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OGM: l'Europe n'en veut pas...

Kris Peeters, le ministre-président flamand, en visite dans un champ de maïs transgénique à Wetteren (Photo News)

Contrairement à d'autres régions du monde comme l'Amérique du nord ou certains pays en développement, l'Europe reste réfractaire à la diffusion des organismes génétiquement modifiés. Son opinion publique reste rétive. En Belgique, la Wallonie et Bruxelles ont rallié le réseau des "régions sans OGM". La Flandre, elle, n'y est pas opposée.

La saga des OGM n'a rien d'un long fleuve tranquille en Europe. Depuis plus de quinze ans, ces organismes vivants dont on a manipulé le patrimoine génétique pour leur conférer certaines propriétés comme la tolérance à un herbicide ou la sécrétion de toxines bactériennes tueuses d’insectes se voient opposer un refus net d'une majorité de la population. Au contraire des Etats-Unis, où les géants de l'agro-alimentaire ont pu creuser leur sillon.

En Europe, où sont pourtant nées les premières expérimentations transgéniques, l’utilisation des OGM dans l’alimentation humaine est extrêmement limitée. On notera toutefois la présence de traces infimes d'organismes transgéniques dans certains produits alimentaires comme les biscuits. La législation européenne n'impose en effet de mentionner la présence d'OGM sur les étiquettes qu'à partir du moment où un ingrédient contient plus de 0,9 % d'OGM.

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L'Union européenne a commencé à légiférer sur les OGM à partir de 1990. A ce jour, huit pays européens seulement ont des cultures OGM, souvent embryonnaires. Seuls deux organismes transgéniques sont actuellement cultivés dans l'UE: le maïs MON-810 de Monsanto et la pomme de terre Amflora de BASF.

A noter que la multinationale allemande, lassée par la méfiance tenace des Européens, a décidé d'interrompre le développement de nouveaux produits destinés exclusivement au marché européen, comme une pomme de terre amidonnée "Amedea", résistante au mildiou et une variété de blé résistante aux champignons. Le groupe préfère se centrer sur des régions plus "accueillantes" comme les Etats-Unis.

Les divergences entre Etats membres de l'UE ne simplifie pas la gestion du dossier des OGM. Deux ans après sa présentation au Conseil des ministres des Vingt-Sept, le plan de la Commission européenne visant à débloquer le dossier des organismes génétiquement modifiés est toujours dans les limbes. Sept pays - la France, l'Allemagne, l'Autriche, la Hongrie, le Luxembourg, la Bulgarie et la Grèce - ont d'ailleurs adopté des mesures de sauvegarde visant à interdire la culture du maïs de Monsanto.

La Belgique, pour sa part, est traversée par des divisions interrégionales. Sur le plan légal, la compétence des Régions concerne l'usage confiné des OGM, en laboratoire ou dans l'industrie. Elles partagent avec le fédéral la tutelle sur les essais en champs, notamment l'évaluation des risques pour l'environnement et la santé. Le fédéral, de son côté, gère les essais cliniques mettant en œuvre des OGM médicinaux et vétérinaires et les aspects commerciaux relatifs à la mise sur le marché des OGM (alimentation, ventes de graines et de semences, …).

Le hic, c'est que les Régions wallonne et bruxelloise ont signé la Charte de Florence regroupant les régions européennes "sans OGM". La Flandre, elle, n'est pas opposée aux organismes transgéniques. Avec Gand comme centre de recherche en biotechnologie, la région flamande lance même de nombreux essais d'OGM sur ses champs. Et la situation ne semble pas prête de se débloquer.

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