Technord, un électricien branché sur la décarbonation
Candidat au titre d'Entreprise de l'année 2023, l'électricien des industries dispose de beaux leviers de croissance avec la "Battery Valley", la transition énergétique et l'IA.
Tournai abrite le siège d'un champion wallon qui, dans une relative discrétion, affiche chaque année bénéfice et croissance sans discontinuer depuis trois quarts de siècle. "Nous sommes la première entreprise familiale dans nos métiers en Belgique", souligne son CEO Philippe Foucart. Les autres "grands" dans ses secteurs sont en effet des filiales de groupes étrangers. Mais le groupe Technord, car c'est de lui qu'il s'agit, voit sa croissance s'accélérer ces dernières années: le chiffre d'affaires a doublé en cinq ans. Et son rythme continue de s'élever avec 25% de progression sur 2022 et des perspectives plus que prometteuses grâce, entre autres, à l'émergence du méga-projet de "Battery Valley" dans les Hauts-de-France tout proches.
"Nous avons quatre métiers complémentaires, ce qui nous distingue également de nos concurrents qui n'en prestent qu'un ou deux; cela nous permet de mieux fidéliser nos relations avec nos clients", expose Philippe Foucart. L'électricité industrielle est historiquement le premier de ses métiers: actif aussi bien en haute qu'en moyenne et basse tension, Technord amène le courant dans les usines, le distribue et le gère. S'y sont ajoutés l'automation (sur les lignes de production), un métier d'informaticien industriel, qui voit l'entreprise développer des logiciels pour monitorer et tracer les produits dans les usines, et plus récemment une dose d'intelligence artificielle: les "data scientists" de Technord vont chercher dans les données des industriels clients de quoi optimiser leurs procédés et fonctions.
Qui de CE+T, Mellow, Schréder, et Sabena Engineering succèdera à Technord comme Entreprise de l'Année? Verdict le 9 décembre, lors de la cérémonie de la 29e édition du prix de L'Entreprise de l'Année, organisée par EY, en collaboration avec L'Echo, BNP Paribas Fortis et WorxInvest.
Batteries, décarbonation et digitalisation
Fort de ces bases, le groupe picard dispose de deux très séduisants leviers de croissance. Le premier renvoie au projet des Français qui, pour réduire la dépendance européenne envers la Chine, prévoient de construire de très grosses usines de batteries pour véhicules sur Dunkerque, Douai, Billy-Bercleau et Douvrin. "Il y a quatre consortiums de constructeurs désignés: ACC, Verkor, EnVision et ProLogium, et Technord va collaborer avec les trois premiers", annonce le CEO, "pour deux de nos métiers, l'électricité et la gestion de production." Le potentiel est de 50 à 60 millions d'euros de revenus à partir de 2024.
L'autre levier a quatre composantes. "Aujourd'hui, les industriels veulent tous décarboner, digitaliser, réduire leur consommation d'électricité et utiliser l'intelligence artificielle dans leur production. Nous sommes en mesure de répondre à tous ces besoins."
4.000 projets par an
Ce que tout cela donne en chiffres? Technord a réalisé un chiffre d'affaires de 90 millions d'euros en 2022 et vise les 120 millions cette année, puis les 150 millions en 2024. L'objectif? Franchir le cap des 200 d'ici à 2027. Le groupe emploie un peu plus de 400 employés temps plein, dont 60 recrutés cette année, et 500 sous-traitants. Il doit faire face à une pénurie de candidats, mais a organisé sa propre académie pour former les gens en interne.
Il traite 4.000 projets par an, des plus grands, comme dans les Hauts-de-France, aux plus petits; le montant moyen est de 40.000 euros par projet. Et il réalise un quart de ses activités hors d'Europe.
"Nous avons trois comptes de résultats: nos gens, nos performances et la planète."
Ses dirigeants se distinguent aussi par leur approche philosophique de l'entrepreneuriat. "Nous avons trois comptes de résultats: nos gens, nos performances et la planète. Dans nos logiques de décision, nous regardons au quotidien les trois aspects", dit Philippe Foucart en référence aux "trois P" associés au développement durable (people, profit, planet).
Philippe et sa sœur Bénédicte, qui ont repris les parts de leur père Michel et de leurs sœurs, veulent pérenniser l'entreprise et y associer leurs collaborateurs. Ils leur distribuaient déjà la moitié du profit net chaque année sous forme de bonus; depuis le mois dernier, ils leur proposent aussi de devenir actionnaires, via une formule d'actionnariat salarié bien bétonnée, susceptible de les amener à détenir 20% du capital.
- Technord affiche bénéfice et croissance sans discontinuer depuis trois quarts de siècle.
- L'électricien industriel dispose de perspectives plus que prometteuses grâce, entre autres, à l'émergence du méga-projet de "Battery Valley" dans les Hauts-de-France: il est repris dans trois des quatre consortiums désignés.
- Il est présent sur de nombreux fronts et surfe sur les demandes de ses clients en matière de décarbonation, de digitalisation, de transition énergétique et d'intelligence artificielle.
- L'entreprise au capital resté familial en ouvre l'accès à ses collaborateurs.
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