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L'Europe va imposer de nouvelles sanctions contre l'Iran

Le Premier ministre Alexander De Croo, le président du Conseil européen Charles Michel, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le roi Philippe de Belgique au Palais royal à l'occasion de la réunion extraordinaire du Conseil européen, ce mercredi. ©BELGA

Les dirigeants de l'UE, réunis en sommet extraordinaire, ont condamné l'attaque menée par l'Iran contre Israël et invité les deux parties à la retenue. Ils ont aussi convenu d'accélérer les livraisons d'armes à l'Ukraine.

Accueillis par une drache nationale, les 27 dirigeants européens ont entamé, mercredi à Bruxelles, un sommet informel de deux jours sous la présidence belge du Conseil de l'UE.

Après avoir été reçus par le roi Philippe au Palais, ils ont rejoint le siège du Conseil européen, à quelques centaines de mètres. La réunion devait porter, avant tout, sur la compétitivité de l'UE. Mais les deux guerres en cours aux portes de l'Europe, en Ukraine et au Moyen-Orient, ont monopolisé les débats de la première journée.

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Lors de la réception, le Roi a appelé les Vingt-Sept à l'unité, même si "leurs vues ne coïncident pas toujours". "Plus nous sommes unis, plus notre message résonne avec force", a-t-il dit.

"Il faut donner un signal très clair qu'une attaque comme celle de ce week-end est inacceptable."

Alexander De Croo
Premier ministre

Sanctions contre l'Iran

Lors du dîner, les dirigeants européens ont condamné la frappe massive, de près de 350 missiles et drones, dirigée par l'Iran contre Israël le 14 avril. Ils ont aussi convenu d'élargir le régime de sanctions contre Téhéran pour la livraison de drones à la Russie, en y incluant les missiles et les drones livrés aux "proxys" de l'Iran, le Hezbollah, le Hamas et les Houthis.

"Nous avons décidé d'imposer des sanctions contre l'Iran, nous voulons envoyer un message clair" après l'agression contre Israël, a déclaré le président du Conseil européen, Charles Michel.

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Plusieurs pays, dont la Belgique, ont proposé de sanctionner aussi le Corps des gardiens de la révolution islamique. Mais aucun accord n'a été trouvé, et l'Allemagne a souligné le manque de base juridique.

"Il faut donner un signal très clair qu'une attaque comme celle que de ce week-end est inacceptable", a déclaré le Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld), en invitant à "trouver une base juridique solide".

Dissuader Israël de riposter

Dans leur communiqué final, les dirigeants européens appellent "toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue".

L'Europe espère, en élargissant les sanctions, dissuader Israël de lancer une riposte. Mais ces mesures paraissent symboliques. Par défaut d'unité de vue sur le conflit au Moyen-Orient, l'UE ne parvient pas à prendre les décisions suffisantes qui lui permettraient de peser sur la politique israélienne ou iranienne.

Les Vingt-Sept ont aussi discuté "en profondeur" de la situation du Liban, déstabilisé par le conflit entre le Hezbollah et Israël. Ils se sont engagés à soutenir le pays et l'armée libanaise.

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"Notre ciel ukrainien et celui de nos voisins méritent la même sécurité."

Volodymyr Zelensky
Président ukrainien

Aide à l'Ukraine

Les dirigeants se sont aussi penchés sur l'aide militaire à l'Ukraine, au moment même où la Russie intensifie ses frappes en profondeur contre les civils et les infrastructures énergétiques. Mercredi, dix-sept personnes sont mortes lors d'un bombardement massif contre Tchernihiv, au nord-est de Kiev.

L'Ukraine manque de munitions, alors que les États-Unis ne parviennent pas à voter un paquet d'aide de 60 milliards de dollars et que l'UE peine à livrer le million d'obus promis à Kiev.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, intervenant par vidéoconférence, a exhorté les Vingt-Sept à fournir en urgence des systèmes de défense aérienne. Il s'est interrogé sur la protection occidentale offerte à Israël contre les frappes iraniennes, alors que rien de tel n'est fait pour son pays. "Notre ciel ukrainien et celui de nos voisins méritent la même sécurité", a-t-il dit.

