Les coulisses de la rédaction
La fabuleuse expérience kazakhe de Jan Bens / Quand Jean-Pierre Hansen retrouve Paris / Un économiste distingué / Un échange entre du foie gras et de la bière? / Une malheureuse coïncidence / Alexis Tsipras divise le Parlement européen… et les écolos.
Mallette de cash et armes… Après ses déclarations publiques laissant entendre qu’il avait joué le jeu de la corruption alors qu’il travaillait au Kazakhstan, le patron de l’Agence fédérale de contrôle nucléaire a été mis sur la sellette par les parlementaires, mercredi. Jan Bens a répété qu’il n’avait proposé qu’une seule enveloppe au cours de sa carrière, pour persuader un médecin de soigner un collaborateur qui s’était cassé la jambe. Mais il a notamment été interrogé sur ses relations avec le fameux trio Chodiev, Ibragimov et Mashkevich, amis du président kazakh d’alors, qui auraient reçu 5 milliards de francs belges pour faciliter les affaires de Tractebel dans le pays. "Ce sont des noms que j’ai entendus, mais je ne les ai jamais rencontrés, a répondu Jan Bens. J’étais directeur opérationnel de la centrale d’Almaty. Mon rôle était de veiller à ce que la ville ait de l’électricité, du chauffage, et que les gens paient leurs factures, ce qui n’était pas vraiment le cas auparavant. J’étais uniquement occupé à des choses opérationnelles." Il a donné un peu plus de détails sur le genre de difficultés auxquelles il a alors été confronté. "Un beau jour, le Parlement d’Almaty se retrouve fermé parce qu’il n’avait pas payé sa facture. Le soir, quelqu’un est arrivé du Parlement avec une mallette pleine de cash sur mon bureau pour régler l’addition…"
"Le train part avec 20 wagons et arrive avec 15 wagons. Il fallait que des gens armés accompagnent le train pour éviter que les wagons ne soient volés."
Autre anecdote: les commandes de charbon. "Le train part avec 20 wagons et arrive avec 15 wagons. Il fallait que des gens armés accompagnent le train pour éviter que les wagons ne soient volés en cours de route." Et Jan Bens affirme qu’il pourrait en raconter des comme ça pendant des heures…
Jean-Pierre Hansen retrouve Paris. L’ex-numéro deux de Suez (devenu successivement GDF-Suez et aujourd’hui Engie) Jean-Pierre Hansen a été élu membre correspondant de la section économie politique, statistique et finances de l’Académie des sciences morales et politiques, soit l’une des académies de l’Institut de France. La fameuse "coupole" sur le quai de Conti, à Paris. Comme le précisait Ernest Renan, "[…] un Institut où tous les efforts de l’esprit humain sont comme liés en un faisceau, où le poète, le philosophe, l’historien, le critique, le mathématicien, le physicien, l’astronome, le naturaliste, l’économiste, le juriste, le sculpteur, le peintre, le musicien peuvent s’appeler confrères".
L’ex-patron d’Electrabel et toujours commissaire du gouvernement à la SNCB pourra donc y appeler "confrères" des compatriotes comme François Weyergans (Académie française), Francis Delpérée (Sciences morales et politiques) ou Philippe de Woot (idem), mais aussi Boutros Boutros-Ghali, Jean-Claude Trichet ou Thierry de Montbrial.
Décoration "tweetée". Mardi dernier, Didier Reynders a remis la décoration d’Officier de l’Ordre de Léopold à Roland Gillet. Le professeur de finance à la Sorbonne et à l’ULB (Solvay) avait désiré que cette cérémonie se déroule dans une certaine discrétion. La presse n’avait ainsi pas été convoquée. Seuls en fait des proches (la famille) et quelques officiels avaient été conviés à l’événement. C’est via un "tweet" que le ministre des Affaires étrangères a fait connaître l’information, diffusée auprès de ses… 62.000 abonnés sur le réseau Twitter.
