale actuelle, la multiplication de catastrophes climatiques dans les années à venir est à prévoir. Face à une telle situation, chacun prend des mesures pour éviter une situation financièrement critique.
Du côté des services publics, on préfère prévenir que guérir. S'il n'est pas prévu que le fond des calamités soit doté d'un plus gros budget, la région Wallonne a déjà instauré des mesures visant à réduire l'impact des catastrophes climatiques, et donc leur coût.
Depuis le premier janvier, les compagnies bénéficient également d'un plafond d'intervention multiplié par quatre. Par ce geste, l'objectif des services publics est de permettre aux assurances de couvrir tous leurs clients.
"Nous renouvelons notre appel à la collaboration avec les autorités publiques. Le partenariat est important pour affronter les futures catastrophes exceptionnelles."
Les assurances veulent aller plus loin
Cette décision n'est pas suffisante pour Assuralia. L'association professionnelle des compagnies d'assurance demande aux services publics de prendre leur part de responsabilités. "Au vu du dérèglement climatique, nous craignons d'un jour ne plus pouvoir rembourser en intégralités nos clients", explique Nevert Degirmenci, responsable presse et communication d'Assuralia.
Se souvenant des inondations de 2021, elle affirme: "Nous renouvelons encore notre appel à la collaboration avec les autorités publiques. Le partenariat est important pour affronter les futures catastrophes exceptionnelles".
En l'absence de décision plus forte, les compagnies d'assurances s'adaptent individuellement. Nevert Degirmenci nous confie que certaines ont déjà dû gonfler leurs prix. Cela concernerait surtout les grosses compagnies: plus nombreux sont les clients, plus nombreux sont les sinistres, et plus grandes sont les pertes financières.
La compagnie Ethias, quant à elle, choisit une démarche préventive. L'objectif: alerter ses affiliés sur les catastrophes à venir, limiter les dégâts, et agir le plus rapidement possible. Pour ce faire, la compagnie suit de près les alertes climatiques. Elle a également mis en place une cellule de crise et un bureau mobile, capable d'agir le plus rapidement possible.
"À notre époque où les situations climatiques sensibles sont de plus en plus fréquentes, expose Albane Laitresse, responsable média et relations publiques chez Ethias, le rôle que la prévention peut jouer devient d’une importance sans commune mesure".
- Les catastrophes climatiques de ces cinq dernières années ont coûté 4,6 milliards d'euros, c'est plus que les cinq années précédentes.
- Les compagnies d'assurance appellent à plus de collaboration avec les services publics.
- Elles ont déjà dû adapter leurs prix et leurs pratiques pour affronter la crise climatique.
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