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Le Belgian Beer World adoubé par les brasseurs, sauf quelques Bruxellois

Pour avoir deux de ses bières dans le "mur" du Belgian Beer World, il faut débourser 1.500 euros, un montant jugé déplacé par certains brasseurs artisanaux. ©REUTERS

Le Belgian Beer World, installé dans la Bourse de Bruxelles, assure représenter tout le secteur brassicole belge. Certains petits brasseurs se sentent pourtant laissés de côté.

Les créateurs du Belgian Beer World (BBW) ont veillé à présenter la culture de la bière belge de manière générique. Pas question pour eux de favoriser les grandes brasseries au détriment des petites, ni de faire l'éloge de quelques marques phares. Charles Leclef, qui dirige la brasserie Het Anker et préside la régie communale autonome Bourse Beurs, l'a répété ce jeudi lors de la conférence de presse: "Cela n'a jamais été une histoire des grands contre les petits. Tous les brasseurs ont eu la possibilité de participer au projet, pour un montant symbolique dans le cas des petits."

"Nous sommes à la Bourse pour toutes les brasseries sans distinction."

Krishan Maudgal
Directeur de Brasseurs Belges

Krishan Maudgal, le directeur de la fédération Brasseurs Belges, a renchéri: "Nous sommes à la Bourse pour toutes les brasseries sans distinction. Nous promouvons la bière belge dans sa globalité."

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Un avis partagé par beaucoup dans le secteur, mais pas par tous. "Je suis un peu frustré parce que nous avons été à peine invités", dit un brasseur bruxellois sous couvert d'anonymat. "Nous n'avons pas senti une inclusion entière en faveur des petites brasseries."

Artisans bruxellois critiques

"J'avais proposé de consacrer un volet du centre à l'histoire de la bière et des brasseries bruxelloises. Ce projet n'a pas été retenu."

Jean Van Roy
CEO de Cantillon

La critique est plus tranchée chez Cantillon, qui a été longtemps la seule brasserie artisanale restée active à Bruxelles. "C'était couru d'avance. On fait là l'apologie de l'industrie de la bière belge en mettant en avant AB InBev, Alken-Maes et Duvel Moortgat", souligne son patron Jean Van Roy. "Qu'est-ce que les petits brasseurs iraient faire là?"

"J'ai participé à des réunions préparatoires il y a huit ans", précise-t-il. "J'avais proposé aux décideurs politiques de consacrer un volet du futur centre à l'histoire de la bière et des brasseries bruxelloises. C'est une histoire très riche, la capitale ayant hébergé des brasseries comme Wielemans, Léopold ou Van Den Heuvel et ayant été le berceau du lambic. Malheureusement, ce projet n'a pas été retenu. Pour Bruxelles, c'est une occasion manquée."

Chez En Stoemelings, autre brasserie artisanale bruxelloise, on partage son analyse, sans aller aussi loin toutefois. "Faire payer 1.500 euros aux petites brasseries pour qu'elles aient le droit de placer deux bouteilles en vitrine, je trouve cela déplacé, voire indécent", dit Samuel Languy, son co-fondateur. À son estime, comme la Ville de Bruxelles assure une large partie du financement du BBW, les brasseurs bruxellois auraient pu bénéficier d'une sorte de passeport gratuit pour le musée. Samuel Languy reconnaît, en revanche, que le BBW "est une bonne initiative qui sert la cause brassicole".

"Certains se sont auto-exclus"

"C'est naturel de représenter ceux qui co-financent le centre."

Bernard Leboucq
Co-CEO de la Brasserie de la Senne

La Brasserie de la Senne, elle, est bruxelloise et soutient le projet. "La fédération a fait le tour de toutes les brasseries; certaines d'entre elles ne sont pas représentées au BBW parce qu'elles ont choisi de ne pas l'être et de ne pas participer", dit son co-CEO Bernard Leboucq. "Idem pour le choix des bières servies au bar du BBW sur le toit, on n'y trouvera pas des produits de tout le monde, mais c'est naturel de représenter ceux qui co-financent le centre." À ses yeux, "il n'y a aucune volonté d'écarter les petits, mais il y a des petits qui s'auto-excluent". Pour raisons financières? "Oui, et aussi pour des raisons idéologiques, pour ne pas se compromettre avec les grands groupes."

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"Tout le monde ne peut pas figurer au premier rang au BBW, mais chacun y est représenté dans la mesure des investissements qu'il y a injectés", souligne Dominique Friart, administratrice déléguée de la Brasserie Saint-Feuillien. Pour elle aussi, il s'agit avant tout d'une belle vitrine pour la bière belge dans son ensemble, sans favoritisme envers les grands du secteur.

Quant aux brasseurs qui voudraient encore intégrer le projet maintenant qu'il est lancé, qu'ils sachent que la porte leur est toujours ouverte. "Nous avons prévu une procédure d'ouverture à l'intention des brasseurs qui voudraient nous rejoindre à l'avenir", conclut Krishan Maudgal. "C'est dans nos statuts. Cela ne se fera évidemment pas tous les jours, parce qu'il faudra réaménager certaines choses, mais ponctuellement, une fois par an par exemple."

Le résumé
  • Les créateurs du Belgian Beer World assurent avoir veillé à présenter la culture de la bière belge de manière générique, sans favoriser les grandes brasseries.
  • Un avis partagé largement, même si des critiques fusent dans les rangs des petites brasseries bruxelloises.
  • Certaines auraient voulu être invitées gratuitement, d'autres comme Cantillon avaient espéré un espace consacré à l'histoire de la bière à Bruxelles.
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