En Wallonie, Yves Coppieters annonce de nouvelles mesures contre les PFAS

Action, réaction. Après les déclarations de début de semaine – l'Institut Scientifique de Service Public (ISSeP) a constaté des erreurs dans les résultats des tests de contamination au PFAS – le gouvernement wallon se devait de réagir. Voilà qui est fait, par la voix de son ministre de la Santé et de l’Environnement. Yves Coppieters a annoncé ce jeudi en conférence de presse de nouvelles mesures pour lutter contre les PFAS.

D’un point de vue sanitaire, la relance des prélèvements dans les communes concernées par les résultats erronés est une priorité. Les citoyens seront invités à effectuer un nouveau test dans le cadre des bio-monitorings, les processus de détection des “produits chimiques éternels”. Au vu des risques de contamination à ces agents polluants que fait peser l’utilisation de pesticides sur leur santé, les agriculteurs feront l’objet d’un suivi spécifique. 

Le gouvernement promet une communication claire aux habitants. “Nous communiquerons les résultats de manière transparente et organiserons des rencontres citoyennes”, détaille le ministre Coppieters. Il ajoute : “Un dispositif d’assistance psychosociale sera mis en place à l’attention des populations touchées par les contaminations au PFAS.” 

Accélération de l'alignement sur les normes de l'UE

En termes de préoccupations environnementales, le ministre propose l’adoption anticipée de la norme européenne de 0,1 μg/L pour les PFAS dans les eaux de distribution. Elle devait entrer en vigueur en 2026, un accord a été trouvé pour l’appliquer dès à présent. “Le monitoring effectué sur les ressources en eau potable montre cependant que plus aucun dépassement de ce seuil n’a été relevé”, rassure Yves Coppieters. 

Le gouvernement wallon compte également fixer des normes dans les secteurs agricole et industriel. Dans le premier cas, il s’agit surtout d’instaurer des valeurs seuils pour les PFAS présents dans la boue des stations d’épuration épandue comme fertilisants dans les champs. “Ces limites sont temporaires et feront l’objet d’une réévaluation dans les deux prochaines années”, prévient le ministre. 

De son côté, le secteur industriel sera consulté pour lancer une campagne de mesures des polluants souillant les eaux usées. La Wallonie compte aussi soutenir les projets visant à réduire ces rejets ainsi que les recherches d’alternatives aux PFAS dans l’agriculture et l’industrie. 

L'opposition en embuscade

Ces mesures suffiront-elles à apaiser les tensions? Sans doute pas. Le PS réclame la tenue en urgence d’une réunion de la commission Santé et Environnement. Les récents développements de l’affaire ne sont pas non plus de nature à permettre aux habitants des communes touchées de dormir sur leurs deux oreilles. 

Pour rappel, les PFAS, ou substances per- et polyfluoroalkylées, surnommées “les produits chimiques éternels”, sont présents dans notre quotidien. Un scandale avait éclaté en novembre dernier à la suite à de révélations: les habitants de douze villages hennuyers avaient consommé de l’eau dont la concentration en PFAS dépassait de cinq fois le seuil de tolérabilité.

Cet été, les résultats des analyses indiquaient qu'un quart des personnes dont le sang avait été testé présentaient des taux supérieurs à la limite à partir de laquelle un suivi médical est requis. Seulement, il apparaît maintenant que, dans les villages de Chièvres, Nandrin et Ronquières, les résultats aient été sous-estimés en raison d’une “erreur technique” entre l’ISSeP et le laboratoire responsable d’effectuer les prélèvements.