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analyse

Enseignement: à quels changements doivent s'attendre les profs avec le MR et Les Engagés?

Georges-Louis Bouchez et Maxime Prévot, les présidents du MR et des Engagés, consultent le monde de l'enseignement en vue d'élaborer la politique commune qu'ils veulent mener au sud du pays. ©BELGA

En cours de dépoussiérage, l'enseignement francophone se sent malmené. La future nouvelle coalition devra rassurer et poursuivre le rafraîchissement. C'est en discussion.

Ce vendredi, Georges-Louis Bouchez (MR) et Maxime Prévot (Les Engagés) rencontraient les acteurs de l'enseignement obligatoire et du supérieur. Le duo de présidents est engagé dans un cycle de consultations de la société civile, en vue d'agencer le programme de la coalition qu'ils veulent constituer à la Région wallonne et à la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB).

Le secteur de l'éducation représente l'essentiel du budget de la FWB, or cette entité est endettée jusqu'au cou. Sa dette actuelle, de quelque 12 milliards d'euros, est appelée à encore croître ces prochaines années. La gestion politique de l'enseignement est donc un exercice délicat.

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"On sent l'envie de donner un nouvel élan à l'école", cerne Julien Nicaise, administrateur général de Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE). "Mais le temps politique et le temps scolaire ne sont pas les mêmes. L'école s'inscrit dans le temps long. On peut attendre des changements, mais pas une totale remise en cause."

Qu'est-ce qui attend nos écoles? L'idée serait de ne pas trop en dire dans la déclaration de politique communautaire, pour garder une bonne latitude de discussion par la suite.

Le pacte d'excellence, à revoir?

"S'il y a un rejet de ce pacte sur le terrain, c'est parce qu'il y a trop de mesures en même temps."

Joseph Thonon
Président de la CGSP-Enseignement

"Le pacte d'excellence est un processus systémique, plusieurs mesures ont été prises en même temps. Cela a créé un engorgement et alourdit le travail des enseignants", lâche Joseph Thonon, qui vit ses derniers mois à la tête de la CGSP-Enseignement puisqu'il sera pensionné fin août. "S'il y a un rejet de ce pacte sur le terrain, c'est parce qu'il y a trop de mesures en même temps."

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Cette implémentation au pas de charge de mesures du pacte d'excellence pourrait donc être revue. "Il ne faut pas tout changer, mais peut-être modifier le rythme. Il faut entendre les plaintes des directeurs accablés par la surcharge administrative et la difficulté de mettre en œuvre les réformes", pointe Julien Nicaise.

Le MR voudrait évaluer les différentes mesures. Les Engagés, qui étaient à l'initiative du pacte, voudraient surtout retrouver l'esprit de leur bébé et assurer la bonne implémentation des décisions. Un tel travail pourrait freiner certaines mesures.

Le tronc commun, à raffermir

Le tronc commun, réforme clé du pacte d'excellence, instaure un parcours identique pour tous, de la 1re maternelle à la 3e secondaire. Les premiers élèves embarqués dans cette aventure sont actuellement en 5e primaire. Le tronc commun concernera donc pour la première fois les secondaires en 2026.

Le MR voudrait renforcer le niveau d'exigence du CEB, en fin de primaire.

Or, pas mal de points restent à régler. "Des cours d'options de première secondaire vont disparaître, des profs vont perdre leur emploi", craint Joseph Thonon.

Le MR aimerait limiter le tronc commun à la 2e secondaire, et non à la 3e. Le contenu des années après le tronc commun doit aussi encore être précisé.

Le CEB dans le flou

Le MR insiste beaucoup sur l'évaluation des élèves, proposant des tests en fin de 3e et de 6e primaires, ainsi qu’à la fin du tronc commun, en 3e secondaire donc, et en 6e secondaire.

Les libéraux voudraient renforcer le niveau d'exigence du CEB, en fin de primaire. Mais quel serait le sens de ce durcissement dans le cadre d'un tronc commun sans redoublement? Ce CEB resterait-il certificatif ou ne serait-il plus qu'indicatif?

Et que va-t-il advenir des premières différenciées, ces classes qui regroupent les enfants de 12 ans au moins n'ayant pas obtenu leur CEB au bout des primaires? "Georges-Louis Bouchez veut les conserver. Mais alors, on ne parle plus de tronc commun!", s'étonne Joseph Thonon.

Les rythmes scolaires

Après avoir créé beaucoup d'agitation, le nouveau calendrier scolaire en FWB semble entré dans les mœurs. L'enseignement supérieur pourrait suivre. Problème: unifs et hautes écoles ne sont pas sur la même longueur d'onde. Ce qui est sur la table, c'est une moitié des congés du supérieur en commun avec l'enseignement obligatoire. Par exemple une des deux semaines des vacances de détente (carnaval) et de celles de printemps (Pâques).

À savoir aussi que le MR est très sensible à la question du rythme journalier, avec l'idée que les enfants sont plus performants le matin et en fin d'après-midi. "Mais que faire en début d'après-midi?", s'interroge Joseph Thonon. "Les académies ne sont pas prêtes, les clubs de sport fonctionnent avec des bénévoles qui ont souvent un emploi."

Pénurie de profs

Plusieurs mesures ont déjà été prises pour assouplir l'engagement d'enseignants n'ayant pas le titre adéquat. Mais la pénurie reste criante. "Avec le challenge de 2026, année lors de laquelle il n'y aura quasiment pas de diplômés des filières pédagogiques suite au passage des études en 4 ans", avertit Julien Nicaise.

"Il faut revaloriser le métier, améliorer les conditions de travail. Il faudrait donc diminuer la taille des classes. Mais pour tout ça, il y a un problème de budget", regrette le responsable de la CGSP-enseignement.

Les Engagés songent à réformer le statut des profs, en troquant la nomination par un contrat à durée indéterminée et une revalorisation salariale. Le MR n'est pas contre et ça inquiète les syndicats.

La formation en alternance

MR et Engagés sont d'accord pour renforcer les liens entre écoles et entreprises, qui sont parfois difficiles à nouer ou à entretenir.

Le décret paysage

Enfin, le décret paysage ne sera certainement pas oublié par le MR, qui a vu ses partenaires de majorité, PS et Ecolo, profiter de l'appoint du PTB pour faire passer une réforme assouplissant les conditions de financement des étudiants du supérieur dès la rentrée académique prochaine. Trop tard pour rechanger. Mais l'idée de resserrer les boulons reste.

Le résumé
  • Le MR et Les Engagés peaufinent les grandes lignes qu'ils veulent appliquer à l'enseignement.
  • Le tronc commun pourrait être adapté. De nouveaux tests pourraient être instaurés.
  • L'idée d'un statut contractuel pour les enseignants fait son chemin.
  • Dans le supérieur, le calendrier des vacances attend une adaptation.
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