Tikhanovskaïa, cheffe de l'opposition biélorusse: "L'armée biélorusse ne veut pas attaquer l'Ukraine"
L'opposante biélorusse Svetlana Tikhanovskaïa affirme que l'armée biélorusse n'a aucune envie d'attaquer l'Ukraine. Elle ne nourrit "aucun sentiment anti-ukrainien" et n'est pas entraînée pour cela.
La cheffe de l'opposition biélorusse, Svetlana Tikhanovskaïa, était cette semaine à Bruxelles pour rencontrer les groupes politiques du Parlement européen et recevoir les clés de la mission de la Biélorussie démocratique en Belgique. Elle a accepté de s'entretenir avec L'Echo et quelques journaux européens sur la crise ukrainienne, alors que l'armée russe déclenche depuis 3 jours des tirs de missiles et de drones sur l'Ukraine à partir du territoire biélorusse.
"Les généraux ont dit à Loukachenko que s'il donnait l'ordre à son armée d'attaquer, ce serait difficile."
Le président Alexandre Loukachenko a annoncé cette semaine le déploiement d'un groupement militaire commun entre la Russie et la Biélorussie. Mais Svetlana Tikhanovskaïa ne croit pas que l'armée biélorusse veuille combattre en Ukraine. "L'armée biélorusse ne veut pas attaquer l'Ukraine", explique-t-elle. "En février et mars dernier, il y avait une possibilité très forte que la Biélorussie s'engage avec la Russie car Loukachenko voulait être du côté des gagnants, mais ce n'est plus le cas", poursuit-elle.
"Depuis le début de la guerre, il n'y a aucun sentiment anti-ukrainien dans notre armée. Les généraux ont dit à Loukachenko que s'il donnait l'ordre à son armée d'attaquer, ce serait difficile. L'armée biélorusse n'est pas entraînée pour se battre contre l'Ukraine", résume-t-elle.
Bataillon biélorusse pro-ukrainien
"Les Russes vont utiliser l'excuse d'exercices militaires pour rester sur le territoire biélorusse. Ils pourraient même y déployer la milice Wagner."
Huit mois après l'invasion, et au vu des échecs de l'armée de Poutine, l'aventure serait encore plus hasardeuse pour les Biélorusses. "Aujourd'hui, je ne peux imaginer un seul instant que notre Biélorussie participe à cette guerre. L'ordre ne serait pas suivi. Au contraire, des citoyens biélorusses ont constitué un bataillon qui se bat aux côté des Ukrainiens". Un bataillon de mercenaires dont le dictateur Loukachenko craint le retour.
Tikhanovskaïa s’appuie aussi sur un réseau d'informateurs au sein de l'armée biélorusse. "Nous sommes en communication avec des gens dans l'armée, il est clair qu'elle ne s'impliquera pas. Mais les Russes vont utiliser l'excuse d'exercices militaires pour rester sur le territoire biélorusse. Ils pourraient même y déployer la milice Wagner", dit-elle.
Loukachenko, dont l'autorité repose sur la présence de l'armée russe, prétend que l'Ukraine veut "attaquer" la Biélorussie. Après la destruction du pont de Crimée, il a averti le président ukrainien Volodymyr Zelensky de ne pas toucher de "ses sales pattes ne serait-ce qu'un mètre du territoire" biélorusse.
"Loukachenko est la poupée de Poutine. C'est son régime qui est impliqué dans cette guerre, pas le peuple biélorusse."
"Loukachenko veut justifier l'existence d'une force conjointe entre la Russie et la Biélorussie en prétextant que l'Ukraine est 'notre ennemi' et qu'elle 'veut nous envahir', ce qui est faux", affirme Svetlana Tikhanovskaïa.
Bombardements depuis la Biélorussie
Des dizaines de missiles et de drones ont été tirés cette semaine contre l'Ukraine depuis la Biélorussie. L'opposante confirme aussi que "le régime biélorusse livre des missiles à la Russie". "Des vieux missiles de l'ère soviétique", précise-t-elle.
"Loukachenko est la poupée de Poutine. C'est son régime qui est impliqué, pas le peuple biélorusse. Le consensus dans la société biélorusse est qu'il ne faut pas participer à cette guerre", dit-elle. "Loukachenko est comme une chaise à trois pieds. Il tient grâce au soutien de Poutine, la violence de sa police et l'argent. Mais même sa police ne soutient pas la guerre en Ukraine".
Mission biélorusse en Belgique
Tikhanovskaïa a reçu mercredi les clés du siège de la mission de la Biélorussie démocratique en Belgique des mains du ministre-président flamand Jan Jambon (N-VA). La mission sera inaugurée mi-novembre. Elle servira aussi de représentation de l'opposition biélorusse auprès de l'UE.
- "En février et mars dernier, il y avait une possibilité très forte que la Biélorussie s'engage avec la Russie car Loukachenko voulait être du côté des gagnants."
- "Aujourd'hui, je ne peux imaginer un seul instant que notre Biélorussie participe à cette guerre. L'ordre ne serait pas suivi."
- "Loukachenko est la poupée de Poutine. C'est son régime qui est impliqué, pas le peuple biélorusse."
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