Fin du cordon sanitaire: une liste locale s'allie avec le Vlaams Belang à Ranst
PIT, une liste locale portée par un ex-bourgmestre libéral, a conclu une alliance avec le Vlaams Belang et un autre formation pour former une majorité à Ranst, en province d'Anvers.
Ranst intègre ce samedi les livres d'histoire politique belge. C'est en effet dans cette commune située quelques kilomètres à l'est d'Anvers et peuplée de quelque 20.000 habitants, qu'une liste a pour la première fois noué une alliance avec la section locale du Vlaams Belang.
Ainsi est rompu pour la première fois le cordon sanitaire en vigueur en Flandre depuis l'avènement de son prédécesseur, le "dimanche noir" du 24 novembre 1991 lors duquel le Vlaams Blok a raflé 12 sièges sur 212 à la Chambre.
À Ninove, la liste Forza du Vlaams Belang Guy D'haeseleer a obtenu une majorité absolue aux dernières élections communales et peut donc gouverner seul.
PIT, une liste dans laquelle figure l'ancien bourgmestre libéral Lode Hofmans a formé une majorité avec le parti d'extrême droite flamand et une autre liste locale, Vrij Ranst.
PIT a récolté 34% des voix au scrutin communal de dimanche dernier, ce qui lui a donné droit à neuf des 25 sièges du conseil communal. La N-VA du bourgmestre sortant Johan De Ryck est arrivée seconde avec 25,2%, en recul de 8,9 points par rapport à 2018, et sept sièges. Le Vlaams Belang a obtenu 14,6%, en progrès de 3,1 points, et gagne trois strapontins, tout comme la liste locale Vrij Ranst (13,3%).
Bart Goris, qui tirait la liste PIT, est pressenti pour ceindre l'écharpe maïorale ces six prochaines années. Il était arrivé en tête des voix de préférence, avec 1.574 suffrages, devant le bourgmestre Lode Hofmans (1.141).
"Réaction en chaîne"
Tom Van Grieken, le président du Vlaams Belang, s'est félicité sur X de la fin du cordon sanitaire. Lui et Filip Dewinter, figure historique du parti, espèrent maintenant que cet accord provoquerait "une réaction en chaîne", incitant d'autres listes à s'associer à la formation.
La section locale du Vlaams Belang a par ailleurs annoncé par la bouche de sa tête de liste Christel Engelen qu'elle allait changer de nom pour se rebaptiser "Ons Ranst" (littéralement "Notre Ranst").
"C'est un jour historique."
Christel Engelen s'est dite "fière" de cette rupture du cordon sanitaire. "C'est un jour historique. Nous n'avons pas la sensation d'avoir été le troisième ou quatrième choix", a-t-elle poursuivi.
Réaction en chaîne à laquelle ne croit guère Jos Geysels, qui fut à l'initiative du cordon sanitaire politique en Belgique en 1989. Cette alliance locale "ne va pas faire sauter les digues", a estimé, ce dimanche dans l'émission De Zevende Dag (VRT), l'ancien secrétaire politique d'Agalev (devenu Groen).
Le cordon sanitaire est une spécificité belge. Exclusivement politique en Flandre, il est à la fois politique et médiatique du côté francophone. Après la percée électorale de 1991, les cinq partis démocratiques flamands s'étaient engagés à exclure l'extrême-droite de toute coalition politique, quel que soit le niveau de pouvoir.
Exclusion des pactiseurs
L'Open Vld a annoncé samedi soir vérifier si certains de ces élus sont affiliés au parti libéral flamand. Si tel est le cas, ils perdront leur carte de membre, a averti la présidente Eva De Bleeker.
Un peu plus tard dans la soirée, le CD&V a annoncé que trois élus de la liste PIT sont membres du parti. Leur carte de parti leur a été retirée, a souligné la formation chrétienne-démocrate. "Nous n'accepterons jamais que des membres du CD&V s'allient au Vlaams Belang. Nos principes et nos valeurs démocratiques sont plus importants que quelques fonctions", se sont indignés les chrétiens-démocrates flamands.
Situation locale
"Il s'agit en fait d'une histoire de politique locale très banale, mais aux conséquences qui ne le sont pas."
Le politologue de la Vrije Universiteit Brussel Dave Sinardet qualifie cette rupture du cordon sanitaire d'"inattendue".
"Avant tout, la situation à Ranst est très différente de celle de Ninove (...). À Ranst, la liste d'extrême-droite a recueilli bien moins de suffrages, mais monte quand même dans la majorité. C'est cette situation qui est nouvelle et surprenante, commente-t-il.
Cette alliance ne résulte donc pas d'affinités idéologiques, estime Dave Sinardet. "Il s'agit en fait d'une histoire de politique locale très banale, mais aux conséquences qui ne le sont pas."
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