Pour qui sonne le gras? Les grandes familles belges actionnaires d’AB InBev sont à nouveau à l’achat sur les titres du premier brasseur mondial. EPS Participations, le holding grand-ducal qui concentre leurs actions dans le groupe de Louvain, vient d’acquérir pour 40,6 millions d’euros de titres. En avril dernier, il en avait déjà acheté pour 166 millions d’euros. Cela marque une rupture par rapport à l’an dernier, où EPS était vendeur. Leurs derniers achats sont intervenus début juillet, c’est-à-dire juste après qu’une partie de ces familles ont revendu au fondateur sa participation dans le fabricant de foie gras wallon Upignac ("L’Echo" du 8/07). Une transaction dont le montant a été tenu secret, mais qui doit se chiffrer en millions d’euros. Pas quarante, certes, mais quelques-uns tout de même. À ce sujet, comme ces grands actionnaires ont pour politique de ne pas communiquer, on se permettra de formuler des supputations. Parmi lesquelles celle-ci: peut-être les familles de Pret, Cornet de Ways-Ruart, de Mevius et de Spoelberch ont-elles "recyclé" l’argent retiré d’Upignac dans du papier AB InBev. Après tout, si le foie n’aura pas été assez gras à leurs yeux (à leurs bouches), ils en seront peut-être revenus à leurs premières amours, entendez à cette Stella et cette Jupiler qui ne cessent d’engraisser leurs comptes en dégageant de généreux profits. Question de credo, de foi en leur core business, de cette foi qui leur aura manqué dans l’activité d’Upignac…
D’un commun accord. Le gestionnaire d’infrastructure ferroviaire Infrabel rejette toute volonté d’avoir glissé (volontairement?) un grain de sable dans l’organisation de la récente visite d’état du roi Philippe en Chine (L’Echo du 4/07). En effet, le 19 juin dernier, l’entreprise annonçait la fin de la collaboration projetée avec le groupe chinois Datang pour le déploiement de la technologie 4G en Belgique. Sauf que l’officialisation de la décision est intervenue le jour où le roi Philippe s’envolait pour sa mission royale (avec un grand volet économique) dans l’Empire du milieu. Infrabel n’aurait donc fait qu’une faute à l’insu de son plein gré, car c’est par une malheureuse coïncidence que l’annonce de la fin du partenariat (qui a vécu avant même d’avoir commencé) a été faite le 19 juin. Le gestionnaire du réseau ferré belge a juste voulu jouer la carte de la transparence en ayant répondu à une question d’un journaliste d’agence sur le sujet.
Mais il nous revient que c’est d’un commun accord que les deux partenaires ont mis un terme à leur collaboration qui avait fait l’objet de la signature d’une déclaration d’intention fin mars 2014 en présence notamment du président chinois Xi Jinping et du ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders (MR). Par ailleurs, les dirigeants d’Infrabel se seraient rendu compte que les engagements pris par la filiale Syntigo (héritée de la SNCB Holding suite à la réforme du groupe ferroviaire en 2013) n’étaient pas tellement favorables aux Belges. En clair, leurs collègues de Syntigo n’auraient pas fait du bon travail, car ils auraient cédé la gestion des fibres optiques belges quasi gratuitement à Datang qui, en retour, les proposait en location aux Belges avec un loyer très élevé! D’où la décision de renoncer au partenariat avant même qu’il ne sorte ses effets.
Reste à savoir ce que fera maintenant Datang de la licence 4G que le groupe chinois avait rachetée fin 2011 à 22,5 millions via sa filiale belge BUCD. Difficile d’avoir le fin mot de l’histoire car difficile d’imaginer les dirigeants de Syntigo (la plupart ont aujourd’hui quitté l’entreprise, dont le CEO) brader les capacités de bandes passantes. Mais bon soit. Toujours est-il que le partenariat est désormais rompu et, selon des observateurs, l’opportunité pour la Belgique de près de 500 millions d’euros d’investissements chinois s’est envolée.
Une scène surréaliste. La visite d’Alexis Tsipras au Parlement européen, mercredi dernier à Strasbourg, fut historique. Au-delà des discours diffusés sur le net et à la télé, un regard d’ensemble sur le tableau valait le coup.
Ce qui sautait aux yeux, c’est que le Premier ministre grec n’avait pour seul soutien que l’extrême droite et l’extrême gauche, qui applaudissaient de concert à chacune de ses interventions. Et huaient en chœur celles de ses adversaires.
Bien embarrassant, aussi, le soutien du néonazi polonais Janusz Korwin-Mikke.
Cela ne se remarquait pas à l’écran, mais Alexis Tsipras passait plus de temps, au fil des heures, à discuter avec des eurodéputés qui venaient le saluer… qu’à écouter les interventions des groupes politiques. Il fut d’ailleurs rappelé à l’ordre à plusieurs reprises par les orateurs. étrange, aussi, les quelques signes de complicité entre lui et Guy Verhofstadt, qui venait de lui passer un savon publiquement.
Et puis, c’est presque passé inaperçu, mais la scène était surréaliste: le Groupe des Verts divisé entre "pro" et "anti" Tsipras. Si la Française éva Joly adressa – à sa manière – quelques encouragements au Premier grec, l’écologiste allemande Rebecca Harms lui réserva une charge de cavalerie digne de ses voisins libéraux et conservateurs. Ce tir dans tous les sens des écolos donna lieu à des commentaires grinçants dans les couloirs du Parlement, y compris dans les rangs des verts. "La coordination n’est pas toujours leur fort", souffla un observateur.
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