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Les fonctionnaires, poids lourds dans le coût des pensions

Moins d’un pensionné sur cinq est un fonctionnaire, mais cette catégorie absorbe 35% du budget des pensions. "Une inégalité flagrante", affirme l’expert Ivan Van de Cloot.

En début d’année, le pays a versé 3,4 millions de pensions. Jamais elles ne furent aussi nombreuses. L’État consacre quelque 44 milliards d’euros à ces pensions, un peu plus de 10% du produit intérieur brut (PIB). Les statistiques révèlent cependant que le gâteau est partagé de manière inégale entre les diverses catégories de pensionnés. Les salariés, qui représentent 63% des pensions versées, se voient attribuer 57% des réserves de pensions. Les indépendants – 19% des pensionnés – en reçoivent seulement 8%. Ce sont les fonctionnaires, représentant eux aussi 19% des pensions, qui s’adjugent 35% du budget.

978 euros
Le salarié moyen bénéficie de 978 euros par mois de pension

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En montants moyens, l’écart est encore plus marqué. Le salarié moyen bénéficie de 978 euros par mois, l’indépendant doit se contenter de 471 euros. Le fonctionnaire moyen, en revanche, obtient 2.174 euros, soit nettement plus. Il s’agit de montants bruts, qui doivent ensuite être écrémés, dans une plus large mesure chez les fonctionnaires.

471 euros
L’indépendant doit se contenter de 471 euros de pension

Selon les spécialistes, le fossé avec les pensions des indépendants s’explique en partie par le fait que les indépendants contribuent dans une mesure nettement moins grande à leur pension. "Cela dit, la grande différence entre les salariés et les fonctionnaires a de quoi faire froncer les sourcils", affirme Ivan Van de Cloot, du think tank Itinera, qui a écrit un ouvrage sur la payabilité de nos pensions.

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Dans une entrevue accordée à De Tijd le mois dernier, le président de la N-VA Bart De Wever a déclaré qu’il était nécessaire de revoir les pensions des fonctionnaires pour que la sécurité sociale reste finançable. Du fait du vieillissement de la population, les dépenses de pension sont appelées à sensiblement augmenter dans les prochaines années. D’ici 2047, au moins 13% du PIB y seront consacrés. En argent "actuel", cela représente 12 milliards d’euros, ou une fois et demi le déficit budgétaire.

Difficile d’intervenir au niveau des pensions des salariés, qui sont déjà relativement faibles. En Europe, seuls les Irlandais se contentent encore de moins. Les hypothèses élaborées par la commission des Pensions, dirigée par le professeur et ancien ministre du sp.a Frank Vandenbroucke, affirment du reste que les pensions des fonctionnaires resteront relativement élevées dans les prochaines décennies, alors que les pensions des salariés, déjà chiches, risquent d’être abaissées à nouveau.

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Une réforme nécessaire

"La réforme des pensions des fonctionnaires constitue dès lors une réelle nécessité", affirme Van de Cloot. Le gouvernement Michel a franchi plusieurs étapes importantes dans cet objectif. Ainsi les années d’études des fonctionnaires ne seront-elles plus assimilées, à terme, à des années prestées, ce qui suppose que les fonctionnaires devront travailler plusieurs années de plus pour obtenir la même pension.

Parallèlement, le gouvernement a supprimé un autre privilège accordé à de nombreux fonctionnaires. Les années prestées des enseignants ou des juges comptent davantage dans le calcul de leur pension. Cette catégorie de fonctionnaires doit donc travailler moins longtemps pour prétendre à la pension maximale. Ce mécanisme disparaîtra, mais pour cette réforme, des délais de transition ont été prévus, qui supposent qu’elles ne seront pleinement effectives que dans 45 ans.

"Nous avons enfin un gouvernement qui prend au sérieux la problématique des pensions et entreprend plusieurs mesures nécessaires", commente Van de Cloot, "mais il voudrait être applaudi, alors qu’en fait, ces mesures ne sont pas assez drastiques." Selon l’économiste, il faut aussi s’attaquer à d’autres régimes de faveur. Ainsi les pensions des fonctionnaires ne sont-elles pas calculées, contrairement à celles des salariés, sur l’ensemble de la carrière mais sur la base du salaire des dix dernières années, qui est généralement bien plus élevé. "À défaut de mesures douloureuses, nous ne pourrons pas continuer à financer les pensions."

Miranda Ulens, du syndicat socialiste FGTB, l’entend d’une autre oreille. Elle estime que le gouvernement doit augmenter les pensions des salariés, ce qui devrait être possible, dit-elle, dans la mesure où le pic du vieillissement de la population sera révolu d’ici 2030. Elle suggère que cette augmentation soit financée au travers d’un alourdissement des charges sur le patrimoine.

La FGTB renvoie dans ce cadre au rapport de la commission de Pensions. "Il est impératif de trouver un financement complémentaire. Le financement en fonction du patrimoine doit être envisagé", peut-on y lire.

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