Le système financier européen reste très dépendant des États-Unis et du dollar américain
Dans un nouveau rapport, l'Autorité bancaire européenne souligne la dépendance des prêteurs de l'UE au dollar, un point d'attention en cas de tensions géopolitiques.
Depuis 2024, l'Autorité bancaire européenne est mandatée par la Commission pour évaluer chaque année la structure de financement en devises des banques de l'UE, ainsi que la part de marché en Europe de filiales de banques étrangères.
Dans son rapport sur le sujet publié début avril 2025, le régulateur révèle que les banques étrangères à l'Union européenne se sont taillées des rôles "dominants" dans plusieurs segments de marché en Europe, comme les produits dérivés, tandis que, d'autre part, les banques européennes sont devenues très dépendantes, pour leur financement, au dollar américain. Deux conclusions intéressantes au vu des tensions géopolitiques qui se font jour entre ces deux parties du globe.
Dépendance aux acteurs étrangers
Si l'ABE reconnaît que la part de marché globale d'acteurs bancaires extérieurs à l'UE reste plutôt limitée - à environ 10% des actifs totaux à la fin de l'année 2023 -, cette proportion est beaucoup plus importante sur certaines activités spécifiques.
Il s'agit notamment du marché des produits dérivés, où les filiales de banques hors UE pèsent 33,7% du marché (28% pour les banques américaines), et même 40,5% pour les dérivés de taux d'intérêt, et ces parts de marché sont en hausse sur les dernières années. Les revenus liés au trading de matières premières sont également en grande partie dans les mains d'acteurs étrangers.
Si l'Autorité bancaire européenne évite de tirer des conclusions sur la dépendance structurelle du système financier européen à des acteurs étrangers, les chiffres permettent néanmoins de déduire les liens entre celui-ci et les groupes bancaires situés en dehors de l'Union européenne (États-Unis, Royaume-Uni et Japon en tête).
Quelle autonomie stratégique?
En ce qui concerne les devises, l'ABE identifie que 67% du bilan des banques de l'UE repose sur l'euro, et 19% sur le dollar américain (le reste se répartissant sur d'autres devises), une proportion qui est restée stable au cours des dernières années.
Il existe cependant un déséquilibre structurel entre l'actif et le passif. Si 29,4% des actifs (prêts, obligations, actions, devises), des banques européennes sont libellés en devises étrangères, seuls 21% de leurs passifs (dépôts, dette) ne sont pas libellés en euros. Autrement, dit, certaines banques financent des engagements en euros avec des actifs libellés en devises étrangères, ce qui pose des risques en cas de tensions sur une devise en particulier.
Pour l'Autorité bancaire européenne, les données ne sont pas préoccupantes ou surprenantes, "mais elles pourraient désormais aussi contribuer aux discussions sur l'autonomie stratégique".
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