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Lufthansa met Brussels Airlines et la Belgique dos au mur

©AFP

Le plan social frappant Brussels Airlines est annoncé alors que les discussions en vue d'un soutien éventuel de l'Etat à la compagnie étaient en cours. La maison-mère allemande a renversé la table. L'État belge n'est pas en position de force.

"On se plaint des Français avec Engie et BNP Paribas, on découvre les Allemands", confesse non sans dépit une source gouvernementale. L'Etat belge a été frappé de stupeur à l'annonce, ce mardi, de la restructuration de Brussels Airlines. Il était, via sa société d'investissement et de participations (la SFPI), en discussion depuis des semaines avec Lufthansa, maison-mère de la compagnie belge, en vue de maintenir l'entreprise.

Entre les deux parties, la confiance n'a jamais été de mise alors que s'affichait de plus en plus ostensiblement la volonté belge de sauver Brussels Airlines, confortant sa position de faiblesse vis-à-vis du poids lourd allemand.  

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L'Etat est pris de vitesse. Les réactions politiques qui ont suivi cette annonce furent donc amères. Tant à droite qu'à gauche. 

"Ce que ce veut Lufthansa, ce n’est pas le développement de Bruxelles mais empêcher ses concurrents de venir occuper la place en attendant la fin de la crise."

Une source gouvernementale

On décrit des Allemands "très durs en négociation", alors que les Belges demandent des garanties solides d'investissements et de maintien d'une activité digne d'un aéroport national une fois que la crise sera passée. "Ce que veut Lufthansa, ce n’est pas le développement de Bruxelles mais empêcher ses concurrents de venir occuper la place en attendant la fin de la crise", glisse un proche du dossier. Une crainte notamment relayée par Georges-Louis Bouchez, président du MR, parti de la Première ministre. 

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Une ardoise qui monte, qui monte

La maison-mère allemande se montre en outre de plus en plus gourmande. Dans une discussion démarrée à 200 millions, le soutien demandé à l’Etat belge est monté à 290 millions d’euros ces dernières semaines. Interrogé par LN24 mardi matin, Georges-Louis Bouchez évoquait un montant de "plus de 300 millions d’euros". Il aurait en fait grimpé à 390 millions d’euros, selon plusieurs sources contactées par L’Echo.

Ce chiffre aurait été présenté aux négociateurs accompagné d’un refus toujours aussi net que l’Etat belge intègre l’actionnariat de la compagnie. Pourtant, "il faut bien constater que les négociations entre Lufthansa et l’Allemagne ne se passent pas bien non plus, on parle là d’un montant de 9 à 10 milliards. Nous n’avons donc aucune garantie que Lufthansa elle-même évite la faillite", se plaint une source proche du dossier. 

"On ne veut pas d’un simple scénario de liquidation, il faut aussi qu’il y ait des investissements. Nous attendons un signal clair de la société-mère allemande."

Alexader De Croo
Ministre des Finances

Côté belge, on voit surtout dans l’épisode du jour un coup de force stratégique de la maison-mère allemande qui, de toute façon, avait un plan de restructuration dans ses cartons pour Brussels Airlines et cherche à obtenir un soutien maximum des pouvoirs publics belges. "Il est nécessaire qu'un plan d'avenir crédible soit mis sur la table, prévoyant suffisamment de garanties quant au rôle que jouera Brussels Airlines après la crise, faisait savoir le cabinet d'Alexander De Croo (Open Vld), ministre des Finances en charge du dossier. On ne veut pas d’un simple scénario de liquidation, il faut aussi qu’il y ait des investissements. Nous attendons un signal clair de la société-mère allemande."

En coulisse, d'aucuns situent la Belgique dans une position inconfortable face à des Allemands qui lui disent en substance: "si vous voulez atténuer le plan social, il faudra payer."

Lufthansa a renversé la table, reste à l'Etat belge à décider de payer ou de ne pas payer. Dans les cercles politiques, certains ressuscitent le plan B: une faillite et/ou une reprise de l'activité par une nouvelle structure, associant pourquoi pas les compagnies Tui et Air Belgium. "C'est pour faire peur à Lufthansa mais on dirait que Lufthansa n'a pas vraiment peur", ironise un proche du dossier.    

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