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Découvrez l'impact de la limitation temporelle du chômage dans votre commune

©L'Echo

L'Arizona envisage de limiter à deux ans le paiement d'allocations de chômage. En conséquence, plus de 90.000 personnes pourraient basculer au CPAS, a calculé la FGTB, qui donne le détail par commune.

Après deux ans de chômage, fini les allocations. L'idée figurait en bonne place dans la super note du formateur Bart De Wever. On le sait, cette dernière a été recalée après la mini-crise intervenue fin août au sein de l'Arizona en construction. Les négociations doivent reprendre, à la recherche d'un "nouvel équilibre". Et il y a de fortes chances que la limitation dans le temps des allocations de chômage y figure à nouveau. Les cinq partis qui négocient y sont en effet favorables.

Anticipant cela, et dans la perspective du scrutin communal, la FGTB s'est plongée dans les chiffres. Avec cet objectif: identifier, commune par commune, l'impact d'une telle réforme sur le nombre de personnes qui passeront potentiellement des allocations de chômage au CPAS. Et, partant, de démontrer la mauvaise affaire que les municipalistes, tous partis confondus, s'apprêtent à faire, dès lors qu'une partie de la charge financière du nouveau système se reporterait sur les communes.

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Voyons cela. Prenons les grands ensembles, en se basant sur les chiffres d'avril 2024. Au total, calcule la FGTB, plus de 90.000 personnes basculeraient sur le Revenu d'intégration sociale (RIS) si la réforme était en vigueur à cette date. Il s'agit de chômeurs chefs de ménage ou d'isolés, qui toucheraient grosso modo le même montant d'un système à l'autre. Les cohabitants, par contre, devraient pour la plupart ne rien obtenir au CPAS.

En chiffres relatifs, la Flandre serait la plus touchée (+60%). Mais c'est en Wallonie qu'on en compterait le plus (+38.000). Près d'un quart des 262 communes wallonnes verraient le nombre de RIS plus que doubler.

Dans l'ensemble, l'impact serait potentiellement important pour les grandes villes. Prenons l'entité qui compte le plus grand nombre de RIS en Belgique: Liège. Elle devrait gérer l'afflux de 4.300 allocataires supplémentaires, soit une hausse de 40%. Idem pour Namur, la ville de Maxime Prévot (Les Engagés). Ou Anvers, la ville de Bart De Wever (N-VA), où l'augmentation serait de 85%.

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Mais les tableaux de la FGTB indiquent également que ce sont les plus petites entités qui connaîtraient les augmentations les plus spectaculaires, avec des hausses de plus de 400% dans certaines bourgades flamandes qui ne comptent il est vrai que quelques allocataires. Mais la clé de répartition actuelle pour la prise en charge du RIS prévoit que le Fédéral subsidie moins les communes comptant peu d'ayants droit. L'impact de la réforme serait donc plus élevé sur les petites entités. Côté wallon, la hausse la plus spectaculaire concernerait Jurbise, la commune de la ministre Jacqueline Galant (MR): elle passerait de 19 à 66 RIS, soit +247%.

"Si Georges-Louis Bouchez réussit son pari de prendre plusieurs grandes communes lors des élections du 13 octobre, dans le même temps les mesures envisagées au Fédéral risquent bien de compliquer leur gestion..."

Thierry Bodson
Président de la FGTB

Une paille? Chaque entité doit faire avec ses moyens. "Dans les petites communes, quand il s'agira d'équilibrer son budget, cela ne sera pas anodin, ça pèsera forcément. Et tous les bourgmestres seront concernés, dans tous les partis", appuie Thierry Bodson, président de la FGTB, qui pique: "Si Georges-Louis Bouchez réussit son pari de prendre plusieurs grandes communes lors des élections du 13 octobre, dans le même temps les mesures envisagées au Fédéral risquent bien de compliquer leur gestion..."

La FGTB illustre avec plusieurs exemples. À Mons, la ville du président du MR, l'impact budgétaire estimé avoisine 15 millions d'euros. Moyennant une prise en charge à 70% par l'État fédéral, le budget communal devrait tout de même supporter une hausse d'un peu moins de 5 millions d'euros. À Anvers, il faudrait budgéter 30 millions d'euros de plus. À Liège, 20 millions d'euros.

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Le Fédéral quant à lui ferait des économies sur le budget du chômage: 1,6 milliard d'euros, selon les tableaux budgétaires de De Wever. Ces derniers prévoyaient également une compensation envers les CPAS, à hauteur de 200 millions d'euros. "Or, à elle seule, la Ville de Liège prendrait 25% de ce budget!", calcule Thierry Bodson. Selon la FGTB, il manquerait 500 millions d'euros pour que la réforme soit soutenable pour les CPAS.

Au minimum. Car le suivi de chaque dossier supplémentaire coûtera aux communes. "On estime qu'en moyenne un assistant social peut suivre 80 dossiers. Or, dans certaines communes, il faudrait engager des dizaines d'équivalents temps plein."

La FGTB craint également qu'une partie des demandeurs d'emploi sorte des radars, ce qui s'est produit lors de la réforme des allocations d'insertion. "Faire mal aux communes et perdre le contact avec une partie du public, est-ce que c'est ça qui permettra d'atteindre un taux d'emploi de 80%? On n'y arriverait pas, même s'il n'y avait plus un seul chômeur. C'est du populisme: on cogne sur les chômeurs alors que le taux d'emploi n'a jamais été aussi élevé", s'indigne Thierry Bodson.

Reste à voir ce qui sortira concrètement des négociations de l'Arizona.

Le résumé
  • Combien de demandeurs d'emplois basculeraient à charge des CPAS en cas de limitation dans le temps des allocations de chômage? La FGTB a fait les comptes.
  • Alors que le scrutin communal approche, le syndicat socialiste veut mettre en alerte les responsables communaux de tous bords politiques: l'addition risque d'être salée.
  • "Quand il s'agira d'équilibrer son budget, cela ne sera pas anodin", prévient son président Thierry Bodson.
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