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Comment Trump a tenté de mettre la main sur un futur vaccin allemand

©EPA

L'affaire est prise très au sérieux à Berlin: la société Curevac se serait vu proposer par la Maison Blanche de développer son vaccin contre le coronavirus pour le seul marché américain.

L’information a été indirectement confirmée par le gouvernement allemand ce week-end: les États-Unis auraient tenté de mettre la main sur la société Curevac, une PME de Tübingen dans le sud-ouest de l’Allemagne, qui serait particulièrement avancée dans la recherche d’un vaccin contre le coronavirus sur lequel elle travaille avec l’aide de subventions du gouvernement allemand.

Curevac, qui assure pouvoir se livrer aux premiers essais cliniques dès le mois de juin, a démenti via Twitter lundi avoir reçu une offre de l’administration Trump, mais l’affaire continue de faire d’autant plus de bruit en Allemagne qu’elle a été commentée par plusieurs ministres d’Angela Merkel.

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1 milliard de dollars
L'offre de la Maison-Blanche
L'ex-patron de Curevac se serait vu proposer 1 milliard de dollars par Trump pour développer le vaccin pour le seul marché américain.

Invité début mars à la Maison-Blanche avec les patrons d’autres entreprises de la biotechnologie travaillant elles aussi sur un vaccin, l’ex-patron de Curevac – Daniel Menichella – se serait vu proposer selon la presse allemande un milliard de dollars par Donald Trump, pour développer le vaccin pour le seul marché américain. Mais l’actionnaire principal de Curevac, le cofondateur de SAP Dietmar Hopp (il est propriétaire de 80% de Curevac via sa société de participations Dievini) aurait clairement rejeté l’offre de la Maison-Blanche: "Nous voulons développer un vaccin pour le monde entier, pas pour un seul pays", assure l’actionnaire. Une semaine après la rencontre de Washington, Daniel Menichella – un économiste américain – est remplacé par Ingmar Hoerr, un scientifique allemand, sans la moindre explication.

"L'Allemagne n'est pas à vendre."

Peter Altmaier
Ministre allemand de l'Économie

L’affaire est prise très au sérieux à Berlin, si on en juge par les réactions au sein des ministères concernés. Le ministre de l’Intérieur Horst Seehofer a inscrit le dossier à l’ordre du jour d’une réunion gouvernementale consacrée à la sécurité dimanche soir. Le ministère de la Santé a confirmé que les États-Unis s’intéresseraient à Curevac. Enfin, le ministre de l’Économie Peter Altmaier a chaleureusement loué la réaction de l’actionnaire, assurant que "l’Allemagne n’est pas à vendre". Peter Altamier est à l’origine d’une loi qui permet désormais au gouvernement fédéral de s’opposer à toute reprise hostile d’une entreprise allemande par un investisseur étranger, dès lors que la cible est active dans un secteur stratégique pour le pays. La mesure avait été adoptée après le rachat par un investisseur chinois, Midea, du fleuron de la robotique Kuka. L’affaire avait été vécue comme un traumatisme par l’industrie allemande.

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