Les Vingt-Sept ont convenu, lors de ce sommet, de "fournir de toute urgence une défense aérienne à l’Ukraine et accélérer et intensifier la fourniture de toute l’assistance militaire nécessaire, y compris l’artillerie et les missiles".

Berlin, qui a décidé récemment d'envoyer un système Patriot supplémentaire à l'Ukraine, a encouragé les Européens à faire de même.

Une question de jours

Dans quel délai les Européens livreront-ils ces systèmes de défense ? "Ce n'est pas une question de mois, c'est une question de jours et de semaines", a précisé Charles Michel.

L'Europe a-t-elle la capacité d'infléchir le cours de cette guerre, qui semble tourner en faveur de Moscou? L'Allemagne a lancé un appel pour créer une coalition pour livrer en urgence des systèmes de défense aérienne à l'Ukraine. Les Pays-Bas, la Tchéquie et le Danemark se sont ralliés.

Berlin, qui a décidé récemment d'envoyer un système Patriot supplémentaire à l'Ukraine, a encouragé les Européens à faire de même. "C'est utile tout de suite et nous voulons encourager les autres à le faire", a déclaré le chancelier allemand Olaf Scholz. "Merci Olaf, pour votre efficacité. Cependant, nous avons besoin de plus", a répliqué Zelensky lors de son intervention. Kiev a demandé à ses alliés l'envoi de sept batteries de Patriot, sur la centaine dont ils disposent au total.

Les dirigeants ont discuté de la mise en œuvre de l'aide militaire de 5 milliards d'euros dans le cadre de la Facilité européenne pour la paix, et de la concrétisation de la décision de consacrer 90% du produit des avoirs russes gelés, soit 3 milliards d'euros, pour acheter des armes à l'Ukraine. Deux décisions importantes, mais insuffisantes, sans l'aide américaine, pour assurer une victoire à l'Ukraine.

Alexander De Croo, soutenu par son homologue tchèque Petr Fiala, a appelé l'UE à se doter d'un régime de sanctions pour punir les tentatives d'ingérence de la Russie.

Ingérence de la Russie

Au cours du sommet, Alexander De Croo, soutenu par son homologue tchèque Petr Fiala, a appelé l'UE à se doter d'un régime de sanctions pour punir les tentatives d'ingérence de la Russie, après l'identification récente d'un réseau d'influence au sein de l'UE qui serait financé par Moscou.

"Nous devons être très clairs : ce genre de tentative est inacceptable, et nous devons tout faire pour protéger notre démocratie", a déclaré Alexander De Croo.

Pour rappel, suite aux révélations des services de renseignement tchèques, la justice belge a ouvert une enquête sur base de soupçons de corruption d'eurodéputés qui répandraient la propagande russe. Les deux dirigeants ont plaidé pour que le parquet européen et l'Office européen de lutte antifraude (Olaf) entament aussi des poursuites.

"Il est clair que le régime russe essaie d'influencer les élections européennes et de renforcer le discours prorusse dans le prochain Parlement", écrivent-ils dans une lettre adressée aux dirigeants européens.

Dossier | Guerre en Ukraine

Dossier spécial sur la guerre en Ukraine, lancée le 24 février 2022 par Vladimir Poutine: toute l'actu et les dernières infos sur le conflit armé entre l'Ukraine et la Russie.

Le résumé
  • Les chefs d'États et de gouvernement de l'UE, réunis en sommet informel à Bruxelles, ont consacré leurs premiers débats aux guerres en Ukraine et au Moyen-Orient.
  • Les Vingt-Sept ont convenu de la nécessité d'accélérer les livraisons d'armes à l'Ukraine, en particulier les systèmes de défense aérienne. Mais le temps presse, et la concrétisation fait défaut.
  • Les dirigeants européens ont condamné l'Iran pour l'attaque massive dirigée ce week-end contre Israël. Ils ont aussi convenu d'élargir les sanctions contre Téhéran et appelé les deux parties à la retenue.
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