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Pollution aux PFAS: 28% des habitants testés de Chièvres sont en "risque accru"

La ministre sortante de l'Environnement, Céline Tellier (Ecolo). ©Photo News

Les résultats du biomonitoring mené après la découverte d'une concentration anormale de PFAS dans l'eau révèlent que plus d'un quart des habitants de Chièvres sont en zone rouge.

Une campagne de prélèvements avait été réalisée à Chièvres à la suite de la découverte au mois de novembre dernier de taux de concentration anormalement hauts de PFAS dans l'eau du robinet.

Ces substances chimiques, quasiment indestructibles et très toxiques, affaiblissent le système immunitaire chez les enfants et peuvent provoquer des cancers, perturber le système endocrinien ou affecter la reproduction.

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"Les zones de Chièvres et Ronquières sont surexposées aux PFAS."

Ingrid Ruthy
Responsable du projet de biomonitoring

Depuis lors, le problème de cette concentration particulièrement forte a été résolu à Chièvres, mais les citoyens ont dû attendre ce mardi pour connaître les résultats de leurs prises de sang. Quelque 12.000 personnes ont été exposées aux PFAS entre octobre 2021 et mars 2023 dans la région, qui comprend aussi la commune de Ronquières et des parties d'Ath, Belœil, Jurbise, Leuze-en-Hainaut, Braine-le-Comte, Ittre et Seneffe. 1.836 citoyens ont été testés entre janvier et mars.

Résultat: 28,8% des habitants de Chièvres sont en "risque accru", avec une concentration de PFAS dans le sang dépassant le seuil de 20 microgrammes/litre. Ce pourcentage atteint 3,9% à Ronquières.

"Il faut creuser davantage"

"La comparaison avec la population wallonne montre que les zones de Chièvres et Ronquières sont surexposées aux PFAS", a expliqué Ingrid Ruthy, responsable du projet de biomonitoring.

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"L’eau est une des sources de pollution, mais il faut creuser davantage, toutes les variables des questionnaires doivent encore être analysées, car cela peut influencer l’imprégnation."

À Chièvres, 98% de la population testée dépasse les deux microgrammes/litre, ce qui dénote un risque pour la santé. Mais cette situation ne s'explique pas par la seule pollution à l'eau découverte dans la région, puisque 94,5% de la population wallonne dépasse ce seuil. "On est tous exposés quotidiennement par notre alimentation et nos activités aux PFAS", a souligné Ingrid Ruthy,

Les premiers prélèvements ont été effectués au mois de janvier et les résultats sont disponibles depuis le 18 avril. Mais personne n'avait jusqu'ici pu être mis au courant.

En cause, selon l'administration et le cabinet de la ministre wallonne de l'Environnement Céline Tellier (Ecolo), la nécessaire interprétation de ceux-ci ainsi que la volonté d'informer les médecins généralistes, en amont, des dispositions à prendre. De sorte que les citoyens ne soient pas dépourvus face à des résultats illisibles.

Réunion de la nouvelle commission de l'Environnement

La commission de l'Environnement du parlement wallon, instituée ce mardi, se réunira jeudi ou vendredi pour entendre la ministre démissionnaire de l'Environnement, Céline Tellier, sur les résultats des analyses menées dans les régions de Chièvres et de Ronquières à la suite de la contamination aux PFAS de l'eau de distribution.

Les Engagés, appuyés par le MR et le PTB, étaient demandeurs de cette réunion, estimant que la ministre devait s'expliquer sur ces résultats "alarmants" et sur la lenteur du processus alors que les chiffres auraient pu être communiqués dès la mi-avril.

Le nouveau Bureau élargi du parlement régional s'est penché sur la question ce mardi, à l'issue des prestations de serment des 75 élus wallons. "Il a été décidé de constituer la commission de l'Environnement. Les groupes politiques sont priés de fournir la liste des députés qui en feront partie pour demain/mercredi. Un nouveau Bureau élargi se réunira et la commission de l'Environnement pourra se réunir jeudi ou vendredi", conformément au règlement, a expliqué Jean-Paul Wahl, le président temporaire du parlement.

Du côté d'Ecolo, le chef de groupe Stéphane Hazée s'est étonné que cette commission soit instituée alors que la nouvelle majorité n'est pas encore en place. "C'est inouï et nous pensons que c'est un abus de procédure", a-t-il souligné. Plus tôt dans la journée, la ministre Tellier, déjà maintes fois auditionnée sur le sujet, avait quant à elle assuré "se tenir à la disposition du parlement".

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